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Paderota, qu’il avait fait connaître le premier. Agerius avait aussi, sur la philosophie physique et sur l’histoire naturelle, des connaissances assez étendus ; il est auteur d’un ouvrage sur les zoophytes, intitulé : Disputatio de zoophytis, Argentorati, 1625, in-4o, et d’un ouvrage, de Anima vegetativa, Argentorati, 1629, in-4o. Carrière lui attribue encore : Thèses méd. phys. de homine sano et de dysenteria, Argent., 1593, in-4o, de anfractibus mesaræi, ibid., 1629, in-4o. D-P-s.


AGESANDRE, sculpteur rhodien, fit, de concert avec Atbénodore son fils et avec Polydore, le groupe admirable qui représente Laocoon et ses deux fils dévorés par deux serpents. On ne peut douter que ce ne soit le même ouvrage qui, du temps de Pline, décorait les bains de Titus, et c’est à cet auteur qu’on doit la connaissance des noms des artistes qui y ont travaille. Un destin favorable aux arts a conservé ce chef-d’œuvre, pour attester à la postérité la plus reculée jusqu’à quel point le génie des anciens avait porte l’imitation de la nature et le sentiment du beau idéal. Le Laocoon fut trouvé dans les bains de Titus, sous le pontificat de Jules II, au lieu même où Pline assure qu’on l’admirait de son temps, comme l’ouvrage de sculpture le plus partait. Une seule circonstance a causé quelque incertitude. Suivant Pline, le groupe était d’un seul morceau ; celui que nous avons est de plusieurs ; mais il est probable que le temps aura rendu plus sensible la fissure qui existe entre les blocs, et que l’œil exercé de Michel-Ange aperçut le premier. Jules II, ravi de la découverte du Laocoon, accorda de grands privilèges a Félix de Fredis qui l’avait trouvé. L’ignorance dans laquelle Pline parait être sur la réunion des blocs de marbre qui composent ce groupe, et l’enthousiasme avec lequel il en parle, enfin l’excellence de l’ouvrage, ont fait regarder le Laocoon et ses sculpteurs comme appartenant a l’époque la plus brillante de l’art dans la Grèce ; Borghini semble partager cette opinion, par l’ordre dans lequel il place Agésandre et ses deux collaborateurs ; Winkelmann se range du même avis ; cependant il éprouve aujourd’hui des contradictions. Lessing, dans son ingénieuse Dissertation sur la poésie et la peinture, dont le Laocoon a fourni le sujet et le titre, cherche à démontrer que ce groupe a été fait d’après le sublime morceau de Virgile, relatif au même événement. Le fini précieux et une certaine recherche de ciseau qu’on ne trouve point dans les ouvrages grecs lui servent aussi d’arguments pour prouver que le Laocoon a été sculpté sous les Césars. Quoi qu’il en soit, cet ouvrage inimitable a immortalise les noms d’Agésandre, d’Athénodore et de Polydore. L-S-e.


AGESILAS II était le second fils d’Archidamus, roi de Sparte. Agis, son frère aîné, étant mort, il entreprit de faire déclarer illégitime Léotychide, son neveu et de monter sur le trône à sa place. Effectivement, Timna, femme d’Agis, avait eu des liaiaons avec Alcibiade, et il était échappé à Agis de dire qu’il ne croyait pas que Léotychide fût son fils, paroles qu’il avait démenties en mourant, mais sur lesquelles se fondait Agésilas. Les deux prétendants s’autorisaient d’un oracle qui menaçait Sparte des plu grands malheurs lorsqu’on y verrait un règne boiteux ; mais Lysandre, tout-puissant a Sparte, tourna contre Léotychide le sens de l’oracle. Il prétendit qu’il ne s’agissait pas du roi, mais du règne, qui serait boiteux, si l’un des deux rois n’était pas légitime. Agésilas aurait cependant eu beaucoup de peine à réunir, si ses prétentions n’avaient pas été appuyés par Lysandre, qui espérait régner sous son nom ; il l’emporta, et monta sur le trône l’an 399 avant J.-C. La gloire de Sparte était alors au plus haut période ; Athènes, sa rivale, après avoir vu sa puissance navale anéantie parla bataille d’ÆEgos-Potamos, avait été obligée de laisser abattre ses murs. Les Lacédémoniens dominaient donc sur presque toute la Grèce, et sur une partie de l’Asie Mineure, au sujet de laquelle ils étaient sans cesse en guerre avec le roi de Perse, Artaxercès Memnon, qui cherchait à leur susciter des ennemis parmi les Grecs. Agésilas résolut, par le conseil de Lysandre, de pousser la guerre contre eux plus vivement qu’on ne l’avait fait jusqu’alors ; et s’étant fait demander par les villes de l’Asie, à l’exemple d’Agamemnon, il s’embarqua à Aulis, et passa en Asie avec 8,000 hommes, l’an 395 avant J.-C., soixante ans avant qu’Alexandre formât la même entreprise. Le crédit dont jouissait Lysandre en Asie parut d’abord éclipser l’autorité d’Agésilas, qui affecta de l’humilier en lui donnant dans l’armée le soin des vivres. Lysandre sentit cependant qu’il fallait céder ; et, par cette conduite adroite et modeste, il obtint bientôt d’Agésilas la dignité d’ambassadeur près des alliés de Sparte, sur les côtes de l’Hellespont. Ayant réuni ses troupes avec celles qui y étaient déjà ; Agésilas se rendit en peu de temps maître de la plus grande partie de l’Asie Mineure ; il est difficile de prévoir ou il se serait arrêté, si Artaxercès n’avait pas trouvé le moyen, en répondant de l’argent dans la Grèce, de former une ligue contre les Lacédémoniens : ce qui les obligea de rappeler Agésilas, environ deux ans après son départ. Il ne quitta pas sans regrets l’Asie, dont la conquête lui paraissait si facile ; il passa par la Macédoine, où l’on n’osa pas l’attaquer, et par la Thessalie, où il trouva une nombreuse cavalerie qui voulut s’opposer a son passage, et qu’il défit. Étant ensuite entré dans la Béotie, on il reçut quelques renforts, il défit, auprès de Coronée, l’armée combinée des Béotiens, des Argiens, des Athéniens, de leurs alliés, et donna, quoiqu’il eût été blessé grièvement dans le combat, un grand exemple de modération, en épargnant ceux qui s’étaient réfugiés dans le temple de Minerve ; il ramena ensuite son armée dans le Péloponèse, où venait d’éclater la guerre de Corinthe, remporta plusieurs avantages sur les alliés, et fit même célébrer les jeux isthmiques, malgré les Corinthiens. C’est dans ce temps-la qu’il fut obligé de laisser partir pour la Laconie le bataillon des Amycléens, qui formait une portion considérable de son armée, pour célébrer à Amyclée les Hyacinthies, fêtes en l’honneur d’Apollon. Ce bataillon fut attaqué en route par Iphicrate, général athénien, qui le tailla en pièces. Agésilas marcha ensuite au secours des