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AGI

une trêve avec le nouvel exarque de Ravenne, successeur de Callinicus, à condition que la liberté serait rendue à son gendre et à sa fille. Ce fut environ vers ce temps-la qu’Agilulphe abjura l’arianisme pour embrasser la foi catholique. Peu de temps après, il assembla les chefs de sa nation à Milan, et associa au trône, en leur présence, son fils Adelvald, quoiqu’il fût encore en bas âge ; il le fit couronner en plein cirque, de la manière la plus solennelle. La paix fut alors renouvelée avec le roi des Francs, dont les ambassadeurs avaient assisté à l’inauguration du jeune prince, et une ligue perpétuelle fut conclue entre les deux nations. Pendant la paix, Agilulphe embellit et fortifia Ferrare, qui jusqu’alors n’avait été qu’un simple village, très-heureusement situé sur le Pô. Le roi l’entoura de murs, l’orna de plusieurs édifices, et en fit une des villes les plus considérables de l’Italie. Après avoir régné 23 ans, Agilulphe mourut en 615 ou 616. — Adelvald, son fils, lui succéda. Pendant les dernières années de sa vie, Agilulphe avait maintenu le royaume des Lombards dans une profonde paix. Sa puissance s’étendit sur toute l’Italie, à l’exception de Ravenne et de Rome. La couronne d’or d’Agilulphe avait la forme d’un cercle, orné de figures de saints ; on la voyait dans le cabinet des médailles de la bibliothèque impériale ; elle a été volée en 1804, et fondue par les voleurs. S. S-i.


AGINCOURT. Voyez Leroux d’Agincourt.


AGIS Ier, fils d’Eurysthènes, roi de Sparte, vers l’an 980 avant J.-C. Les Lacédémoniens fondèrent plusieurs colonies sous son règne. Ses actions ne sont point connues. On prétend qu’il soumit le premier les habitants d’Hélos, autrement les Ilotes, mais cela ne paraît pas probable. Il eut pour successeur Echestratus, son fils. Les rois de sa branche prirent de lui le nom d’Agiades. C-r.


AGIS II, fils d’Archidamus, de la seconde branche des rois de Sparte, monta sur le trône vers l’an 427 avant J.-C., dans la 4e année de la guerre du Péloponèse. Il commanda les Lacédémoniens dans différentes expéditions contre les Argiens et les Athéniens. Ayant conclu la paix avec les Argiens, dans un moment où il pouvait facilement les vaincre, il fut mis en jugement ; cependant il ne fut pas condamne. Peu de temps après, les Argiens ayant recommencé la guerre, il les attaqua auprès de Mantinée, et les défit ; il s’empara de Décélie dans l’Attique, la fortifia, et y laissa une garnison qui fit beaucoup de mal aux Athéniens ; il commanda aussi les Lacédémoniens dans la guerre contre les Éléens, et les força à faire la paix. Il mourut bientôt après, dans un âge très avancé, l’an 399 avant J.-C., laissant un fils nommé Léotychides, qui ne lui succéda pas. Ce fut Agis II qui dit à un ambassadeur dont la harangue avait été longue et pénible : « Dis à ceux qui « font envoyé que tu as eu beaucoup de peine à « finir, et moi à t’entendre. » C-r.


AGIS III, fils d’Archidamus, de la seconde branche des Héraclides, et petit-fils d’Agésilas, monta sur le trône de Sparte l’an 338 avant J.-C. Dans sa jeunesse, il fut envoyé en ambassade vers Philippe, roi de Macédoine, alors au plus haut degré, de sa puissance. Philippe l’ayant vu seul, tandis que les autres États de la Grèce le faisaient complimenter par plusieurs députés, et s’étant écrié : « Quoi ! Sparte ne m’envoie qu’un seul ambassadeur ! » Agis lui répondit, en style laconique : « Il suffit pour « un seul homme. » Agis succéda à son frère, l’an 346 avant J.-C., et, quoiqu’il détestât la domination des Macédoniens, craignant d’exposer son pays à une ruine complète en leur résistant, il attendit l’époque où Alexandre fut tout à fait engagé dans son expédition de Perse. Après la bataille d’Issus, un grand nombre de mercenaires grecs, à la solde du roi de Perse, étant allés chercher un asile dans leur patrie, Agis en enrôla 8,000, avec l’argent que Darius lui avait envoyé, et, ayant équipé une flotte, fit voile pour l’île de Crète, dont il subjugua une partie. Lorsqu’Alexandre eut gagné la bataille d’Arbelles, Agis excita plusieurs États grecs à secouer le joug des Macédoniens, et leva une armée de 20,000 o hommes de pied et de 2,000 chevaux, qu’Antipater, qui commandait en Macédoine pour Alexandre, vint attaquer à la tête de 40,000 soldats. Malgré l’infériorité de ses forces, Agis ne refusa point le combat. La bataille fut sanglante, et les Lacédémoniens, secondant le courage de leur roi, disputèrent longtemps la victoire ; mais enfin ils succombèrent, et Agis lui-même fut tué. Quelques soldats l’emportaient hors du champ de bataille grièvement blessé : Agis, les voyant sur le point d’être enveloppes par l’ennemi, leur ordonna de l’abandonner, et de conserver leurs jours pour le service de leur pays. Resté seul, il combattit à genoux, et tua plusieurs des assaillants, jusqu’à ce qu’enfin il eut le corps percé d’un dard. Agis avait régné 9 ans ; il eut pour successeur son frère Eudamidas. C-r.


AGIS IV, fils d’Eudamidas II, monta sur le trône de Sparte l’an 243 avant J.-C. La république marchait alors vers sa ruine ; il n’y restait pas plus de sept cents Spartiates, dont six cents n’avaient aucune propriété, le territoire appartenant en entier aux cent autres, et, pour la plus grande partie, aux femmes, qui avaient fini par hériter de tous les biens. Agis chercha à arrêter cette décadence ; et, quoiqu’il eut été élevé délicatement par sa mère Agésistrate et par son aïeule Archidamie, qui vivaient dans une grande opulence, il eut le courage, étant à peine âgé de vingt ans, de renoncer aux plaisirs. Sa figure était belle : dans la crainte d’en tirer vanité, il s’habilla simplement. Pour tout le reste de sa manière de vivre, il observait la rigoureuse austérité des anciens Spartiates. Son oncle maternel, Agésilas, homme éloquent, mais peu vertueux, sa mère et quelques autres personnages distingués secondèrent ses vues ; mais son collègue Léonidas, fils de Clénonyme, qui avait vu le faste des cours asiatiques, et qui affectait un luxe bien éloigné des premiers temps de Sparte, forma contre Agis un parti considérable. Celui-ci n’en persista pas moins dans son projet, et, assisté de Lysandre, qu’il avait fait nommer éphore, il proposa une loi portant l’abolition des dettes, et un nouveau partage des terres ; savoir : en 4,500 parties pour les Spartiates,