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les projets de ce réformateur, il voulut introduire la réforme dans sa patrie. Mais les esprits n’étaient pas encore disposés à l’accepter ; ses prédications restèrent sans effet, et son zèle ne réussit qu’à le faire mettre en prison. Rendu à la liberté, il s’établit d’abord à Strasbourg, où on lui avait donné la place de recteur, et ensuite a Hambourg, où il exerça, comme pasteur de l’église de St-Pierre et comme inspecteur ecclésiastique, une influence sinon égale à celle de Calvin à Genève, au moins très-remarquable, et qui a laissé des traces dans les institutions tant civiles que religieuses de cette ville hanséatique. Lorsque en 1547 Charles-Quint, après la victoire de Muhlberg, eut sommé les protestants d’adopter l’Intérim, en attendant le nouveau concile qu’il avait demandé au pape, et auquel l’arrangement définitif des affaires de l’Église devait être confié, selon les vues de ce monarque, Æpinius fut un de ceux qui s’opposèrent avec le plus de force aux théologiens wittenbergeois, à la tête desquels était Mélanchthon, et qui, tout en refusant d’adopter dans son entier le projet d’organisation provisoire de l’empereur, se montraient disposés à un accommodement, en admettant plusieurs points de doctrine et de discipline romaine que Luther avait rejetés, comme choses indifférentes (adiaphora) et étrangères aux articles fondamentaux de la communion d’Augsbourg. Æpinus se déclara contre les adiaphoristes, et se réunit à Flacius-Illyricus, leur plus savant antagoniste. Il avait, dès 1534, rempli une mission de son parti auprès de Henri VIII, roi d’Angleterre, et signé, en 1558, les articles de Smalcalde. Parmi ses ouvrages, qui sont presque tous dirigés contre l’Église romaine, l’Intérim et les adiaphoristes, on doit remarquer quelques écrits dans le dialecte de la basse Saxe, dont les théologiens ne se sont guère servis depuis lui. S-r.

ÆPINIUS (François-Marie-Ulrich-Théodore), l’un des physiciens les plus recommandables qui aient existé, naquit le 15 décembre 1724, à Rostock. Il s’est distingué surtout par un ouvrage intitulé : Tentamen Theoriæ electricitatis et magnetissimi, imprimé à Pétersbourg, en un volume in-4o. Il y entreprend de soumettre au calcul les phénomènes de l’électricité et du magnétisme ; et, quoiqu’il n’ait pu traiter ainsi que ceux qui dépendent de l’équilibre des forces électriques ou magnétiques, neutralisées à distance, indépendamment de la figure des corps sur lesquels elles sont répandues, son travail cependant a rendu un grand service aux sciences : d’abord, en représentant dans leurs plus petits détails une foule de faits sur lesquels on n’avait que des idées très-vagues ; ensuite, en montrant la manière dont on pouvait appliquer le calcul à ces sortes de questions. La généralité, et, si l’on peut ainsi dire, l’abstraction des considérations mathématiques dont il faisait usage, lui fit découvrir plusieurs modes d’expériences auxquels on n’avait pas encore songé ; et il peut être regardé, à juste titre, comme le véritable inventeur du condensateur électrique et de l’électrophore, deux appareils dont il a donné complètement la théorie. Les phénomènes qu’Æpinus n’a point considérés sont ceux qui dépendent du mouvement de l’électricité et du magnétisme, de leur neutralisation au contact, des lois suivant lesquelles ces fluides (si toutefois ce sont des fluides) se distribuent sur la surface des corps. Mais ces recherches exigent une analyse très-profonde, qui n’a pas encore été donnée en général, et peut-être demanderaient-elles aussi que l’on eût, sur la nature de l’électricité et du magnétisme, des idées plus sûres et plus approfondies que celles que l’on a eues jusqu’à présent. M. Haüy a donné un abrégé de l’ouvrage d’Æpinus, 1787, in-8o ; mais ce n’est qu’un exposé succinct de sa doctrine, et non pas une traduction, comme on l’a dit trop souvent. Æpinus a encore publié un autre ouvrage, 1762, in-4o, intitulé : Réflexions sur la distribution de la chaleur sur la surface de la terre (traduites en français par Raoult de Rouen). Il a aussi donné plusieurs mémoires intéressants dans les volumes de l’Académie de Pétersbourg. Il est le premier qui ait fait des expériences exactes sur l’électricité de la tourmaline, et il a publié ses recherches sur ce sujet, conjointement avec celles de quelques autres physiciens, dans un petit ouvrage in-8o. Publié en 1762, à Pétersbourg. Il mourut à Dorpt, en Livonie, en août 1802, âgé de 78 ans. Le caractère principal qui distingue les ouvrages d’Æpinus, c’est une grande sagacité dans les expériences, unie à une grande rigueur de raisonnement dans les démonstrations. Il devait le premier de ces avantages à la nature, et le second à l’emploi des mathématiques, qu’il savait manier habilement. L’union de ces deux qualités constitue le vrai physicien. B-t.


AÉRIUS, hérésiarque du, 4e siècle, naquit dans le Pont, et suivit d’abord les opinions d’Arius. Vers l’an 355, il disputa vainement à Eustathe l’évêché de Sébaste, en Arménie. On a conjecturé qu’il prit alors la résolution de se séparer des chrétiens, dont il avait jusque-là fait partie ; il est seulement certain qu’il fonda une nouvelle secte, et eut beaucoup de partisans qui, de son nom, furent appelés aériens. St. Augustin, qui écrivit, en 428, son livre des Hérésies, dit que les aériens étaient alors nombreux dans la Pamphilie. Le principal point de leur doctrine était que les évêques ne sont distingués des prêtres par aucun droit divin ; mais que, d’après le Nouveau Testament, leurs devoirs et leur autorité sont les mêmes. Aérius soutint aussi qu’il ne fallait point prier pour les morts, et nia la nécessité d’observer les fêtes établies, ou de célébrer le jour de Pâques. Il appelait antiquaires les fidèles qui suivaient les cérémonies établies par l’Église, et qui s’attachaient au traditions ecclésiastiques. Ces erreurs furent également combattues par les aériens et par les orthodoxes : elles excitèrent un grand scandale. Aérius et ses sectateurs, exclus des églises et des villes, furent obligés de mener une vie errants. D-t.


AERSCHOT (duc d’), d’une illustre famille du Brabant, fut décoré, par Philippe II, roi d’Espagne, de l’ordrede la Toison d’or, en 1556, obtint un commandement dans l’armée, et fut créé membre du Raad van state (conseil d’État). Ayant refusé d’en-