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ADR

Adrien n’avait ni assez de fermeté, ni assez d’habileté des affaires politiques, pour tenir une marche assurée au milieu de la révolution qu’il était chargé de réprimer. Après avoir consenti à la commission militaire et civile de l’alcade Ronquillo contre la ville de Ségovie, et à la marche de Fonseca contre Medina del Campo, il donna la mesure de sa faiblesse en rappelant ces deux hommes, trop fougueux peut-être, mais d’une fidélité inébranlable, et ils furent obligés de quitter l’Espagne pour aller porter leurs plaintes à Charles-Quint. Le cardinal était sans cesse en prières dans son cabinet, pour demander au ciel le remède à tant de maux dont il accusait de Chièvres. Il écrivait de longues lettres aux insurgés, et il en faisait écrire par l’empereur à leurs chefs, qui jugeaient par là des faibles moyens qu’on avait a leur opposer. Enfin Charles-Quint fut oblige de donner à son précepteur, qu’il ne voulait point trop humilier, un conseil de six personnes, choisies parmi les hommes les plus considérables ; et entre lesquels il désigne l’amiral de Castille, don Fadrique Henriquez, et don Inigo Velasco, connétable. Ces deux illustres Castillans conservèrent la monarchie à leur maître, qui n’hésita point a confesser, dans les lettres qu’il leur écrivait, que c’était à leurs bons services qu’il était redevable de la couronne. Le cardinal, en proie à ses irrésolutions, fit des démarches capables de décourager le parti de l’empereur ; il s’échappa tout seul, pendant la nuit, de la ville de Valladolid, pour se rendre à pied à celle de Rio-Secco, et envoya demander aux insurgés, dans les termes les plus humiliants, ses effets qu’il avait abandonnés. Heureusement pour lui, l’amiral Henriquez et le connétable se rendirent aussitôt à Rio-Secco, rassemblèrent les principaux membres de la noblesse, armèrent leurs vassaux, et se mirent à même d’opposer des forces égales à la sainte ligue. Ils parvinrent d’abord, soit par violence, soit par adresse, à détacher quelques chefs, et finirent par anéantir l’insurrection dans la plaine de Villalad. L’année suivante (1522), Adrien fut élevé au pontificat pour succéder à Léon X, qu’il était si difficile de remplacer. Il se trouvait alors à Vittoria avec le connétable et l’amiral de Castille, qui ne rendirent pas moins de services à l’empereur dans la guerre contre les Français, dont Adrien n’aurait jamais pu se tirer, sans le secours de ces Deux hommes, si dévoués à leur prince. Le nouveau pape arriva a Rome le 31 août. Il entreprit quelques réformes, et signala particulièrement son zèle a cet égard dans les instructions qu’il donna an nonce François Chéregat, qu’il envoyait à la diète de Nuremberg, assemblée au sujet des troubles excités par Luther. « Avouez ingénument, dit-il, que Dieu a permis ce schisme et cette persécution, à cause des prêtres et prélats de l’Église… car nous savons qu’il s’est passé dans ce saint siége beaucoup de choses abominables ; des abus dans les choses spirituelles ; des excès dans les ordonnances et les décrets qui en sont émanés, etc, » Ces aveux, faits avec une humilité profonde, mais que la prudence humaine n’eût peut-être pas conseillés, renfermaient une censure implicite de la conduite de tous les prédécesseurs d’Adrien indistinctement ; ils furent un sujet de triomphe pour les partisans de la réforme, et de blâme pour les écrivains attachés à la cour de Rome. Le cardinal Pallavicini dit d’Adrien VI : « Ce fut un excellent ecclésiastique ; mais, au fond, un pape très-médiocre. » Adrien disait qu’il fallait donner les hommes aux bénéfices, et non pas les bénéfices aux hommes, et ses choix furent toujours dictés par cette sage maxime. Sa frugalité, la simplicité de ses mœurs, et son éloignement pour toute espèce de luxe, contrastaient fortement avec la magnificence de son prédécesseur. Accoutumés à l’éclat d’une cour imposante, toujours occupés du souvenir de Léon X, dont l’esprit, la politique et l’amour passionné pour les beaux-arts avaient fait une seconde fois de Rome le centre de la puissance, des richesses et des lumières, les Romains n’étaient plus capables d’apprécier les vertus religieuses d’Adrien, qui, sans songer à l’esprit de son siècle, les ramenait à des mœurs simples et austères, en les rappelant au temps de la primitive Église. Adrien porta la réforme jusque dans les moindres détails. De cent palefreniers qu’avait Léon X, il n’en conserva que douze, afin, disait-il, d’en avoir un peu plus que les cardinaux. Tout le reste de sa maison fut réglé sur ce pied. Cette économie parut sordide et méprisable au peuple romain, qui s’en vengea par des sarcasmes. À sa mort, on trouva écrit sur la porte de son médecin : Au libérateur de la patrie. Adrien VI mourut le 24 septembre 1523, après un an de pontificat. Il eut pour successeur Clément VII. Rempli de savoir et de piété, il manqua de cette prévoyance qui doit présider aux actes de la politique, et de cette fermeté de caractère qui impose la confiance et le respect. Il renouvela l’alliance du saint-siége avec l’Empire ; mais les partisans de la cour de Rome lui reprochent d’avoir porté trop loin la reconnaissance envers l’Empereur, qu’il laissa en quelque sorte l’arbitre du Vatican. Son plus grand malheur fut d’être obligé de commander, ainsi que l’apprend à la postérité son épitaphe, que l’on dit avoir été composée par lui-même : Adrianus VI hic situs est, qui nihil sibi infelicius in vita, quam quod imperaret, duxit. Adrien a laissé quelques écrits de piété, et, dans son Commentaire sur le 4e livre des Sentences, on trouve cette proposition remarquable, qu’un pape peut errer, même dans ce qui appartient à la loi. Il avait composé cet ouvrage avant d’être pape ; il le fit réimprimer depuis, sans y rien changer. Il y en a une édition in-fol., Paris, 1512. On a encore de lui : Quœstiones quodlibeticæ, in-18, 1551 ; et ses Regulæ Cancellariæ, Romæ, 1526, in-8o. Gaspard Burmann a publié la vie de ce pontife à Utrecht, 1727. (Voy. Acuna, Charles-Quint, Ximenez, etc.) D-s.


ADRIEN, cardinal. (Voyez Castellos.)


ADRIEN, écrivain du 5e siècle, vivait, suivant Usher, vers 433. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il est antérieur a Cassiodore, qui le cite dans ses Institutions divines, ch. 10. Fabricius conjecture que c’est le même qu’Adrien, moine grec, auquel St. Nil adresse une des lettres publiées par Allatius (S. Nili