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la haute position où il se trouvait placé, fut l’accomplissement d’une mission difficile en Norwége, celle de soulever ce pays contre le Danemark. Peu de temps après, ne pouvant s’entendre avec Adlerscreutz, il demanda à Charles XIII de retirer à son adversaire sa charge d’adjudant général. Il est certain que de son côté, Adlerscreutz, de concert avec le roi ; avait cherché à éloigner de Stockholm son rival et ses troupe. Le roi écouta la demande d’Adlersparre avec surprise, et ne crut pas pouvoir lui donner de suite. La susceptibilité du ministre se révolta ; il proposa immédiatement sa démission, qu’il consentit pourtant à différer jusqu’à la fin de la diète, et se retira ensuite dans le département de Skaraborg dont il fut gouverneur, Bien qu’il eut cessé entièrement de participer à la direction des affaires générales, le gouvernement ne l’oublia point, car il craignait son influence. Adlersparre reçut la grande croix de l’ordre de l’Épée, celle de chevalier de l’ordre des Séraphins, le titre de comte, et celui de seigneur du royaume, auquel est attaché le nom d’excellence (1817). Mais alors il était de nouveau et subitement rentré dans la vie privée ; les censures qu’il dut subir pour quelques actes arbitraires dans l’administration de son département le portèrent à se retirer dans la Wermlandie, où il avait précédemment épousé une riche héritière. Il eut désormais la liberté de consacrer tous ses instants à la science et aux lettres. À cette époque parut dans le monde politique une œuvre qui produisit une grande sensation. Ce travail était intitulé : Svenska Konungars regenivarde, et les rois de Suède y étaient en effet jugés comme hommes politiques. Enfin, et c’est par là qu’il parvint surtout à attirer l’attention, il contenait quelques vues peu favorables au règne de Charles-Jean. Il ne portait point de nom d’auteur, et ce ne fut que longtemps après que l’on sut qu’il était sorti de la plume d’Adlersparre. Plus tard parut un nouvel ouvrage du même publiciste, sous le titre de Pièces pour servir à l’histoire de la Suède ancienne, moderne et nouvelle. Par lui-même, au point de vue littéraire, cet ouvrage avait peu de valeur ; mais il contenait des documents précieux sur les événements contemporains et les hommes qui avaient pu y prendre part. Il eut tout d’abord un grand succès de curiosité, et un procès en diffamation que le comte Wetterstedt intenta à l’auteur ne fit qu’accroître encore ce succès. Adlersparre fut condamné, en vertu des lois sur la presse, comme ayant mis au jour des faits dont la connaissance pouvait nuire à des personnages encore vivants. Il fut bien forcé de payer l’amende, mais il protesta contre le jugement, qu’il regardait comme moralement injuste et promit de continuer ses révélations. En effet, il en publia encore quelques livraisons qui, n’ayant ni l’attrait d’un livre fortement pensé et élégamment écrit, ni même l’intérêt de révélations nouvelles, ne rencontrèrent bientôt plus que l’indifférence. Dès lors Adlersparre, retiré à sa terre du Wermland, se renferma dans la plus complète inaction, se contentant de lancer de temps à autre quelques boutades verbales contre le gouvernement, qui cependant n’avait cessé de le craindre et par conséquent de lui témoigner beaucoup d’égards. Depuis qu’il avait quitté le conseil d’État, il n’avait plus pris aucune part aux travaux des diètes. Il est mort en 1837. H. D-z.


ADLUNG (Jacques), professeur au gymnase d’Erfurth, et organiste de l’église luthérienne de cette ville, né à Bindersleben, en 1699. On a de lui plusieurs ouvrages écrits en allemand, parmi lesquels on distingue l’ïnstruction sur la construction, l’usage et la conservation des orgues, clavecins, etc., avec des augmentations, par J.-F. Agricola, compositeur de la cour, Berlin, 1768, in-4o, avec figures. J.-L. Albrecht, maître de musique à Mulhausen, qui en fut l’éditeur, y a ajouté des notes. La vie d’Adlung, écrite par lui-même, se trouve dans la préface de cet ouvrage. Le même Albrecht est aussi éditeur des Sept Étoiles musicales, Berlin, 1768, in-4o. Adlung choisit ce singulier titre pour publier des réponses à sept questions sur des objets relatifs à l’harmonie musicale ; son Introduction à la Science musicale, imprimée d’abord à Erfurth, in-8o, 1758, a été réimprimée en 1783. L’éditeur, Ch. Hiller, de Leipsick, l’a augmentée d’un chapitre. Dans un incendie qui priva Adlung d’une partie de sa fortune, plusieurs de ses manuscrits furent la proie des flammes. Ce célèbre organiste est mort à Erfurth, le 5 janvier 1762. P-x.


ADLZREITER (Jean), de Tottenwelss, chancelier privé de l’électeur de Bavière, né à Rosenheim, en 1596, fit ses études à Munich et à Ingolstadt, servit habilement la maison de Bavière dans plusieurs occasions importantes, et se fit un nom, comme historien, par ses Annales Boïcœ gentils. Cet ouvrage, puisé dans des sources authentiques, renferme l’histoire de la Bavière depuis le commencement jusqu’à l’an 1662, époque de sa publication à Munich. Leibnitz le publia de nouveau en 1710. Le jésuite Ferveaux aida Adlzreiter dans la rédaction de ces Annales. Cet historien mourut en 1662. G-t.


ADMIRAL (Henri), né en 1744, à Aujolet, village de l’Auvergne, d’un famille de paysans, vint, comme beaucoup de ses compatriotes, fort jeune à Paris, pour y trouver de quoi vivre par les plus pénibles travaux. Après avoir été domestique de Bertin et de plusieurs parents de ce ministre, il entra garçon de bureau dans l’administration de la loterie. Cette administration ayant été supprimée par le gouvernement révolutionnaire, et ses protecteurs ayant émigré, il se trouva dans une position difficile et continua cependant à demeurer a Paris. Témoin, en 1793, des scènes les plus sanglantes de la révolution, il conçut une haine violente contre les chefs du gouvernement et forma le projet de délivrer la France des auteurs de tant de maux. Ce fut d’abord Robespierre qu’il voulut immoler ; mais ayant tenté vainement de pénétrer chez lui, armé de pistolets, il se décida à faire la même tentative contre Collot-d’Herbois ; il se logea dans sa maison ; et, le 22 mai 1794, au moment où ce représentant montait l’escalier, il tira sur lui deux coups de pistolets chargés à balle ; mais ces deux coups firent long feu ; Admiral, poursuivi, se réfugia dans sa chambre a un cinquième étage, ou il se défendit courageusement.