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Tacite, la plus complète qu’il y ait en espagnol, passe pour fidèle et bien écrite. Quant aux Aphorismes maximes politiques d’Alamos, on peut les mettre à côté de ceux de Louis d’Orléans ou d’Anniba1 Scoto. Cependant ils ont été réimprimés séparément, Madrid, 1614, in-fol., et Anvers, 1651, in-8o, et trad. en italien par Jérôme d’Anghieri, dont la version se trouve à la suite de celle de Tacite, par Adr. Politi, Venise, 1665, in-4o. Alamos laissa plusieurs ouvrages inédits, entre autres : 1° Advertimientos al governo, qu’il offrit au duc de Lerme, au commencement du règne de Philippe III ; 2° el Conquistador, hoc est Præcepta de expeditionibus in novae orbis plagas, rite justeque coficiendis ; 3° Puntos politicos, ode estado. Voyez, pour plus de détails, Pellicer, Ensayo de una bibliotheca de traductores espanoles, c’est-à-dire Essai d’une bibliothèque des traducteurs espagnols, Madrid, 1778, 2° partie, 23-28. W-s.


ALAMUNDAR, roi sarrasin du 6e siècle, vécut par conséquent à cette époque d’émigrations et d’immigrations ou une partie du monde vint en quelque sorte renouveler l’autre. Comme tous les chefs barbares, Alamundar fit des courses nombreuses ; la Palestine fut surtout le théâtre de celles qu’il entreprit. Mais, ainsi qu’il arriva à tous ceux qui le précédèrent ou le suivirent, il subit l’influence des choses qu’il venait renverser. En effet, après avoir tourmenté, persécuté les solitaires du désert, il lui arriva de céder à leur empire ; il voulut se convertir, et demanda le baptême. C’était vers l’an 509. À cet âge de la religion, des hérésies nombreuses, violentes, divisaient le christianisme. L’eutychéisme, qui confondait les deux natures du Christ, luttait contre le nestorianisme qui les séparait ; et pour le dire en passant, ce fut St. Vincent de Lérins qui proposa cette conciliation célèbre à laquelle se rangea l’Église : In Christo duo substatiæ, una persona. Alamundar, que les partisans d’Eutychés cherchaient à s’attacher, ne prit pas de si haut la question : il leur opposa un argument de barbare, mais assez curieux, et pas trop dépourvu de sens. Il leur annonça un jour que des lettres venues du ciel lui avaient appris la mort de l’archange Michel : « Un ange ne peut mourir, « répondirent ceux à qui il s’adressait. — Si un « ange ne peut mourir, répliqua le Sarrasin, pourquoi « croyez-vous qu’un Dieu le puisse, vous qui confonder « les deux natures du Christ ? » L’histoire n’a pas recueilli la suite de cette controverse, mais les desseins des hérétiques sur Alamundar durent nécessairement échouer contre une objection si embarrassante. V. R-d.


ALAN DE LYNN, théologien anglais du 15e siècle, né à Lynn, dans le comté de Norfolk, se distingua par son talent pour la prédication. Il s’était fait une habitude qui pourrait être suivie avec succès par tous ceux qui se livrent à l’étude : il laissait, pour lui-même, des tables raisonnées de presque tous les livres qu’il lisait. On a de lui les ouvrages suivants : 1° de Vario Scripturæ Sensu ; 2° Moralia Bibliorum ; 3° Sermones notabiles ; 4° Elucidarium Scripturæ ; 5° Prœlectiones theologicæ ; 6° Elucidationes Arstotelis. On ne connait point la date de sa mort. Il y a eu un autre Alan, abbé de Tewkesbury, qui florissait vers la fin du 12e siècle, et qui mourut en 1201. Il a écrit un livre intitulé : de Vita et Exilio Thomas Cantuariensus. S-d.


ALAN, ALLEN, ALLYN (Guillaume), cardinal anglais, archevêque de Malines, né en 1532, à Rossal, dans le comté de Lancastre, fut élevé à Oxford, et reçut sa principale instruction d’un professeur, très ardent catholique, qui inspira à son élève le même zèle pour sa doctrine. L’avènement d’Elisabeth et le système d’intolérance que l’on connaissait à cette princesse ne permettaient pas à Alan d’espérer aucun avancement dans la carrière ecclésiastique, et pouvait même lui faire craindre quelques persécutions ; il prit le parti d’abandonner sa patrie, et d’aller s’établir à Louvain, où il composa, en réponse à un écrit du savant évêque Jervel, un ouvrage intitulé : Défense de la Doctrine catholique au sujet du purgatoire et des prières pour les morts, imprimé à Anvers, en 1565. Ce livre fut le signal d’une controverse longue et animée. Le dérangement de sa santé le détermina à retourner en Angleterre. La ferveur de son zèle ne lui permit pas d’y rester tranquille ; il publia de petits écrits qui le rendirent odieux au gouvernement : ce qui l’obligea de se cacher ; mais, du fond de sa retraite, il publia encore un écrit apologétique, intitulé : Courtes raisons pour la Foi catholique. Le gouvernement paraissant déterminé à ne plus tolérer ce qu’on appelait le papisme, Alan s’enfuit de nouveau, et se retira en Flandre, en 1568. La réputation de son zèle et de ses efforts en faveur du catholicisme le fit accueillir partout avec beaucoup de distinction : à Malines, il professa la théologie avec un grand succès ; il fut reçu docteur en théologie à Douai, obtint un canonicat à Cambray, et, bientôt après, un autre canonicat à Reims. Toujours ardent à favoriser les intérêts de la religion catholique en Angleterre, Alan avait établi à Douai un séminaire pour l’éducation de la jeunesse anglaise ; il transporta ensuite cet établissement à Reims. Il continua d’écrire des ouvrages en faveur de la communion romaine et contre l’Église anglicane. Ces écrits se répondaient en Angleterre, et y échauffaient les esprits, au point que la reine se crut obligée de rendre une ordonnance pour défendre non seulement de les vendre, mais même de les lire ; il fut regardé comme ennemi déclaré de son pays ; toute correspondance avec lui fut traitée comme un crime de haute trahison. Un jésuite, nommé Thomas Alfied, fut jugé et condamné à mort pour avoir apporté en Angleterre quelques ouvrages d’Alan. Le principe général qui dominait dans tous ses écrits faisait regarder toutes les obligations morales, civiles et domestiques, comme entièrement subordonnées aux obligations qu’imposait le service du Christ et de l’Église romaine. Ainsi, si un homme se séparait de cette Église pour adopter l’hérésie, sa femme pouvait l’abandonner, ses enfants ne lui devaient plus d’obéissance, son esclave pouvait refuser de le servir, et même devenait libre, ipso facto ; par une suite nécessaire de cette doctrine, le souverain, entaché d’hérésie perdait toute autorité sur ses peuples.