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veur, et ne fit qu’augmenter son crédit. Pour tirer parti de ses liaisons avec le chef de l’Empire, les états l’envoyèrent ensuite à la diète de la basse Saxe. On le chargea aussi d’une mission secrète auprès du chancelier de Suède, qui se trouvait alors à Madgebourg ; mais le prince d’Orage, qui ne lui pardonnait pas d’avoir donné de la publicité à ses prétentions se réunit à la France, à l’Angleterre et à la Suède, pour l’accuser de s’être montré, dans ses négociations, partisan outré de l’Espagne et de l’Autriche ; on prétendit même que le don de l’île d’Ameland n’était que le prix de ses complaisances, et les états instruisirent de nouveau son procès. Cette fois, Aitzeman n’attendît pas la décision des juges ; et il s’enfuit à Prague ; mais il fut poursuivi par la haine de plusieurs souverains et de ses compatriotes ; Il se vit obligé d’aller chercher un dernier asile à Vienne, où il mourut peu de temps après son arrivée. Aitzema avait publie, en 1607, à Helmstœdt, des poëmes latins, plus curieux que réguliers, et des Dissertations sur le droit civil, que Méerman a fait réimprimer dans le 6e volume de son Thesaurus novus furis civ. et eccles. D-g.


AITZEMA (Léon de), neveu du précédent, fils de Ménard Aitzema, bourgmestre et secrétaire de l’amirauté, naquit à Dockum, en 1600. Il avait à peine seize ans lorsqu’il publia ses Poemaia Juvenilia. Nommé, par la protection de son oncle, conseiller et résident des villes hanséatiques à la Haye, il fitl deux fois le voyage d’Angleterre, et acquit bientôt une grande célébrité par son Histoire des affaires d’État et de guerre, depuis 1621 jusqu’en 1668. La première édition de cet ouvrage important, dont le titre hollandais est : Zaken van Steat en Oorlog, forme 14 volumes et 16 volumes in-4o, avec le traite de paix de Munster. Pars, dans son Catalogue des écrivains bataves, assure que cette édition, imprimée en 1657-1671, est plus recherchée des connaisseurs que l’édition in-fol. publiée en 1669-1672, parce que l’auteur, pour se conformer aux circonstances, a supprimé dans cette seconde édition beaucoup de remarques essentielles. Cependant, un examen sévère a prouvé que ces altérations ne sont pas importantes : on préfère même l’édition en 1 volumes in-fol., parce qu’elle est plus correcte et plus méthodique. Ce qui donne une si haute importance à l’ouvrage d’Aitzema, c’est cette foule d’actes originaux, tels qu’instructions, mémoires des ambassadeurs, lettres, réponses des souverains, etc., dont il a fait usage, et qu’il a su tirer des archives et des dépôts les plus secrets. Il avait une adresse et une activité particulières pour se mettre en possession des pièces dont il avait besoin. Ses liaisons avec les hommes en place lui en facilitaient les moyens ; mais souvent il usait, pour arriver à son but, de voies détournées et peu dignes d’un homme délicat. Les Hollandais lui reprochent aussi d’avoir entretenu des correspondances secrètes avec les cours étrangères ; et particulièrement avec l’Angleterre. Les papiers de Tharloe, rapportés par Wegenaar, ne laissent plus de doute à cet égard. Ses compatriotes l’accusent en outre de montrer dans ses ouvrages du mépris pour la religion, Wiquefort, dans son Ambassadeur, critique amèrement l’histoire d’Aitzema : Elle peut « servir, dit-il, comme d’invetaire à ceux qui n’ont « point d’accès aux archives d’État ; mais ce que « l’auteur a ajouté du sien ne vaut pas la gazette. « Il n’a point de style, son langage est tout à fait « barbare, et tout l’ouvrage n’est qu’un chaos. » Bayle trouve ce jugement dur et choquant. Quels que soient au reste les défauts de l’ouvrage d’Altzema, on ne peut lui contester un mérite réel, c’est de jeter beaucoup de jour sur les affaires de son temps, et d’offrir une source sure et abondante pour les diplomates et les historiens. Il a été continué jusqu’à l’an 1697 par Lambert Sylvius, ou van den Bosch, 4 volumes in·fol. Aitzema est mort en 1669, âgé de 69 ans, à la Haye, son séjour ordinaire[1] D-g.


AKAKIA (Martin), professeur de médecine à l’université de Paris, reçu docteur en 1526, était de Châlons en Champagne, et, selon l’usage de son temps, changea son nom de Sans-Malice en celui d’Akakia, qui veut dire la même chose en grec. Commentateur de Galien, il a traduit le de Ratione curandi, et l’Ars medica quæ est ars parva ; il a réuni ce que ce prince de la médecine avait dit dans ses cinq premiers livres, sur les propriétés des plantes médicinales. On a aussi d’Akakia des Consilia medico, et des livres sur les maladies des femmes. Akakia a joui d’une grande considération ; il fut médecin de François Ier, et un des principaux députés de l’université au concile de Trente, en 1545 ; il mourut en 1551. C. et A-n.


AKAKIA (Martin), fils du précédent, fut reçu docteur de la faculté de Paris en 1570, et bientôt nommé professeur de chirurgie au collège royal, et second médecin de Henri III ; en 1578, il prononça en latin, devant la faculté, un panégyrique de ce roi, qui fut son bienfaiteur. Akakia mourut à l’âge de 49 ans, en 1588. Plusieurs biographes lui attribuent l’ouvrage sur les maladies des femmes, que nous avons dit appartenir à son père. Cette famille se distingua longtemps dans la médecine ; les rois Charles IX, Henri III, Louis XIII, les attachèrent successivement à leur personne. — Le dernier, petit-fils de celui dont nous parlons en ce moment, mourut de chagrin, en 1677, pour avoir été rayé de la faculté, ou seulement interdit pendant six mois, comme ayant consulté avec des médecins étrangers, contre la teneur de son serment. C. et A-n.


AKBAR ou AKBER (Mouziffer-DJELLAL-DYN-MOHAMMOUD-AKBAR-PADSCHAW-GHAZI, c’est-à-dire le Roi égal à Djumchyd, le Père victorieux propagateur de la religion. Mahomet Akbar, monarque invincible, empereur mogol, le génie le plus complet de cette race tar-

  1. Dans la Bibliothèque curieuse de D. Clément, t. 1, p. 104, on indique ce que doivent contenir les éditions de l’Historie of Verhel Van Sacken, Van Sæt en Oorlogh ; celle en 14 vol. in-4o 1657-1671, avec deux autres ouvrages qui complètent celui-ci, Verhet, (passage illisible, titre en hollandais Jaltaderlaadocss rruds llaalsüayetlenlalù Luù) ; ainsi que l’édition en 7 vol. in-fol., 1669-1772, pour qu’elles soient complètes. R-f-g.