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Orientaux. Les fragments que Dobi nous en a conservés dans sa Bibliothèque arabe-espagnole prouvent qu’il excellait surtout dans le genre élevé. Il a aussi laissé un ouvrage historique intitulé : Annales d’Espagne et Entreprises des Ommiades, divisé en 4 volumes. Le trop grand usage qu’il fit du vin le conduisit au tombeau, à la suite de violentes attaques de goutte, l’an 300 de l’hégire (970 de J.-C.). Ahmed jouissait d’une grande faveur auprès de Mostanser-Billah, qui régnait alors en Espagne. (Voy. Casiri, Biblioth. arab.-hisp., t. 2, p. 135. ) J-n.


AHMED-BEN-THOULOUN (Aboul-Abbas), chef d’une dynastie qui a régné en Égypte. Le père d’Ahmed était un esclave turc, donné au calife Mamoun par Nouh le Samanide. Il fut distingué par ce prince, et en obtint des emplois qu’il conserva sous ses successeurs. Ahmed, né à Samirra, ville de l’Irac, le 25 de ramadhan, 230 de l’hégire (20 septembre 835 de J.-C.), hérita de la faveur de son père, et parvint aux plus éminentes dignités. Nommé gouverneur d’Égypte, il profita de la faiblesse et des querelles des califes, pour obtenir la souveraine puissance. Sa première expédition remarquable fut contre les habitants de Barcah, qui s’étaient révoltés ; il assiégea cette ville et s’en rendit maître. Il étendit ensuite si puissance au delà de l’Égypte, profita de la mort du prince de Damas pour s’emparer de cette ville, prit successivement Emesse, Hannah, Alep et Antioche, et porta ses armes jusqu’à Tarse ; mais l’affaiblissement de ses troupes et la disette des vivres le forcèrent à borner là ses rapides conquêtes. En 268 (882), Loulou, un de ses affranchis, secoua le joug de l’obéissance, à l’instigation du calife Motewekkel, dont Ahmed avait rayé le nom dans la prière, pour y mettre celui de Motamed, frère de ce souverain. Ce rebelle s’empara d’Alep, d’Emesse, de Canaseryn et de Dyar-Modhar. Ahmed, occupé de la conquête de la Syrie, ne put, à ce qu’il parait, réprimer cette insurrection ; et, peu de temps après, il mourut à Antioche, au mois de dzoulcaadah 270 (mai 884 de J.-C.), à la suite d’un maladie causée parla trop grande quantité de lait de buffle qu’il avait bu. Ce prince nous est représente par les historiens comme généreux, brave, s’adonnant aux affaires d’État avec zèle, rendant justice à ses sujets, et protégeant les savants. Il avait dans son palais une table ouverte pour les grands et pour le peuple, et donnait chaque mois 1,000 dynars aux pauvres. Il fit construire le château d’Isfa et une mosquée célèbre entre Mior et le Caire. La dynastie qu’il fonda fut désignée sous le nom des Thoulounides ; elle n’a fourni que quatre princes, et fut éteinte en 905, par le calife Moktafy, qui vainquit et fit mourir Haroun, arrière-petit-fils-d’Ahmed. J-n.


AHMED-SCHAH-L’ABDALY, fondateur du royaume de Candahar, fut, à proprement parler, un partisan heureux. Issu, suivant M. Crawfurd, de l’illustre famille des Seîdon, de la tribu Afghane des Abdalys, il fut, dès sa tendre jeunesse, enfermé avec son frère dans une forteresse, par Hucéîn-Kan, gouverneur du Candahar. Tous deux durent leur délivrance à Nadir-Schah, qui préluda, par la conquête de cette province, à une invasion dans l’Indoustan. Ahmed, reconnaissant, suivit la fortune de ce conquérant, et lui resta inviolablement attaché. Il remplit d’abord auprès de lui les fonctions de assaberdar, c’est-à-dire porte-masse, ou huissier, et devint ensuite officier de cavalerie. Après avoir fait d’inutiles efforts pour venger l’assassinat de son bienfaiteur, il fit une honorable et courageuse retraite, et repoussa l’armée des Persans, qui voulaient lui faire payer cher son dévouement envers leur ancien chef commun. Ahmed reconduisit ses Afghans dans leurs montagnes. À son arrivée, il s’empara d’un immense trésor que le gouverneur de Kaboul venait d’expédier pour le camp persan. Favorisé par un si heureux concours de circonstances, il se fit reconnaître souverain des Afghans, tant à Candahar qu’à Kaboul, ou il fit battre monnaie à son coin, et prit le titre d’Amed-Schah. Son autorité une fois établie, il pénétra dans le nord de l’Inde, et fit successivement six invasions jusque dans le milieu de cette contrée, où il avait accompagné précédemment Nadir. Parmi ces nombreuses expéditions, qui furent toutes très-funestes aux États du Grand Mogol, nous citerons celle de l’année 1170 de l’hégire (1756). Le schah séjourna un mois entier a Déhly, pour y célébrer le mariage de son fils Tymour-Schah avec la fille d’un frère du Grand Mogol, Alem-Guyr II. Cette alliance n’empêcha pas les Afghans de poursuivre leur marche triomphante dans les ssoubah (ou vice-royautés) de Déhly et d’Agrah, où ils répandirent la désolation. En 1758, Ahmed fut appelé dans l’Indoustan, par les nababs, à qui la puissance toujours croissante des Mahrattes causait de vives inquiétudes. En arrivant dans la province de Dou-ab, il fût accueilli par plusieurs rajahs et chefs rosgllahs, qui se joignirent à lui. Ils marchèrent vers Déhly ; mais différentes circonstances paralysèrent leurs opérations, et ils eurent la douleur de voir les Mahrattes s’emparer de Déhly, le 19 de dzoulhedjeh 1173 (26 juillet 1760) ; l’empereur, la famille impériale, tous les joyaux de la couronne, tombèrent en leur pouvoir. Malgré la vive impatience qu’il éprouvait de se mesurer avec eux, le schah ne put passer la Djemnah que le 10 de djomady 2e 1174, et perdit même dans ce passage un très-grand nombre de soldats. Enfin, le 21 du même mois (le 7 janvier 1764 ), eut lieu cette fameuse bataille de Pannibet, dans laquelle l’armée combinée des Mahrattes et mures chefs indous fut mise en pleine déroute par celle d’Ahmed-Schah, réunie aux chefs musulmans. Outre une innombrable quantité de morts, les Mahrattes abandonnèrent 22,000 prisonniers. Le vainqueur visita Déhly, et résolut de tirer une vengeance éclatante des Seykes. Cette nation belliqueuse avait profité de son absence pour s’emparer d’une partie du Lahor, et persécuter les habitants musulmans. Ils furent battus sur tous les points, et obligés de reconstruire les mosquées qu’ils avaient rasées, leur sang, disent les historiens, servit à laver celles qu’ils avaient profanées. On abattit leurs temples, on combla leurs fontaines sacrées, et on éleva de nombreuses pyramides composées des têtes des vaincus. Cette