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d’Opéra Toscane, contenant des élégies, des églogues, des sonnets, différentes fables imitées d’Ovide, douze satires, des silves, ou poésies mélées, sur différents sujets, dans le genre de celle de Stace ; une tragédie d’Antigone, des hymnes qu’il divisa en trois parties, ballade, contraballata et stansa, à l’imitation des strophes, antistrophes et épodes des poëtes grecs, etc. : ces œuvres furent imprimées d’abord à Lyon, chez Gryphius, en 1532 et 1533, in-8o, et on les réimprima sur-le-champ à Florence ; 2° la Coltivazione, en six livres et en vers libres (sciolti), excellent poëme didactique, et le fondement le plus solide de la renommée de l’auteur, Paris, Robert Étienne, 1546, petit in-4o, réimprimé plusieurs fois avec des notes et avec les Abeilles de Rucellaï[1] ; 3° Girone il Cortese, Giron le Courtois, poëme heroïque en vingt-quatre chants, Paris, 1548, in-4o ; 4° la Avarchide ou le Siège de Bourges (ville que César appelle Avaricun), poëme épique, aussi en vingt-quatre chants, imprimé pour la première fois à Florence, chez les Junte, 1570, in-4o ; 5° Flora, comédie en cinq actes et en vers que les Italiens appellent adruccioli, Florence, 1556 et 1601, in-8o ; 6° cent vingt-deux épigrammes que l’on trouvé dans plusieurs éditions, à la fin de la Coltivazione, et quelques autres pièces éparses dans plusieurs recueils. Les principales qualités de ces compositions trop nombreuses sont la facilité, la clarté et la pureté du style ; mais elles manquent trop souvent d’élévation et de force. On peut être indifférent sur le plus grand nombre ; mais on ne devrait pas l’être en France sur la Coltivazione, ou le poëme de l’Agriculture, écrit et publié en France, rempli d’imitations élégantes des Géorgiques de Virgile, de traductions en beaux vers des meilleurs préceptes donnés en prose par Columelle, Varron, Pline et d’autres auteurs ; d’indications curieuses ; de procédés d’agriculture particuliers à l’Italie, de descriptions aussi vraies que poétiques des beautés champêtres de l’Italie et de la France ; d’éloges du roi qui protégeait le poëte, et du pays où il avait trouvé un asile, éloges mérites qui devraient intéresser tous les Français. Pour apprendre l’italien, on se borne le plus souvent à des ouvrages fort agréables, mais vides d’instructions. La Cultivazione d’Alamanni, et le charmant poëme de Rucellaï sur les abeilles, devraient leur être préférés. Alamanni, marié deux fois, laissa de sa première femme dans fils, qui jouirent en France d’une fortune due aux talents et à la réputation de leur père : Baptiste fut aumônier de la reine Catherine de Médicis, ensuite conseiller du roi, abbé de Belleville, évêque de Bazas, puis de Mâcon, et mourut en 1581 ; Nicolas fut chevalier de l’ordre de St-Michel, capitaine des gardes du roi, et maître du palais Deux autres Louis Alamanni, aussi Florentins, se sont distingués dans les lettres. L’un était colonel au service de France, et fut, en 1591, consul de l’académie Florentine : Salvino Salvini parle de lui dans ses Fastes consulaires, p. 524. L’autre était du même temps et de la même académie ; c’était un littérateur instruit : il a laissé trois églogues latines insérées dans les Carmina illustrium Postarum italorum, et un eoraiaon funèbre qui se trouve dans le recueil des Prose florentine, vol. 4. Il était petit-fils de Ludovic Alamanni, l’un des cinq frères du célèbre poëte. G-é.


ALAMANNI (Nicolas), Grec d’origine, naquit en 1585, et fut élevé à Rome, ou il enseigna lar rhétorique et la langue grecque. Son mérite le fil nommer secrétaire du cardinal Borghèse, et ensuite bibliothécaire du Vatican ; il mourut à Rome en 1626. On a de lui : 1° une traduction latine de l’Histoire secrète de Procope, accompagnée de notes, Lyon, 1623, in-fol., réimprimée dans la belle édition de Procope, grec et latin, Paris, de l’imprimerie royale, 1663, in-fol., t. 2, part. 2, mais sans les notes ; 2° de Lateranensibus Parietinis, ab illustr. et Rev. D. Franc. Barberino restitutis, Dissertatio historica, figuris ansis illustrat etc., Rome, 1625, in-4o, réimprimée dans le Thesaur. Antiquitat. Italæ, t. 8, part. 4 ; et quelquues autres ouvrages moins importants. G-é.


ALAMANNI. Voyez Alemanni.


ALAMOS DE BARRIENTOS[2] (Don Balthazar), traducteur de Tacite en espagnol, était né vers 1550, à Medina del Campo, dans la Vieille-Castille. Ayant eu l’occasion de se faire connaître de Gonçalo Perez, secrétaire d’État, il se lia bientôt avec son fils, Antonio Perez (voy. ce nom), dont l’âge se rapprochait du sien. Alamos, enveloppé dans la disgrâce de Perez, fut mis en prison, et y resta pendant onze ans, quoiqu’on ne pût lui reprocher que son attachement à son malheureux ami. Ce fut pour charmer les ennuis de sa captivité qu’il entreprit la traduction de Tacite. En 1594, il avait terminé celle des Histoires et des Annales. Ant. Covarruvias fut désigné pour l’examiner ; mais le manuscrit, quoique revêtu de l’approbation du censeur, resta dans les bureaux de la chancellerie. Philippe II mourant (1598) ordonna qu’Alamos serait mis en liberté ; mais il défendit en même temps à son successeur ; de lui confier aucun emploi. Cependant le duc de Lerme ne crut pas contrevenir aux dernières volontés de Philippe en lui fournissant les moyens de vivre avec décence. Alamos ayant alors recouvre le manuscrit de sa traduction de Tacite, revit son premier travail, et le compléta par la traduction des Mœurs des Germains et de la Vie d’Agricola. Le succès de cet ouvrage fit la réputation et la fortune de l’auteur. À l’avènement de Philippe IV (1621), il fut nommé fiscal de la maison du roi et de la guerre ; et quelques années après, membre du conseil des Indes et de celui des domaines de la couronne. Alamos mourut vers 1640, âge d’environ 90 ans. Il avait, dit un critique espagnol (Pellicer), plus de jugement que d’esprit, et savait mieux écrire que parler. De ses ouvrages, le seul que l’on connaisse encore est le Tacito espanol illustrado con Aforismos, Madrid, 1615, in-fol. Cette version de

  1. La Coltivazione se trouve dans la Bibliotheca poetica italia, publiés par (mot illisible)Buttura. Paris 1552, in-32.
  2. Lenglet-Dufresnoy, dans sa méthode d’étudier l’histoire, à mal à propos fait deux auteurs de Balthasar Alemos et de Balthazar Barrientos.