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ADR

études, au point de mériter et d’obtenir, dès la plus tendre jeunesse, la chaire de belles-lettres que son père avait occupée dans l’université de Florence. Adriani était membre de l’Académie florentine, dont il fut censeur et quatre fois conseiller. On lui doit l’édition de l’histoire écrite par son père. On a de lui : 1° une traduction italienne du Traité de l’élocution de Démétrius de Phalére, qu’il avait laissée manuscrite, et qui n’a été imprimée qu’en 1738, in-8o, par les soins d’A. F. Gori. L’éditeur y a mis une savante préface, et une notice sur la vie et les écrits de Marcel Adriani. 2° Deux Leçons sur l’éducation de la noblesse Florentine, imprimées dans la 2e partie du volume 4 des Prose florentine. Il a encore traduit en italien les Œuvres morales de Plutarque ; Ammirato et d’autres auteurs ont fait l’éloge de cette traduction, restée inédite. Il y en avait une copie à Florence, dans la bibliothèque Magliabecchi, et une autre dans celle du chanoine Riccardi, réunies toutes deux à la Laurentienne. G-é.


ADRIANO, peintre espagnol, né à Cordoue, et frère lai dans l’ordre des carmes déchaussés. Ses ouvrages sont en petit nombre, et ne se trouvent que dans le lieu de sa naissance. Le plus remarquable est un Crucifiement, dans le goût de Sadeler, peintre dont il estimait beaucoup la manière. Cet artiste se définit tellement de lui-même, qu’il était dans l’usage d’effacer ses tableaux aussitôt qu’il les avait exécutés. Ses amis lui demandèrent de les conserver, au nom des âmes du purgatoire, pour qui le pieux Adriano adressait de fréquentes prières au ciel ; ils parvinrent ainsi a préserver de la destruction des ouvrages dignes d’estime. On ignore l’année de la naissance d’Adriano ; il mourut a Cordoue en 1630. D-t.


ADRICHOMIUS (Christian), né a Delft, en Hollande, le 14 février 1553, embrassa l’état ecclésiastique, fut ordonné prêtre le 2 mars 1561, et eut la direction des religieuses de Ste-Barbe, jusqu’au moment où, les guerres de religion l’ayant contraint de quitter sa patrie, il se retira d’abord a Malines, ensuite a Maëstricht, et enfin a Cologne, où il mourut le 20 juin 1585. On a de lui : 1° Vita Jesu Christi, ex quatuor evangelistis breviter contexta, Anvers, 1578, in-12. Il donna sous le nom de Christianus Crucius, cet ouvrage, a la suite duquel il fit imprimer un discours de christiana Beatitudine. 2" Theatrum terræ sanctæ, ouvrage orné de cartes géographiques, et imprimé cinq fois, 1590, 1593, 1600, 1628, 1682, in-fol. Il est divisé en trois parties ; la première est une géographie de la terre sainte ; la seconde, une description de Jérusalem, que l’auteur avait déjà fait imprimer en 1584, 1588 et 1502, in-8o ; et la troisième, une chronique depuis le commencement du monde jusqu’à la mort de St. Jean l’Évangéliste, qu’il place a l’année 109 de J.-C. La partie géographique de cet ouvrage est encore estimée[1]. Adrichomius a pris souvent le nom de Christian. Crucis. A. B-t.

ADRIEN (P. Ælius Adrianus ou Hadrianus), empereur romain, eut pour père Ælius Adrianus Afer, cousin germain de Trajan, et pour mère, Domitia Pauline, d’une illustre maison de Cadix. Sa famille était originaire d’Italica en Espagne, ville natale de Trajan, et Eutrope dit qu’Adrien lui-même y naquit. Selon Spartien, Rome lui donna la naissance le 24 janvier de l’an 76 de J.-C., sous le 7er consulat de Vespasien et le 5e de Titis. Il n’avait que dix ans lorsqu’il perdit son père, et il eut pour tuteurs Trajan et Tatien, chevalier romains. Après avoir fait de grands progrès dans la langue grecque, il servit en Espagne jusqu’à ce que Trajan le rappelât. Il conduisit ensuite en Mœsie la 2e légion auxiliaire. Ce fut alors, dit-on, qu’il eut la faiblesse de croire a l’astrologie judiciaire, et qu’il apprit d’un nécromancien qu’il parviendrait un jour à l’empire. Son grand-oncle lui avait déjà fait la même prédiction, et, dans la suite. Sura, favori de Trajan, lui prédit en mourant que ce prince l’adopterait. Lorsque Trajan fut adopté par Nerva, Adrien vint le féliciter au nom de l’armée, et ce fut encore lui qui annonça à ce prince la mort de Nerva. Il parait que Trajan n’avait pas pour lui une affection bien réelle ; mais il était mieux vu de l’impératrice Plotine : cette princesse obtint de l’empereur qu’il lui donnât eu mariage sa petite-nièce, Julia Sabina. Nommé questeur, et chargé des registres du sénat, Adrien abandonna cet emploi pour accompagner l’empereur dans la guerre contre les Daces, la 12e année du règne de Trajan. Il devint consul, fut ensuite tribun du peuple, et marcha de nouveau contre les ennemis, à la suite de l’empereur. Il se distingua tellement dans cette guerre, que Trajan lui fit présent du diamant que lui-même avait reçu de Nerva, lorsque ce prince l’avait adopté. Adrien regarda avec raison ce présent comme le gage de son adoption future. Devenu préteur, il donna au peuple des jeux magnifiques en l’absence de Trajan, et, dans la suite, fut nommé archonte d’Athènes. Trajan, étant tombé malade, laissa l’armée sous les ordres d’Adrien, qu’il avait fait gouverneur de Syrie, et mourut peu de temps après. Les historiens varient sur la manière dont Adrien parvint a l’empire. Les uns prétendent qu’adopté par Trajan depuis une année, il lui succéda légitimement ; d’autres assurent que Plotine, toujours portée à favoriser Adrien, avait tenu secrète pendant trois jours la mort de Trajan, et que les lettres d’adoption envoyées au sénat étaient supposées. Dion va même jusqu’à déclarer qu’il tenait ces détails d’Apronien son père, qui avait été gouverneur de la Cilicie, où Trajan était mort. Quoi qu’il en soit, Adrien, parvenu à l’empire, commença par gouverner avec douceur ; il annonça l’intention de pardonner a ses ennemis, et on cite le mot qu’il dit à

  1. Adrichomius a donné des cartes particulières des loue tribus ; il explique ta situation et histoire des villes, des rivières, et des lieux placés dans ses filles, par des notes qi’il a rangés par ordre alphabétique avec des chiffres qui ont rapport à ceux qui sont dans les cartes. L’ouvrage était un chef-d’œuvre pour le temps, et quoique l’on ait tait, depuis Adrichomius, de nouvelles découvertes, cette partie de son ouvrage est et sera toujours très-bonne et très-utile, aussi bien que sa description de la ville de Jérusalem. À l’article de ce théologien, Foppens donne une notice des Belges qui ont visité la terre sainte et en ont fait la description. R-f-g.