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dispositions. Devenu plus grand, Adolphe se créa un parti considérable, dans lequel entrèrent aussi les principales villes du duché, Nimègue, Arnhem et Zutphen, mécontentes de la négligence avec laquelle Arnold gouvernait ses États. Enfin, encouragé par les insinuations de sa mère et par les forces toujours croissantes de son parti, Adolphe forma, en 1464, le projet de déposer son père, et de se mettre à sa place : l’année suivante, Arnold fut arrêté dans son château, et transporté en robe de chambre, par-dessus la glace, au château de Buren, qui fut sa prison jusqu’en 1470. Cependant Jean, duc de Clèves, entreprit de le délivrer, et remporta sur Adolphe quelques avantages qui amenèrent une trêve dont la conclusion eut lieu en 1469, à Gand, par la médiation de Charles, duc de Bourgogne, et beau-frère d’Adolphe. Le duc Arnold sorti enfin de prison, se rendit à Hesdin, où il eut une entrevue avec son fils rebelle, devant le duc de Bourgogne. Le père et le fils cherchèrent à se justifier, en s’accusant l’un l’autre avec beaucoup d’animosité. Adolphe ne voulut entendre parler d’aucun accommodement, avant que son père s’engageât par serment à abdiquer et à renoncer au titre de duc ; Charles, en qualité de médiateur, rejeta cette proposition. Plusieurs autres entrevues eurent lieu sans succès. Adolphe, suivant son impétuosité naturelle ; quitta secrètement le duc de Bourgogne ; mais il fut arrêté dans sa fuite, et transporte, par ordre de Charles, au château de Vilvorden, ou il resta jusqu’à la mort du duc. Après plusieurs aventures, il périt dans une escarmouche devant la ville de Doornick, en 1477, n’ayant pas encore atteint l’âge de 39 ans. Il fut enterré dans l’église de Notre-Dame de cette ville. D-g.


ADOLPHE Ier, duc de Holstein, fils de Frédéric Ier, roi de Danemark, et de Sophie, duchesse de Poméranie, tige des ducs de Holstein-Gottorp, né le 25 janvier 1526. C’était un prince d’une humeur singulièrement belliqueuse, et qui passa sa vie à faire la guerre. Il se rendit en 1548 à la cour de Charles-Quint, et suivit l’empereur au siége de Metz. Après avoir pris part aux querelles de plusieurs princes allemands, il fit un voyage en Angleterre, où la reine Élisabeth le reçut avec beaucoup de distinction ; il reçut de sa main l’ordre de la Jarretière : on parla même d’un projet de mariage projeté entre ces deux souverains ; mais ce projet n’eut pas plus de suite que tous ceux du même genre dont Élisabeth fut l’objet. De retour en Allemagne, le duc Adolphe ne fut pas longtemps sans prendre les armes : il entra au service de Philippe II, et se battit contre les Hollandais. Rassasié cependant de guerres et de victoires, il se retira dans ses États, rebâtit la ville de Gottorp, qu’un incendie avait presque entièrement détruite, et mourut le 1er octobre 1586. G-t.


ADOLPHE (Jean), duc de Saxe, de Querfurt et de Weissenfels, né le 4 septembre 1685. La nature l’avait doué de facultés brillantes ; une bonne éducation les développa ; ses voyages en Hollande et en France lui donnèrent cette expérience si nécessaire à qui doit gouverner. Entré comme capitaine dans les troupes hessoises, en 1701, il monta un des premiers à l’assaut au siége de Juliers, s’élança par dessus les palissades, et entra dans la citadelle. De pareils traits, souvent répétés, lui acquirent bientôt l’estime de Marlborough et des autres généraux. En 1704, il fut fait lieutenant général des troupes hessoises. Après s’être distingué dans plusieurs campagnes contre les Français, il entra en 1710 au service d’Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne, qui le nomma major général de son armée. Charles XII et ses généraux éprouvèrent souvent sa valeur ; non moins habile à calmer les troubles intérieurs qu’à vaincre les ennemis, il pacifia la Lithuanie et la Pologne, et, en 1718, marcha avec 6,000 hommes contre les Turcs, à qui l’empereur Charles VI venait de déclarer la guerre. La paix, conclue la même année, lui permit enfin le repos ; il épousa Jeanne-Antoinette, princesse de Saxe-Eisenach, et ne la quitta qu’au bout de deux ans, pour reprendre les armes : il se distingua sous Auguste III par la prise de Dantzick ; comblé d’honneurs et de gloire, il se vit appelé, en 1736, à une vie plus tranquille ; la mort de son frère, le duc Christian, le rendit souverain du pays de Weissenfels : il quitta le service de l’électeur, et se consacra tout entier au bonheur de ses sujets, jusque là opprimés et malheureux ; par sa sagesse et son économie, il releva de sa décadence ce petit État, qui s’agrandit, en 1739, par la réunion du comté de Barby. La guerre qui éclata en Bohème força Adolphe à reprendre les armes ; en 1744, il signala contre les Prussiens son ancienne valeur : mais il était déjà malade, et, de retour a Weissenfels après la bataille de Willdorf, il y mourut le 16 mai 1714, âgé de 39 ans. G-t.


ADOLPHE-FRÉDÉRIC de HOLSTEIN-EUTIN, roi de Suède, né le 14 mai 1710, proclame le 6 avril 1751, après la mort de Frédéric Ier, était auparavant évêque de Lubeck et administrateur du duché de Holstein-Gottorp. Des l’année 1745, les états de Suède, désirant se rapprocher de la Russie, après une guerre malheureuse, avaient déjà déféré à ce prince la succession au trône, quoiqu’un parti considérable penchât pour un prince de Danemark. Ce fut pour empêcher une élection aussi contraire aux intérêts de la Russie, que l’impératrice Élisabeth consentit à la paix, à condition qu’Adolphe-Frédéric serait appelé au trône de Suède. L’élection eut lieu le 3 juillet 1743, et la paix définitive fut signée à Abo, le 18 août Suivant. Adolphe-Frédéric fit aux états le serment de maintenir les lois, et de gouverner la Suède suivant la forme établie en 1729, et il dirigea ensuite tous ses efforts vers le bonheur et la prospérité de son royaume. Il protégea les sciences et les arts, et fit élever, en 1755, à Tornéo, dans la Bothnie occidentale, un monument destiné à consacrer le souvenir des opérations de plusieurs académiciens français qui y étaient venus pour déterminer la figure de la terre. Il confirma, dans la même année, l’Académie des inscriptions et belles-lettres établie à Stockholm par Louise Ulrique, son épouse, et fonda plusieurs établissements ou la jeunesse fut instruite, et