Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
AGA

temporaine de celle de l’ordre de la Jarretière ; ─ de l’antiquité et des privilèges des collèges d’avocats et des chancelleries ; de la diversité des noms de l’Angleterre. C’est aussi lui qui a découvert que l’auteur des dialogues de Negotiis Sacaccarii, qu’on attribuait à Gervais de Tilbury, est Richard, fils de Nigellius. Il existe aussi d’Agard, dans la bibliothèque de Robert Cotton, un savant ouvrage manuscrit, intitulé : Tractatus de usu et obscurioribus verbis libri de Domesday ; il avait encore composé, pour l’usage de ses successeurs, un Catalogue de toutes les pièces qui existaient dans les quatre trésoreries du roi ; une Notice de tous les traités d’alliance, de paix, et des mariages avec les nations étrangères : il laissa à l’échiquier onze manuscrits relatifs a cette cour, et il donna les autres, qui formaient plus de 20 volumes, à son ami Robert Cotton. A. L. M.


AGASIAS, sculpteur d’Éphèse, fils de Dositheus. La date de la naissance et la vie de cet artiste nous sont également inconnues ; seulement son nom est gravé sur le trône de la statue dite le Gladiateur Borghèse : c’est assez pour sa gloire. Cet admirable débris de l’art antique fut trouvé, au commencement du 13e siècle, à Antium, dans les ruines d’un palais des empereurs, ou l’Apollon du Belvédère avait aussi été découvert plus d’un siècle auparavant. « Dans les temps où la critique prenait peu de part aux recherches des antiquaires, dit M. de Clarac, on a donné a cette statue la dénomination vulgaire de Gladiateur Borghèse, malgré l’énorme différence qu’on trouve entre le caractère de la figure et le caractère et les accessoires d’un grand nombre d’images certaines de gladiateurs qui, d’ailleurs, ne sont jamais représentés nus. » La figure créée par le ciseau d’Agasias faisait probablement partie d’un groupe ; elle est nue et dans l’attitude d’un homme à pied qui combat contre un cavalier ; de son bras gauche, il pare les coups de son ennemi ; tandis que de l’autre il s’apprête à le frapper. La pose de la statue est admirablement calculée pour cette double action ; et chaque partie des membres, chaque articulation, chaque muscle perte l’empreinte du mouvement et de la vie plus peut-être qu’aucune autre statue qui soit sortie des mains d’un artiste grec. Le style de ce morceau est parfaitement caractérise par Winkelmann ; « Le Gladiateur, dit-il, est un assemblage des beautés seules de la nature dans un âge parfait, sans aucune addition de l’imagination. » C. W-r.


AGASICLÉS, qu’Hérodote nomme Hégésiclès, fils d’Archidamus, de la seconde branche des rois de Sparte, monta sur le trône vers l’an 380 avant J.-C. Les Lacédémoniens firent sous son règne la guerre aux Tégéates, mais sans succès. Il eut pour successeur Ariston, son fils. On trouve dans le recueil d’Apophthegmes laconiques, attribué à Plutarque, que quelqu’un disait à ce prince, « qu’il s’étonnait de ce qu’étant avide de s’instruire, il ne faisait pas venir le sophiste Philophanès, » et qu’il répondit : « Je veux être le disciple de ceux dont je tiens le jour. » Pour faire sentir l’absurdité de ce conte, il suffit de remarquer qu’à l’époque du règne d’Agasiclès, il n’y avait, point encore de sophistes dans la Grèce. Nous faisons cette observation pour répondre d’avance au reproche qu’on pourrait nous faire d’avoir négligé de rapporter des apophthegme et des anecdotes qui se trouvent répétés dans toutes les compilations, sans qu’on ait jamais examiné jusqu’à quel point on devait y ajouter foi. C-r.


AGATHARCHIDES, géographe et historien, né à Gnide, avait été, dans sa jeunesse, lecteur de l’historien Héraclide, surnommé Lembus, et fut, par la suite, tuteur de Ptolémée-Alexandre, qui régna sur l’Égypte vers l’an 104 avant J.-C., suivant Dodwel. Agatharchides fut attaché à la doctrine des péripatéticiens. Parmi ses nombreux ouvrages, relatifs à l’histoire et à la géographie, les anciens nous en font connaître trois : 1° de Mari rubro, en 5 livres : c’était un périple du golfe Arabique, contenant en même temps des détails curieux sur les Sabéens et autres peuples de l’Arabie heureuse ; les fragments conservés par Diodore et Photius ont été imprimés par H. Étienne, 1557, in-8o, et recueillis plus complètement par Hudson, dans les Geographi minores. vol. 1er. M. Gosselin l’a commenté, avec le savoir qu’on lui connait, dans ses Recherches sur la géographie. Dans cet ouvrage, il est, pour la première fois, question de la maladie singulière appelée dragonneaux, espèce de vers qui s’engendrent sous la peau, quelquefois long de plus d’un pied ; maladie que l’auteur dit être endémique chez les peuples de la mer Rouge. 2° De Asia. ouvrage en 10 livres, cité par Diodore, Phlegon, Lucien, Athênee, Photius et qui parait aussi avoir été connu de Pline, qui cite Agatharchides au sujet des Macrobiens de l’Inde (t.7, p. 2) : cet ouvrage semble avoir été du genre historique. 3° Europiaca, grand ouvrage dont Athénee cite les liv. 28, 34 et 38. Il parait encore, d’après Pline (loc. cit.) qu’Agatharchides avait écrit sur les fameux psylles de la Libye. Le nom de l’auteur de tant d’écrits doit donc exciter les plus vifs regrets chez les amateurs de l’histoire ancienne. On ignore s’il est le même qu’Agatharchides de Samos, auquel sont attribués les Phrygiaca, ou Traité des choses mémorables de la Phrygie, cité dans le Traité des fleuves, ouvrage faussement attribue à Plutarque, et dont l’autorité n’est pas d’un grand poids, ainsi que les Persica, cités dans le même ouvrage, dans Diodire, Josèphe et Photius. On peut croire que l’Agathyrsides de Samos, auquel Stobée (serm. 7 ) attribue une histoire de la Perse, est le même que ce dernier Agatharchides ; la ressemblance des noms a pu causer une erreur de copiste. M-B-n.


AGATHARQUE, peintre, fils d’Endemus, naquit à Santos ; mais ce fut à Athènes qu’il exerça son art. Il travaillait avec une grande facilité, et se faisait remarquer surtout par le talent avec lequel il peignait les animaux. Agatharque se piquait aussi de terminer avec une extrême promptitude les peintures qu’il entreprenait. Zeuxis l’avant entendu se vanter de cette célérité, presque toujours nuisible à la perfection, lui répondit froidement : « Moi, je me fais honneur de ma lenteur. » Agatharque ne peignait pas avec moins de succès les ornements et les décorations ; et le plus