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AIM

était né en 1109, et fut élevé en Écosse avec Henri, fils de David, roi de ce pay. Il passa sa ie dans la retraite, et la consacra à l’étude des lettres ; il reste de lui les ouvrages suivants, écrits en latin : 1° Histoire de la guerre de l’Étendard, sous le règne du roi Étienne ; 2° Généalogie des rois d’Angleterre ; 3° Histoire de la vie et des miracles d’Édouard le Confesseur ; 4° Histoire de la religieuse de Watthum (ces quatre ouvrages se trouvent dans les Deceum scriptores, publiée par Twysden, à Londres, en 1652) ; 5° des Sermons ; 6° le Miroir de charité ; 7° Traité sur l’enfant Jésus ; 8° Traité de l’Amitié spirituelle. Ces trois derniers ouvrages, publiés en 1651, se trouvent aussi dans la Bibliotheca Cisterciensis, 5° vol., et dans la Bibliotheca Patrum, vol. 25. X-s.


AIMAR RIVAULT. Voyez Rival.


AIMAR-VERNAI (Jacques), paysan de St-Véran, près St-Marcellin, en Dauphiné, s’est rendu fameux par l’usage de la baguette divinatoire. Jusqu’au 17e siècle, on ne l’avait employée que pour la recherche des métaux ; aussi les écrits des alchimistes sont-ils les premiers qui en aient fait mention. Mais, vers la fin du 17e siècle, la puissance que manifesta la baguette devint de plus en plus merveilleuse, surtout en Dauphiné, et dans les mains de Jacques Aimar. À l’aide de sa baguette de coudrier, il prétendait découvrir les eaux souterraines, les métaux enterrés, les maléfices, les voleurs et les assassins. Le bruit de ses talents merveilleux s’étant répandu dans toute la France, il fut appelé à Lyon en 1692 pour découvrir des assassins qui avaient échappé à toutes les recherches de la justice. Arrivé dans cette ville, il est conduit sur le lieu même où avait été commis le crime : à l’instant sa baguette tourne rapidement ; il suit les coupables à la piste. s’embarque sur le Rhône, arrive à Beaucaire, reconnaît et fait arrêter un des meurtriers, qui, après avoir confessé son crime, l’expie sur l’échafaud. L’exactitude des renseignements fournis par Aimar excita l’admiration générale ; on en publia plusieurs relations, et la plus complète fut celle d’un M. de Vaguy, procureur du roi à Grenoble, intitulée : Histoire merveilleuse d’un maçon qui, conduit par la baguette divinatoire, a suivi un meurtrier pendant quarante-cinq heures sur la terre, et plus de trente heures sur l’eau. De nouvelles épreuves furent pour Jacques Aimar de nouveaux triomphes, et on ne parla plus dans toute la France que de sa baguette merveilleuse ; mais quel était le principe où l’origine des prodiges qu’il opérait ? Quelques philosophes n’y voyaient qu’un effet naturel, une suite nécessaire des lois du mouvement et de l’existence des émanations qui, selon eux, s’échappent des fontaines, des métaux et même du corps humain ; mais d’autres, ne voyant dans la physique rien qui pût expliquer la propriété de la baguette, prirent parti d’attribuer ses prodiges à l’influence de Satan et de l’enfer. Telle fut l’opinion que manifestèrent le P. Lebrun de l’oratoire et le célèbre Malebranche. Ils appuyaient leurs arguments de citations tirées de Porphyre et de St. Augustin. Tous ces débats occupaient le public ; Jacques Aimar devenait chaque jour plus célèbre. Frappé des récits qui lui, venaient de toutes parts, Henri-Jules de Bourbon-Condé, fils du grand condé, voulut voir l’auteur de tant de prodiges. il fit venir Aimar à Paris, où la vertu de sa baguette fut mise aussitôt à l’épreuve ; mais elle prit des pierres pour de l’argent ; elle indiqua de l’argent dans un lieu ou il n’y en avait pas ; en un mot, elle opéra avec si peu de succès, qu’elle perdit bientôt tout son crédit. Les épreuves furent répétées, et, à la grande confusion d’Aimar, la baguette resta immobile. L’on se convainquit enfin qu’il n’était qu’un imposteur adroit. Il avoua lui-même au prince que la baguette et lui-même étaient sans pouvoir, et qu’il avait seulement cherché par cette ruse à gagner quelque argent. On le chassa, et il ne fut plus question de lui. Environ un siècle plus tard, Bletton, hydroscope non moins fameux que le paysan du Dauphiné, a renouvelé à Paris les prodiges de la baguette divinatoire, appliquée à la recherche des sources et des métaux. En Italie et en France, comme en Allemagne, des savants même. surtout des médecins, se sont faits les apologistes de Jacques Aimar, de Bletton, de Pennet, et des autres charlatans de cette espèce qui ont pris le titre d’hydroscopes. Un membre de l’Académie de Munich, le docteur Titter, a soutenu les merveilles de la baguette, en s’autorisant des phénomènes du galvanisme. La rabdomancie a pris les dehors d’une véritable science, elle a été qualifiée, par ses partisans, du nom d’électricité souterraine, quoique la plupart d’entre eux ignorassent jusqu’aux lois de l’électricité. On a plusieurs lois mis leur charlatanisme à découvert ; mais, comme tous ceux qui fondent leur crédit sur les erreurs populaires, ils ne se sont pas découragés. Aux hydroscopes Bletton et Pennet, a succédé le nommé Camppetti, né sur les limites de l’Italie et du Tyrol. Au lieu de la baguette hydroscopique, il ne se sert que d’un petit pendule que l’on tient à la main, et qui est formé par un morceau de pyrite, ou de quelque autre substance métallique suspendue à un fil, et auquel on attribue des choses merveilleuses, qu’on rapporte toutes à un système de polarité positive et négative, selon le sens dans lequel le pendule tourne. Sous ces nouvelles termes, l’hydroscopie n’a pas fait autant de bruit que lorsqu’elle était livrée au peuple. D’ailleurs le progrès des lumières rend aujourd’hui le succès de toutes les charlataneries beaucoup plus difficile. Quant à l’opinion que l’on doit avoir sur le fond de la question, elle est nécessairement subordonnée à l’expérience. Il est possible qu’il s’échappe des corps fluides ou métalliques des émanations qui agissent sur le système nerveux de quelques individus, de manière à les avertir de la présence de ces substances. Mais il n’existe, jusqu’à présent, aucun fait qui prouve cette propriété ; et quelques efforts qu’aient faits les vrais physiciens, ils n’ont jamais pu amener les apôtres de la rabdomancie à une seule épreuve rigoureuse dont ils se soient tirés avec honneur. B-t.

AIMERI DE BELENVEI. Voyez Belenvei.

AIMERI DE BELMONT. Voyez Belmont.