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être rendues à la culture. Ce grand ouvrage, exécuté en moins de quinze mois, coûta près de 40 millions, monnaie de France, tirés des trésors de l’empereur : mais aussi la Chine eut de plus un nouveau canal navigable, qui ouvrit des communications utiles dans une étendue de plus de vingt lieues. En 1782, ce même fleuve recommença ses ravages, et plus de 50,000 familles furent réduites à la misère. Elles erraient tumultueusement dans les lieux ou elles espéraient trouver des subsistances ; la cour de Pékin, alarmée, chargea encore Akoui de contenir cette multitude. Il promit à ces infortunés de les nourrir, en leur faisant ouvrir les greniers de la province ; mais il exigea d’eux qu’ils travaillassent à réparer les ravages de l’inondation, et bientôt, aidé de cette multitude de bras, il parvint à dessécher les terres submergées. Akoui conserva toujours la faveur de son maître, et l’estime des deux nations chinoise et tatare. Il a du peu survivre à l’empereur Kienlong ; mais on ignore l’année précise de sa mort. G-r.


ALABASTER (Guillaume), théologien anglais, né à la fin du 16e siècle, à Hadleigh, dans le comté de Suffolk. Après avoir fait de bonnes études à l’université de Cambridge, il accompagna le fameux comte d’Essex dans son expédition à Cadix. Alabaster montra de bonne heure une imagination ardente, un caractère inquiet et inconstant. Dans son séjour en Espagne, il se convertit à la religion catholique romaine ; mais il ne fut pas plutôt de retour en Angleterre, qu’il rentra dans le sein de l’Église anglicane. Il obtint un bénéfice dans le comté d’Hertford et une prébende dans la cathédrale de St-Paul de Londres. Un goût particulier le porta à l’étude de la langue hébraïque, et cette étude lui ayant inspiré une admiration fanatique pour les mystères de la cabale rabbinique, il se mit à interpréter l’Écriture d’après les rêveries de cette cabale. C’est dans le même esprit qu’il a composé, en latin, presque tous les ouvrages qui restent de lui et dont les titres suffisent pour indiquer cette intention. Il mourut en 1640. Ses ouvrages sont : 1o Lexicon pentaglollon, in-fol., imprimé en 1637. 2o Roxane, tragédie latine, représentée à Cambridge. Une dame, assistant à cette représentation, fut si vivement émue d’un passage qui terminait la pièce, qu’elle perdit connaissance, et ne recouvra jamais l’usage de sa raison. 3o Apparatus in revelationem Jesu Christi, Anvers, 1601. 4o Spiraculum tubarum, seu Fons spiritualium expositionum ex equivocis Pentaglotti significationibus. 5o Ecce sponsus venit, seu Tuba pulchritudinis, hoc est demonstratio quod non sit illicitum nec impossible compulare durationem mundi et tempru secundi adventus Christi. S-d.


ALACOQUE (Marguerite), connue sous le nom de Marie Alacoque, naquit le 22 juillet 1647, à Lauthecour, diocèse d’Autun. « Elle n’avait que trois « ans, dit son historien, et déjà elle marquait une « aversion surprenante du péché. Dès l’âge de quatre « ans, elle se plaisait à s’entretenir intérieurement « avec Dieu, et cherchait la solitude pour s’occuper « de Dieu. » À l’âge de huit ans, elle perdit son père, et fut mise dans un couvent à Charolles. Elle fut attaquée de rhumatisme et de paralysie pendant quatre ans ; elle attribue sa guérison à la Ste. Vierge, et ce fut alors que, par reconnaissance, elle prit le nom de Marie. À l’âge de treize ans, elle passait la nuit dans la contemplation. — Sa famille, lui voyant de telles dispositions, l’engagea à entrer dans le couvent des ursulines, à Mâcon, ou elle avait une cousine germaine, à laquelle elle dit : « Si j’allais dans votre « maison, ce serait pour l’amour de vous ; je veux « aller dans une maison où je n’aie ni parents, ni « connaissance, afin d’être religieuse, sans autre « motif que l’amour de Dieu. » Ne connaissant ni la ville de Paray-le-Monial, ni le monastère de la Visitation qui y était, elle pensa à s’y retirer, et s’y rendit avec son frère. En entrant au parloir, une voix intérieure lui dit : C’est là où (que) je te veux. Elle y fut reçue le 25 mai 1671, prit l’habit de novice le 24 août de la même année, fit profession le 6 novembre 1672. On lui confia alors la direction des pensionnaires. Dieu lui apparut et lui fit de merveilleuses communications. Elle eut des visions, des extases, des révélations ; elle fit même des miracles. Une religieuse était tombée en léthargie ; Marguerite obtint de Dieu qu’elle vécut assez pour recevoir les sacrements, et, en effet, aussitôt qu’elle les eut reçus, la religieuse mourut. Les austérités et les mortifications étaient des plaisirs pour la sœur Marguerite ; elle grava même sur son sein, avec un canif, le nom de Jésus, en gros caractères ; elle prédit la mort du P. de la Colombière, jésuite missionnaire qui avait été son directeur, puis son disciple. Elle avait composé un petit ouvrage mystique, intitulé : La Dévotion au cœur de Jésus ; et c’est à cet ouvrage, dont l’édition la plus ample est celle qui a été donnée par le P. Croiset, en 1698, que l’on doit la fète du Cœur de Jésus. Marguerite Alacoque, avertie de sa mort par une révélation, s’y prépara dans la retraite, et, contre l’opinion des médecins, mourut le 17 octobre 1690. Languet (Jean-Joseph) a publié sa vie, sous ce titre : La Vie de la vénérable mère Marguerite Marie, Paris, 1729, in-4o ; on y trouve plusieurs lettres et opuscules de Marie Alacoque, qui doit aujourd’hui sa plus grande célébrité à ces vers de Gresset :

Ver-Vert était un perroquet devot…

Il disait bien son bénédicité
Et notre mère, et votre charité ;
il savait même un peu de soliloque,

Et des traits fins de Marie Alacoque.

A. B-t.


ALA-EDDYN HOUÇAIN (ou Haçan) Djihansouz, que l’on doit regarder comme le fondateur de la dynastie des Ghaurides dans la Perse orientale et dans le nord de l’Inde, n’est pas le premier prince de cette famille dont l’histoire ait fait mention. Ses ancêtres prétendaient descendre du fameux Zohak, qui avait usurpé le trône de Pcrse dans les premiers siècles après le déluge. Zohak ayant été mis à mort par Féridoun, roi de Perse, sa postérité se retira dans les montagnes à l’orient de la Perse, où elle conserva longtemps son indépendance et sa religion ;