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AAR

dans l’oubli quand elle ne fut plus soutenue par son savoir et par ses richesses. G-y.


AARSCHOT (Voyez Aerschot).


AARSSEN (Corneille van), seigneur de Spijck, greffier des états généraux de Hollande, d’une ancienne famille du Brabant, naquit à Anvers en 1543. Il obtint, en 1574, la charge de secrétaire de Bruxelles, et fut nommé pensionnaire en 1584. Dans la même année, on lui confia les fonctions de greffier des états généraux, qu’il exerça pendant quarante ans. Son grand âge et les troubles qui agitèrent la Hollande, en 1624 et en 1625, le forcèrent de renoncer à sa charge. Il mourut peu de temps après, laissant sa mémoire souillée par sa conduite envers Olden-Barnevelt, dont il était devenu l’ennemi. Après avoir défendu longtemps avec lui les intérêts de sa patrie contre Maurice de Nassau, Aarssen avait fini par passer dans le parti de ce prince. D-g.


AARSSEN (François van), ambassadeur hollandais, fils du précédent, naquit à la Haye, en 1572 Son père le plaça dans la maison du prince d’Orange et sous la direction de Duplessis-Mornay, avec qui il avait des relations d’intimité. Le jeune Aarssen accompagna le prince dans ses voyages. Connaissant bien la langue et les affaires politiques de la France, il fut nommé, en 1598, par les états généraux, résident des Provinces-Unies auprès de Henri IV. Ce fut le pensionnaire Olden-Barnevelt qui lui fit confier cette mission. Il s’en acquitte avec succès, se fit aimer à la cour de France, et reçut, en 1609, des états généraux et du roi Henri IV, le, titre d’ambassadeur. Il prit place immédiatement après l’ambassadeur de Venise, et concourut aux négociations difficiles qui amenèrent enfin une trêve de douze ans entre l’Espagne et les états généraux, sous la garantie de la France ; mais, après la mort de Henri IV, il entra dans des intrigues de cour. S’étant uni à plusieurs grands qui faisaient ombrage il la reine mère, il s’opposa à quelques demandes de Louis XIII, se permit même de publier un libelle contre ce prince, et fut disgracié. Rappelé dans sa patrie en 1615, sa conduite fut aussi odieuse que celle de son père. Il se déclara contre Barnevelt, devint l’âme de tous les projets de Maurice de Nassau et attaqua le grand pensionnaire dans des écrits pleins d’art et d’éloquence. Ce fut lui qui conseilla la convocation du fameux synode de Dordrecht, ou furent condamnés Barnevelt et les principaux adversaires de Maurice. Ce meurtre judiciaire acheva de rendre Aarssen odieux a tous les partisans de cet illustre citoyen. Maurice étant devenu tout-puissant, Arussen fut nommé, en 1619, ambassadeur auprès de la république de Venise. Pendant les troubles de la Bohême, il remplit plusieurs missions auprès des princes allemands et italiens. En 1626, il fit partie de la députation envoyée en Angleterre pour conclure un traite d’alliance, et, l’année d’après, il se rendit en France, charge d’une mission semblable. Il gagna l’estime du cardinal de Richelieu, qui, de son temps, n’avait, disait-il, connu que trois grands politiques, Oxenstiern, Vincardi et Aarssen. En 1640, il passa une seconde fois en Angleterre pour négocier la mariage de Guillaume, fils du prince d’Orange, avec la fille de Charles Ier. Il mourut un an après ce voyage, à l’âge de 69 ans. Aarssen a écrit des mémoires inédits sur ses différentes ambassades ; ils sont pleins de détails intéressants, et prouvent une grande finesse d’esprit et cette souplesse dont les négociateurs se font un mérite sans oser la regarder comme une vertu. Il fut rampant et ambitieux ; on lui reproche avec raison d’avoir vendu sa plume à Maurice, et d’avoir trop aimé l’argent. Il laissa à sa mort un revenu de 100,00 liv. — Son fils, Corneille Aarssen, né en 1602 et mort en 1662, fut commandant de Nimègue et colonel d’un régiment de cavalerie ; il passait pour le plus riche particulier de la Hollande. — Soit petit-fils, qui portait également le nom de Corneille, se rendit puissant à Surinam ; mais s’étant attire la haine de ses soldats, il fut massacré par eux en 1688. — Enfin, son arrière-petit-fils, connu sous le nom de seigneur de Chastillon, moua rut avec le rang de vice-amiral. G-t.


AARSSEN (François), seigneur de la Plaate, l’un des petits-fils du précédent, se noya, passant d’Angleterre en Hollande, l’an 1659, après un voyage de huit ans en divers endroits de l’Europe. On a de lui : Voyage d’Espagne, curieux, historique et politique, fait en l’année 1655, Paris, 1663, in-4o, et 1666, in-4o ; en Hollande, 1666, in-12, édition préférable aux précédentes et contenant quelques augmentations. Cet ouvrage est aussi imprime sous ce titre : Voyage d’Espagne, contenant, entre plusieurs particularités de ce royaume, trois discours politiques sur les affaires du protecteur d’Angleterre, la reine de Suède et du duc de Lorraine, etc. ; Cologne, P. Marteau, 1666, in-12. A-B-t.


AARTGEN ou AERTGENS, peintre hollandais, né à Leyde en 1498, fut d’abord cardeur de laine. S’étant appliqué à la peinture, il eut pour premier maître Corneille Engelhrechtz. Il acquit bientôt une si grande réputation, que les meilleurs peintres de son temps s’honoraient de son amitié. Franck Floris, jaloux de le connaître, vint d’Anvers à Leyde à cette intention. Lorsqu’il s’informa de la demeure d’Aartgen, on lui indiqua une misérable petite maison. Il s’y rendit ; Aartgen était absent. Introduit dans son atelier, Floris renouvela le trait d’Apelle, lorsque ce célèbre artiste alla chez Protogène ; il prit un charbon et dessina sur la muraille l’évangéliste saint Luc : Aartgen, de retour, s’écria que Floris seul pouvait avoir fait ce dessin ; et il alla le voir aussitôt. Floris s’efforça vainement de l’attirer à Anvers ; Aartgen répondit qu’il aimait mieux sa pauvreté : ce désintéressement s’alliait malheureusement à des habitudes de paresse et de débauche qui lui devinrent fatales : comme il rentrait souvent fort tard, et dans un état d’ivresse, il se noya un soir dans un canal, a l’âge de 66 ans, en 1564. G-t.


AARTSBERGEN (Alexandre van der Kapelle, seigneur de), gentilhomme hollandais, naquit vers la fin du 16e siècle, et se fit remarquer, étant encore étudiant à l’université de Leyde, par son goût pour le travail, et par ses heureuses dispositions. G. Vessius, dans l’éloge d’Erpénius, dit