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ADR

673. insérée dans le 1er t. des Acta ord. S. Ben. ; 3° un recueil des miracles de St. Benoit, qui se trouve dans le second siècle des mêmes actes, recueil curieux en ce qu’il contient plusieurs choses intéressantes sur l’histoire de France. L’auteur, est un des premiers qui aient désigne les gouverneurs des provinces limitrophes par le titre de marquis. Il fait l’apologie des combats singuliers pour terminer les procès, et parait être dans l’opinion renouvelée, il y a quelques années, par le rédacteur des Pensées de Leibnitz, quoique formellement condamnée par St. Augustin et par Bossuet, savoir, que les prières des fidèles peuvent contribuer à soulager les réprouvés. Adrevald avait composé sur l’Écriture sainte d’autres ouvrages en vers et en prose, dont on ne connait plus qu’un traité manuscrit sur les bénédictions des douze patriarches, qui se conservait dans la bibliothèque de St-Victor. Son style est diffus ; mais il avait beaucoup de lecture, et il ne lui manquait que du goût et du discernement. Sigebert l’appelle Adelbert, ce qui l’a fait confondre avec un autre moine de Fleury, de ce nom, mort en 853, et qui est auteur de l’Histoire de la translation de St. Benoit, dont la meilleure édition a été donnée par Mabillon, dans les Acta ord. S. Ben., avec des observations et notes. Aimoin avait mis cette histoire en vers héroïques. T-d.


ADRIA (Jean-Jacques), historien et médecin de Mazara, en Sicile, étudia sous Augustin Niphus à Naples, fut reçu docteur à Salerne, en 1510, et pratiqua la médecine avec succès à Palerme, ce qui lui mérita le droit de bourgeoisie dans cette ville. Charles V le fit ensuite son médecin. Il mourut, en 1560, à Mazara, sa patrie, dont il a publié une topographie. Il a aussi écrit sur la peste, sur la saignée, les bains de Sicile, etc. C. et A-n.


ADRIAN, proprement Adriansen (Corneille), franciscain déhonté, que van Meteren, dans son Histoire des Pays-Bas, et J. Boileau dans son Historia flagellantium, accusent d’avoir souillé par ses mœurs la sainteté du confessionnal. Il était né à Dordrecht en 1521, et fut longtemps gardien de son ordre. Il se mêla des affaires politiques pendant la guerre des Pays-Bas, et changea plusieurs fois de parti, en restant toujours fidèle à celui du vainqueur. Ce fut pour échapper à sa haine que George Cassander quitta Bruges, ou il enseignait les belles-lettres. On appelait communément Adrian, le frère Corneille. Il mourut à Ypres, en 1581. On a plusieurs éditions de ses sermons, 1569, in-8o, Amsterdam, 1607 et 1640, in-8o. À ces deux dernières, est jointe une figure qui représente l’infâme discipline à laquelle Adrian assujettissait ses pénitentes avant la confession, discipline que Voet appelle Disciplinam Gymnopygicam Cornelianam (Disp. Select., p. 4, p. 262.) On a prétendu qu’Adrian avait été calomnié par les protestants, mais cela parait peu probable[1]. G-t.


ADRIANI (Marcel-Virgile), professeur de belles-lettres et chancelier de la république de Florence, né en 1464, était très-versé dans la connaissance des langues grecque et latine. Varchi, dans une de ses leçons, l’appelle l’homme le plus éloquent de son temps. Adriani mourut en 1521, des suites d’une chute de cheval ; il avait donné, en 1518 : une traduction latine de Dioscoride, de Materia medica, avec des Commentaires. Vers la fin de cette traduction, il parle d’un traité de Mensuris, ponderibus et, coloribus, qu’il était près de publier ; mais ce traité n’a point paru. Mazzuchelli parle d’Adriani avec assez d’étendue dans ses Scrittori italiani, et, plus encore, le chanoine Bandini, dans la préface de son ouvrage, intitulé : Collectio Veterum Monumentarum. La traduction de Dioscoride, qu’il dédia au pape Léon X, lui fit une si grande réputation, qu’on l’appelait le Dioscoride Florentin. G-é.


ADRIANI (Jean-Baptiste), fils du précédent, né en 1513, et mort à Florence en 1579, porta d’abord les armes avec distinction dans sa jeunesse, pour défendre la liberté de sa patrie, et se livra ensuite à des études agréables et solides. Il professa l’éloquence, pendant trente ans, dans l’université de Florence, et compta parmi ses amis ses plus illustres contemporain, Annibal Caro, Varchi, Flaminio, les cardinaux Bembo et Contarini. Le principal ouvrage d’Adriani est l’Histoire de son temps, qui s’étend depuis 1536 jusqu’en 1574, et fait suite à celle de Guichardin. L’abbé Lenglet du Fresnoy, Bayle, et surtout de Thou, qui en a tiré beaucoup de secours, en ont fait de grands éloges ; ils en ont principalement loué l’exactitude. Adriani la composa sur de bons mémoires, et, entre autres, à ce que l’on croit, sur ceux du grand-duc Cosme Ier, par l’ordre duquel il l’avait entreprise ; elle ne parut qu’après la mort de l’auteur, à Florence, chez les Junte, 1583, in-fol. Cette édition est rare et plus recherchée que celle de Venise, 1587, 3 vol. in-4o. On a encore imprimé d’Adriani des Oraisons funèbres de Cosme Ier, de Charles V et de l’empereur Ferdinand. On répète, de dictionnaires en dictionnaires, le reproche qu’on lui a fait de s’y être écarté de l’histoire, comme si l’histoire et les oraisons funèbres étaient ordinairement d’accord. Sa lettre à George Vasari sur les peintres de l’antiquité, que Pline a nommés dans son histoire, est plutôt un traité qu’une simple lettre ; elle fut imprimée à Florence, 1567, in-4o. Vasari l’a insérée au commencement du 2e volume de ses Vies des Peintres ; il reconnaît qu’Adriani était un amateur très-éclairé des beaux arts, et que ses conseils lui avaient été d’un grand secours lorsqu’il peignit à Florence le palais du grand-duc. G-é.


ADRIANI (Marcel), fils de Jean-Baptiste, né en 1553, et mort en 1604, se distingua dans ses

  1. Valère André s’exprime ainsi sur son compte : Vir singularis cum eruditionis tum eloquintiæ, triumque linguerum, quæ sacrœ sunt et dicuntur, callentissimus, ques et Brugis Flandorum publice docuit, popuism Brugensem, ennis continuis XXX incredibili cum gratis, fructu aique utilitate, divini verbi suerissimo parit alimento, interque frementium, hæreticorum calumnias, aique obstriligiantium sycophaniarum caminos insultus, libellorumlque famoen lubidria, semper constents et invicius, verus Brugensium epostolusu, religiosis omnibus causa fidei proscripit, plenus dierum a c meritorum, obiit 1681, prid. jd. jul. annos natos 60. On a peine à concilier ses éloges avec les imputations odieuses recueillies dans van Meteren, et dans Jacques Bolleau qui l’a copié, Histor. flagell., Parrisiis, 1700, p 248. R-f-g.