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ADO

une grande connaissance de l’histoire, tant profane qu’ecclésiastique. Adon est aussi l’auteur d’une Vie de St. Didier, martyr, l’un de ses prédécesseurs, qui se trouve dans Canisius ; et de celle de St. Theudier ou St. Chef, imprimée dans les Acta sanctorum ord. S. B. L’ouvrage qu’il avait écrit contre le schisme des Grecs est perdu. T-d.


ADONIAS, 4e fils de David, ne lui avait jamais donné le moindre sujet de plainte ; mais, après la mort de ses frères aînés, il conçut le projet de se faire couronner du vivant même de son père. Des lors il ne parut plus en public qu’avec un superbe appareil, escorté de gardes à cheval, et précédé de cinquante coureurs. Joab et le grand prêtre Abiathar entrèrent dans ses vues. Adonias alors, ne doutant plus du succès de ses projets ambitieux, alla offrir des sacrifices près de la fontaine de Rogel, où furent invités tous ses frères excepté Salomon. Les principaux de Juda, parmi lesquels se trouvaient plusieurs serviteurs du roi, proclamèrent Adonias. David, instruit de cet événement par le prophète Nathan et par Bethsabée, mère de Salomon, fit aussitôt sacrer ce prince a Gihou, par le grand prêtre Sadoc. Tout Israël le reconnut, et Adonias, pour prévenir la punition qui le menaçait, courut se réfugier au pied de l’autel, et n’en sortit qu’après que le nouveau roi lui eut promis son pardon. Adonias n’abandonna pas entièrement ses projets. Après la mort de David, il fit demander en mariage Abisag, sa veuve, contre la défense de la loi, qui proscrivait les unions entre le fils et la belle-mère, et contre l’usage qui ne permettait pas que la veuve d’un roi fût unie à d’autres qu’à un roi. Salomon pénétra l’intention de son frère, et le fit mettre à mort vers l’an 1014 avant J.-C. T-d.


ADONIBESECH, roi de Besech, dans la terre de Chanaan, sur les confins de la tribu de Juda, prince féroce et puissant, qui, ayant fait prisonniers soixante-dix rois, leur fit couper les extrémités des pieds et des mains, et ne voulut pas qu’on leur donnât d’autre nourriture que ce qu’ils pouvaient ramasser avec la bouche des restes de sa table. Ayant fait la guerre aux Hébreux, qu’il avait juré d’exterminer, il fut défait, pris dans sa fuite, et eut le même sort qu’il avait fait éprouver aux rois ses captifs. On le conduisit, les pieds et les mains coupés, à Jérusalem, où il mourut. T-d.


ADORNO (Gabriel), marchand génois, d’une famille du parti gibelin. Simon Boccanegra, le premier doge de Gènes, étant mort en 1363, le peuple choisit, pour lui succéder, Gabriel Adorno, dont la prudence et la probité étaient universellement reconnues. Ce fut le commencement de la grandeur de cette maison. Les Génois, fatigués des dissensions éternelles entre quatre familles qui, jusqu’à l’an 1340, s’étaient partagé tous les emplois, avaient résolu d’exclure a jamais les nobles de la magistrature suprême, et ils avaient créé un doge pour être le défenseur du peuple contre les grands : mais ils éprouvèrent bientôt que la rivalité du pouvoir n’était pas chez les plébéiens une passion moins violente que chez la noblesse, et que les Adorni n’étaient pas moins ambitieux que les Doria ou les Spinbla. Gabriel Adorno eut sans cesse à combattre les nobles qui s’étaient retirés dans les montagnes de la Ligurie, et qui infestaient par leurs brigandages tout le territoire de la république. Les Visconti, seigneurs de Milan, donnaient des secours à tous les rebelles, et, pour les repousser, le doge fut contraint d’établir de nouveaux impôts. Le peuple ne voulut pas s’y soumettre longtemps ; il se souleva en 1370, envoya Gabriel Adorno en exil à Voltaggio, et lui donna Dominique Frégoso pour successeur. S. S-i.


ADORNO (Antoniotto) joignait a une ambition insatiable un génie vaste et profond : son cœur était généreux, ses manières grandes et nobles, et son nom respecté par tous les princes de l’Europe. Quatre fois, depuis 1384, il fut élevé sur le trône ducal ; mais jamais des factions plus acharnées ne s’étaient combattues dans Gènes que pendant sa vie. De même que ses amis étaient prêts à tout sacrifier pour le rendre puissant, ses ennemis, pour le renverser, renouvelaient chaque année leurs attaques avec un redoublement de fureur ; aussi fut-il obligé, à plusieurs reprises, de s’enfuir pour faire place à Léonard et à Antoine de Montalto, à Pierre et à Jacob Frégoso. À Antoine de Guerco et à d’autres encore, qu’on lui opposa successivement. Antoniotto Adorno se signala par la délivrance du pape Urbain VI, assiégé, dans le château de Nocéra, par Charles III, roi de Naples. Le doge lui envoya, en 1385, une flotte puissante pour le ramener à Gènes avec ses cardinaux. Il songea ensuite à punir les Maures de leurs brigandages, et prit sur eux, en 1388, l’ile de Gerbi, autrefois des Lotophages ; après quoi, il transporta une armée sur les rivages de Tunis. Le duc de Bourbon, avec un grand nombre de gentilshommes français et anglais, avait marché à cette expédition comme à une croisade. Le roi de Tunis fut obligé de rendre la liberté a tous les chrétiens captifs, de payer un tribut aux Génois, et de promettre qu’à l’avenir ses sujets s’abstiendraient du brigandage. Antoniotto Adorno était allié de Jean Galéas Visconti, duc de Milan ; mais il s’aperçut bientôt que ce voisin ambitieux et perfide excitait les factions de Gènes, pour accabler ensuite la république lorsque ses forces seraient épuisées. Déterminé à ne point lui laisser recueillir les fruits de cette politique cruelle, il résolut de mettre sa patrie sous la protection puissante du roi de France. Charles VI s’engagea par un traité, signé le 25 octobre 1396, à respecter tous les privilèges des Génois, qui reconnurent sa suzeraineté ; Antonio Adorno renonça au titre de doge pour prendre celui de vicaire ou gouverneur royal.