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AGN

Michel-Ange. Cette société fur très-utile à la réputation d’Agnolo, et elle lui valut la direction de tous les travaux importants qui se faisaient a Florence. Il exécuta, avec Cronaca, la décoration de la grande salle du vieux palais, et bâtit le belle escalier qui y conduit. Il se distingua surtout dans la construction du palais Bartolini, et il en traça le jardin. Cet édifice est le premier où l’on ait vu des fenêtres carrées surmontées de frontons, et des portes ornées de colonnes. Cette innovation, imitée plus tard avec succès, fut blâmée par les Florentins, qui appliquèrent sur les murs des sonnets satiriques, et des guirlandes de feuillage pareilles à celles qu’on suspend à la façade des églises les jours de fête, voulant faire entendre par la que ce genre convenait mieux à un temple qu’à un palais ; mais Agnolo, qui avait pour lui une grande autorité, celle de l’antique, se moqua des critiques, et y répondit en faisant graver au-dessus de la porte ces mots en gros caractères : Carpere promptius quam imitari. Parmi ses autres ouvrages d’architecture, on cite les palais Lanfredini, Taddei et Borgherini, où il exécuta de belles sculptures en bois ; la villa Bello-Sguardo, le modèle de l’église de St-Joseph et St-Nofri, le clocher de l’église du St-Esprit, l’un des plus beaux qui existent, et celui de Santo-Miniato il Monte, si solidement construit, que, lors du siége de Florence, en 1529, il résista à l’artillerie ennemie. L’architecture extérieure du Duomo de Florence était restée imparfaite depuis la mort de Brunelleschi, dont les dessins s’étaient perdus ; Baccio d’Agnolo fut chargé d’achever ce monument : il proposa d’entourer la coupole d’une galerie à jour (ballatojo), supportée par des colonnes ; il en fit le modèle, et en exécuta même une partie ; mais Michel-Ange étant venu à Florence, et remarquant qu’on détruisait les pierres saillantes que Brunelleschi n’avait point laissées sans intention, trouvant d’ailleurs qu’on s’écartait beaucoup trop des idées et de l’intention de Brunelleschi, proposa lui-même un autre projet, et il compara la galerie de Baccio à une cage à poulets ; le résultat de cette discussion fut qu’on n’exécuta ni l’un ni l’autre de ces projets. Agnolo composa le magnifique pavé de Ste-Marie del Fiore, et continua de travailler à l’embellissement de l’intérieur de cette vaste fabrique. Il conserva jusqu’à son extrême vieillesse son activité, sa force et le jugement le plus sain, et mourut en 1543, âgé de 83 ans. On voit son tombeau à St-Laurent. Baccio d’Agnolo laissa trois fils, Philippe, Julien et Dominique, auxquels il transmit une partie de ses talents. Julien, le plus connu des trois, continua les ouvrages commencés par son père ; mais il exécutait mieux qu’il ne composait. C-n.


AGNOLO (Gabriel d’), architecte napolitain. Vers l’an 1480, florissaient à Naples trois architectes de mérite : Gabriel d’Agnolo, Novello di San-Lucano, et Gio. Francesco Mormando ; ils abandonnèrent la manière gréco-gothique, et ramenèrent le bon goût, qu’ils avaient puisé dans l’étude des monuments antiques de Rome. Ils élevaient à l’envi des fabriques importante, et l’une des plus célèbres est le palais Gravina, construit les destins de Gabriel d’Agnolo, mais que les troubles survenu à cette époque empêchèrent d’achever. Ce même architecte bâtit les élises de Ste-Marie-Égyptienne, de St-Joseph, et quelques autres monuments ; il mourut vers l’an 1510. C-n.


AGNOLO, ou ANGELO da SIENA. Voyez Agostino.


AGNONIDE était l’un de ces orateurs ennemis de toute vertu, et tels qu’il s’en trouvait beaucoup à Athènes. Il eut l’audace d’intenter contre Théophraste une accusation d’impiété, que le peuple repoussa avec indignation, et peu s’en fallut qu’Agnonide n’en fut lui-même victime. Chasse d’Athènes par Antipater, après la mort d’Alexandre, ainsi que beaucoup d’autres orateurs, il obtint de Phocion la permission de revenir. Après la mort d’Antipater, Agnonide accusa son bienfaiteur devant Polysperchon et devant le peuple, et le fit condamner à mort ; mais il ne tarda pas à recevoir le châtiment de son ingratitude ; car le peuple, revenu à lui-même, le condamna à son tour au dernier supplice. C-r.


AGOBARD, ne dans la Gaule belgique, au diocèse de Trèves, à latin du 8e siècle, fut ami de Leydrade, archevêque de Lyon, qui le choisit non seulement pour son coadjuteur, mais encore pour son successeur, et le fit même ordonner par trois évêques. Cette ordination, très-irrégulière, fit grand bruit parmi les évêques de France ; mais elle fut ratifiée, ou plutôt rectifiée. Agobard était un de ces hommes impétueux qui vont au bien sans ménagement et sans tolérance, et qu’il est souvent facile d’égarer. Il prit part à la révolte des enfants de Louis le Débonnaire, et se fit distinguer par ses écrit à ce sujet : on croit même qu’il fut le rédacteur du bref que le pape Grégoire IV publia contre Louis le Débonnaire ; mais il reconnut son erreur, et, après avoir été déposé en 835 par le concile de Thionville, il fut rétabli, et mourut le 6 juin 840, en Saintonge, où il était allé pour des affaires publiques. À propos du bouleversement qu’il y eut dans le royaume, on a dit « qu’Agobard était né dans le siècle d’or de Charlemagne, qu’il avait brillé dans le siècle d’argent de Louis le Débonnaire, et qu’il était mort dans le siècle de fer des enfants de cet empereur. » Nous remarquerons cependant qu’il est mort sous le règne de Louis le Débonnaire, qui descendit au tombeau quatorze jours après lui. Agobard était un très-savant personnage, et fut lié avec Adalbard, et autres hommes illustres du temps. Il a laissé un grand nombre d’écrits ; les trois premiers qu’il composa, et les trois plus célèbres, sont ceux qu’il donna contre Félix d’Ufrgel, contre les juifs, et contre la loi Gombette. Cette loi, qui autorisait les duels juridiques, fut abrogée à sa sollicitation. Agobard écrivit contre les épreuves de l’eau et du feu, etc., qu’on appelait alors les jugements de Dieu. Les orages fréquents, occasionnés à Lyon par le voisinage de deux rivières et de montagnes élevées, furent la matière d’un écrit d’Agobard, qui combattit l’opinion généralement reçue alors, que ces tempêtes étaient excitées à volonté par des sorciers qui tiraient parti de cette erreur. Agobard a composé beaucoup d’autres ouvrages ; on en trouve la