Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
ALB

de Sicile, naquit en 1590, à Ragalbutum, et fut reçu docteur à Messine, en 1610. En 1616 il s’établit à Palerme, et y eut les succès les plus heureux, surtout en 1624, quand la peste ravages cette contrée. En vain lui offrit-on une chaire à l’université de Bologne, et la place de premier médecin du royaume de Naples, il préféra rester dans sa patrie, à Palerme, ou il avait fortement concouru à la fondation d’un collège de médecine. Il mourut en 1662 ; ses principaux ouvrages sont : 1° Discours sur les préservatifs des maladies contagieuses, Palerme, 1625, in-4o, en italien ; 2° Consultatio pro ulceris syriaci nunc vagantis curatione, Panormi, 1632, in-4o ; 3° un traité de matière médicale de Succedaneis medicamentis(, Panormi, 1637, in-4o ; 4" des Conseils médico-politiques, relativement à la peste qui avait régné en Sicile, Palerme, 1652, in-4o, en italien. On a aussi de lui, manuscrits, un Traité sur la connaissance et le traitement des fièvres malignes, et des Commentaires sur les épidémies d’Hippocrate. C. et A-n.


ALBAN (Saint), premier martyr de la religion chrétienne dans la Grande-Bretagne, était né, dit-on. à Vérulam, comté de Hertford, dans le 3e siècle. Il est probable qu’il était d’une famille païenne de quelque distinction. S’étant converti à la religion chrétienne, il alla à Rome, suivant l’usage de la jeunesse bretonne d’alors, et servit sept ans dans les armées de l’empereur Dioclétien. Il fut décapité en l’an 303, par ordre du gouverneur de Rome, on ne sait pour quel motif. Le vénérable Bède et d’autres martyrologes rapportent les miracles qu’il opéra, même de son vivant. Ils disent que, lorsqu’il allait au supplice, il se trouva sur sa route un ruisseau qui s’ouvrit de lui-même pour le laisser passer, avec mille autres personnes ; et, comme il se sentit pressé d’une soif brûlante, une source jaillit de terre pour venir l’abreuver. Des miracles si évidents ne firent aucune impression sur ceux qui le conduisaient à la mort ; mais le bourreau, au moment où il lui tranchait la tête, sentit ses yeux s’échapper de leur orbite, et devint tout-à-fait aveugle. Milton, en rapportant ces miracles dans son Histoire d’Angleterre, en parle avec mépris, et dit que St. Alban souffrit après sa mort un martyre plus cruel que le premier, par les fables ridicules dont une crédule superstition a déshonoré sa mémoire. S-d.


ALBAN (Jean de Saint-). Voyez Saint-Gilles (Jean de).


ALBANE (François ALBANI, que nous nommons L’), peintre, né à Bologne le 17 mars 1578, fut destiné à succéder à son père, Augustin Albani, dans le commerce de la soie. Mais la mort de ce dernier, qui arriva en 1590, permit au jeune Albani de suivre son goût pour les arts, et d’entrer dans l’école de Denis Calvart, peintre, originaire de Flandre, et qui jouissait alors d’une grande réputation à Bologne. L’Albane ne tarda pas à devenir un des plus célèbres élèves de cette école. Il y travailla plusieurs années, ainsi que le Dominiquin, dont il se rapprocha constamment par une conformité de goûts et d’habitudes ; leur amitié alla jusqu’à leur faire adopter souvent le même style. Ils ont tous deux une sorte de ressemblance dans les teintes ; l’Albane offre cependant, dans les chairs, quelques teintes pourprées qu’on ne remarque pas chez le Dominiquin. L’Albane, par l’originalité de l’invention, était d’abord supérieur à son ami et à tous ses rivaux de l’école de Calvart. Selon Mengs, pour les études de femmes, il a surpassé tous les peintres : cette opinion peut être combattue. Le Corrége a peint aussi les femmes avec une grâce qu’il n’a pas été facile de retrouver chez ceux qui l’ont suivi. Mais Mengs, comme nous le dirons a l’article du Corrége, n’a jamais été très-juste envers ce fondateur de l’école lombarde. L’Albane possédait une charmante villa, délicieusement située, où il avait sans cesse sous les yeux ces vues champêtres qu’il reproduisit si souvent dans ses ouvrages. Passeri dit que l’habitude de travailler d’après nature dans un si beau lieu assura à l’Albane qu’il eut de toujours bien retracer la couleur véritable des arbres, la pureté de l’eau des fontaines, la sérénité de l’air, et de les lier à ses sujets avec une harmonie incomparable. C’est sur des sites qui présentent toute la vérité de la nature, que l’Albane place ses compositions ; quelquefois il les meuble de fabriques et de vues d’architecture, où il excelle également. On peut lui reprocher d’avoir reproduit les mêmes inventions dans un grand nombre de ses tableaux. Il les répétait trop souvent, et en faisait faire des copies à ses élèves. Il eut une école nombreuse à Rome et à Bologne ; sa rivalité avec le Guide fit publier aux élèves de ce dernier, qui ne connaissaient rien au-dessus du talent de leur maître, que l’Albane avait un style mou et énervé ; qu’il ne donnait aucune noblesse aux figures d’hommes, et qu’il a peint rarement des scènes de bacchanales, qu’on recherchait beaucoup dans ce temps. Il est vrai qu’il évitait tout ce qui demandait du feu, de l’enthousiasme et une sorte d’ivresse, et qu’il a laissé cette gloire à Annibal Carrache. On a observé que l’Albane, dans sa première manière, a pris aussi quelque chose du style d’Annibal ; mais il a su l’approprier à son génie, qui n’était pas aussi mâle que celui de l’auteur immortel de la galerie Farnèse. Les compositions que l’on revoit le plus souvent chez François Albani, sont : Vénus endormie, Diane au bain, Danaé couchée, Galathée sur la mer, Europe sur le taureau. Quelquefois il cache une leçon ingénieuse sous le voile de l’allégorie, comme dans ses Quatre Eléments, qu’on a pu voir au musée Napoléon, et qu’il a répétés avec des changements pour la galerie royale de Turin, et pour le duc de Mantoue. Il y a introduit une foule d’amours ou de petits génies. Les uns aiguisent des traits pour Vulcain ; d’autres fuient épouvantes à l’approche des vents déchainés par Èole ; ceux-ci, dans les airs, tendent des pièges aux oiseaux ; ceux-là nagent ou pèchent ; d’autres enfin cueillent des fleurs, tressent des guirlandes et des couronnes. Il s’est peu livré à la peinture des sujets sacrés. Dans ce qui est connu de lui en ce genre, il est resté ce qu’il était dans ses sujets profanes ; au lieu d’amours, il y a introduit une foule d’anges gracieux qui accompa-