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déjà distingués dans la carrière des arts ; car on trouve qu’ils battirent, en 1190, la Fonte Branda, célèbre fontaine de Sienne. En 1284, Giovanni, fameux architecte pisan, qui revenait de Naples, s’étant arrêté à Sienne pour construire l’église cathédrale il Duomo, et ayant reconnu les talents précoces d’Agostino (il n’avait que quinze ans), lui confia la direction de ces travaux. Ce jeune artiste, qui chérissait son frère Angelo, voulut lui faire partager les avantages de sa position ; il devint son maître, et le mit bientôt en état d’associer son nom au sien. Tous deux, adoptés en quelque sorte par Giovanni, accompagnèrent leur protecteur à Pistoie, à Pise et en d’autres lieux, et l’aidèrent jusqu’à sa mort dans l’exécution de ses importants travaux ; revenus dans leur patrie, les deux frères, qui avaient acquis une grande réputation, furent nommés architectes de la ville en 1317. Ils exécutèrent la façade du Duomo, commencé par leur maître, et, en 1321, ils bâtirent, sur leurs propres dessins, la porte Romaine et celle nommée la Tufi. L’an 1326, ils commencèrent l’église et le couvent de St-François, et furent appelés à Orviette pour décorer de sculptures la façade de l’église de Ste-Marie. Favorisés par la fortune, autant que le méritaient leur tendre union et leurs talents, ces deux artistes inspirèrent le plus vif intérêt à Giotto, qui, passant par Orviette, admira leurs sculptures, et les choisit pour exécuter sur ses dessins le fameux tombeau de Guido, seigneur et évêque d’Arezzo. Ce monument est très-remarquable, et l’un des plus beaux du 14e siècle. On y voit seize bas-reliefs qui ont été décrits avec soin par Vasari, et surtout par Lorenzo Quazzesi. Les deux frères firent aussi pour Bologne un grand bas-relief, qu’on voit au-dessus du maître autel de l’église de St-François, et qui leur coûta huit ans de travail. La ville de Bologne s’étant donnée au pape Jean XXII, ce pontife, pour s’en assurer la possession, fit élever une forteresse, dont on confia la construction aux deux frères ; mais le pape n’ayant point tenu les promesses qu’il avait faites aux Bolonais, ils secouèrent le joug, et abattirent cette forteresse. Dans le même temps, le Pô déborda sur le territoire de Mantoue et de Ferrare ; il périt plus de 10,000 personnes dans cette inondation. Agostino et Angelo appelés comme ingénieurs, contraignirent le fleuve à rentrer dans son lit, et lui opposèrent de puissantes digues. À leur retour dans leur patrie, en 1338, ils érigèrent plusieurs monuments, tels que l’église Ste-Marie, une belle fontaine, la grande salle et la tour du Palais. Angelo avait été seul à St-François-d’Assise pour construire le tombeau d’un cardinal ; pendant cette absence, Agostino, qui était resté à Sienne, où il faisait exécuter les ornements de sculpture de la fontaine, mourut presque subitement, et fut enterré avec honneur dans la cathédrale. Il semble que le sort d’Angelo fût lié à celui de son frère ; car, depuis la mort de celui-ci, on n’entendit plus parler de l’autre, et l’époque, aussi bien que le lieu où il mourut, sont également inconnus. C-n.


AGOSTINO ou AUGUSTIN, célèbre imprimeur siècle, se nommait Carnerio. Son père, Bernard, libraire distingué par son talent et par sa probité[1], lui procura tous les avantages d’une bonne éducation. Augustin lui en témoigne sa reconnaissance dans la souscription de la plupart des ouvrages sortis de ses presses. Ce fut en 1474 qu’il commença d’exercer à Ferrare. Comme dans la souscription de son édition d’Horace, il se qualifie puer[2], on peut en conclure qu’il touchait encore à l’enfance ; cependant on ne connait aucune édition de cet artiste qui soit postérieure à 1476, ainsi Carnerio n’exerça que pendant trois ans. Quels motifs le firent renoncer si promptement à un art qui conduisait alors à la considération et à la fortune ? c’est ce qu’on n’a pu découvrir. Outre l’Horace, Augustin mit au jour, en 1474, les vite di SS. Padri (c’est une traduction des Vies des Pères, par St. Jérôme), et la Grammaire latine de Léonicénus. Suivant le P. Laire (Index libror., t. 2, p. 264), il aurait publié, la même année, la Mythologie d’Hygin ; mais il est certain qu’elle ne parut qu’en 1475. Ce fut également en 1475 que la Téséide de Boccace, et le Fatiche d’Ercole de Bossi sortirent des presses d’Augustin. En 1476, il mit au jour les Métamorphoses d’Ovide. Ces sept ouvrages, exécutés en caractère rond, sur beau papier, sont les seules éditions d’Augustin connues jusqu’à ce jour ; elles sont toutes de la plus grande rareté. Voy. les Annales typographiques de Panzer, t. 1 et 4. W-s.


AGOSTINO (Paolo), de Valerano, compositeur de musique, né en 1593, fut élève de Bernardo Nanini, musicien de l’école romaine, et succéda à Soriano, comme maître de la chapelle pontificale de St-Pierre. On le regardait comme un des plus savants et des plus féconds compositeurs de son temps dans tous les genres ; et ses compositions pour quatre, six et huit voix, étaient l’objet de l’admiration de toute la ville de Rome. Le P. Martini a conserve d’Agostino un Agnus Dei, à huit parties, qui est d’une composition très-remarquable. Dans quelques biographies étrangères, ce compositeur est désigné sous le nom d’Agostini. P-x.

AGOSTINO (Anton). Voyez Augustin


AGOTY. Voyez Gautier d’.


AGOUB (Joseph), né au Caire le 18 mars 1795, quitta l’Égypte avec l’armée française et vint en France à l’âge de six ans. Il fut mis dans un collège à Marseille ; il y fit de très-brillantes études, et, des l’âge de dix-huit ans, il laissa échapper quelques étincelles de génie qui décelaient le poëte et le philosophe. Arrivé à Paris vers 1820. époque à laquelle commence sa carrière littéraire, il se livra tout entier à l’étude de l’arabe, sa langue maternelle ; et ses connaissances dans l’arabe vulgaire furent d’une grande ressource pour la diplomatie et le commerce. Sa réputation d’habile orientaliste se répandit bientôt dans le monde savant ; il fut recherche par tous les appréciateurs du ta-

  1. Augustin le nomme bibliopolus bonus
  2. Carnerius puer Augustinus