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ADR

Epistolæ, lib. 11, 60). Il est auteur d’une Introduction à l’Écriture sainte (Isagoge in Scripturam sacram), que Photius trouve très-utile pour les commençants (Bibliotheca, 3). Cet ouvrage a été publié pour la première fois en grec, par David Hoeschel, Augsbourg, 1602, in-4o, d’après d’anciens manuscrits dont un appartient à la bibliothèque de cette ville. Jean Pearson l’a reproduit dans le tome 9 des Critici sacri, Londres, 1660. Il en existe une version latine dans les Opuscula de Louis Lollino, Bellune, 1650. Longtemps auparavant, Conrad Rittershuys avait eu le dessein d’en donner une traduction à la suite de son ouvrage intitulé : As fatidicus. Christophe Waltereck de Gluckstadt en avait fait une nouvelle traduction accompagnée de notes, dont Fabricius, son ami, désirait vivement la publication. (Voy. Bibl. græca, 9, 381.) W-s.


ADRIEN le Chartreux (Adrianus Cærthusianus) florissait dans les premières années du 15e siècle’, suivant Aubert Lemire (Auctar. de scriptorib. ecclesiast., 266), et habitait, en 1410, la chartreuse située près de Gertruidenberg. À la tête du seul ouvrage qui lui soit attribué, l’éditeur lui donne les titres d’excellent poëte et de professeur en théologie ; mais on ne connait aucune pièce de vers de religieux ; et s’il a enseigné la théologie, ce ne petit être que dans quelques couvents de son ordre. Cet ouvrage est intitulé : Liber de remediis utriusque fortunæ, prosperæ scilicet et adversæ, per A. quondam poetam prœestantem, nec non sacræ theologiæ professorem. La ressemblance de ce titre avec celui d’un traité de morale de Pétrarque a fait confondre souvent ces deux ouvrages par les bibliographes ; et le rédacteur de l’article Pétrarque, d’ailleurs si remarquable dans la première édition de la Biographie, n’a point évité cette erreur. Le traité de Pétrarque est écrit en, forme de dialogues ; celui d’Adrien est divisé par chapitres. Cette différence dans la composition suffit pour les faire distinguer au premier coup d’œil. L’ouvrage d’Adrien a été imprime pour la première fois à Cologne, in-4o, sans date (vers 1470)[1], avec les caractères employés par Ulrich de Zell. L’édition de Cologne, Arnold Therhoern, 1471, in-4o, est citée par la Serna, comme le premier livre dont les pages soient chiffrées (Dict. bibliogr. choisi, 11, 4) : mais M. Brunet a découvert que le même Therhoern avait déjà fait usage de chiffres dans le Sermo ad populum prœdicabilis, opuscule imprimé en 1470, petit in-4o de 12 feuilles, 27 lignes à la page. (Voy. le Manuel du libraire, au mot Liber.) Enfin, on connaît de l’ouvrage d’Adrien une 3e édition non moins rare que les précédentes. Elle est sans date, mais imprimée à Louvain par Jean de Westphalie, in-fol. à 2 colonnes. David Clément en fait mention dans sa Bibl. curieuse, 1, 56 ; l’Origine de l’imprimerie, 11, 57. W-s.


ADRY (Jean-Félicissime), savant bibliographe ; naquit en 1749, à Vincelotte, petit village de Bourgogne. Étant entré dans la congrégation de l’oratoire, il professa plusieurs années la rhétorique avec une rare distinction au collège de Troyes[2], dont il avait aussi été préfet. Son goût naissant pour les recherches littéraires ne fortifia par ses liaisons avec le célèbre Grosley, qui le dirigea dans ses études bibliographiques, et pour lequel il transcrivit divers documents relatifs à l’histoire de Troyes. (Voy. les Œuvres posthumes de Grosley, publ. par M. Patris-Dubreuil.) Il n’aurait jamais quitté cette ville, où ses talents lui avaient fait de nombreux amis, sans les instances de ses confrères, qui le décidèrent à venir à Paris occuper la place de bibliothécaire de la maison de l’oratoire. La révolution ayant prive le P. Adry de cet emploi, il se serait vu forcé de s’imposer des privations pénibles, si l’amitié n’avait trouvé le secret, en ménageant sa délicatesse, de lui faire accepter des secours. Aussi modeste que savant, il passait sa vie dans son cabinet, au milieu de ses livres, ne recevant de visites que de ses anciens élèves et des gens de lettres qui recouraient à ses lumières. Les articles intéressants dont il enrichissait le Magasin encyclopédique de Millin finirent par attirer l’attention publique. Nommé membre de la commission de l’examen des livres, il obtint en cette qualité une pension qui lui fut continuée par les divers gouvernements. Dans les trois dernières années de sa vie, il éprouva des souffrances cruelles, et il mourut le 20 mars 1818, a l’âge de 69 ans. La meilleure notice que l’on ait sur le P. Adry est celle que l’on trouve dans la Biographie des hommes vivants. Elle a été transcrite avec quelques additions dans le Moniteur et dans les Annales encyclopédiques de 1818. On doit à ce savant laborieux plusieurs éditions d’ouvrages anciens et modernes avec des préfaces estimées, ou des notes curieuses et d’utiles suppléments. Les principaux sont : le Voyage du Vallon tranquille, par Charpentier, Paris, 1796, in-12. Mercier de St-Léger a eu part à cette édition devenue rare. — Vie de Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg, par une de ses amies, 1799, in-4o, publiée sur un manuscrit de la bibliothèque de M. Beaucousin. ─ Histoire de la vie et de la mort tragique de Vittoria Accorambona, duchesse de Braciano, 1800, in-4o. Cet ouvrage et le précédent, imprimés à Dampierre par la duchesse de Luynes, née Montmorency-Laval, furent tirés à petit nombre. Ils ont été réunis, parle savant éditeur, dans un volume in-12, Paris, 1807. — Nouvelles de Boccace, traduites par Mirabeau, Paris, 1802, 4 vol. in-8o, avec une notice de l’éditeur sur Boccace, traduite en partie de Tiraboschi. — De l’Institution de l’orateur de Quintilien, traduite par Gédoyn, ibid., 1803, 4 vol. in-12. — L’Histoire de Turenne, par Raguenet, ibid., 1806, in-12. ─ Les Fables de la Fontaine, édition revue avec soin, précédée de la vie de l’auteur (par Fréron), et suivie d’un vocabulaire qui tiendra lieu de notes ; ibid., 1806, in-12. ─ Phædri Fabulæ,

  1. L’édition de Cologne, 1467, in-4o, citée par le Dictionnaire universel, est imaginaire ; quant à celle de Cremone, 1492, in-fol., c’est la première édition avec date de l’ouvrage de Pétrarque.
  2. On trouve dans le tome 1er de l’Essai de l’instruction morale, Paris, 1811, l’extrait des Plaidoyers qu’il avait composés pour les exercices de ses élèves, en 1778.