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précède cette édition, le travail de Roquefort sur la littérature française au 12e et 13e siècle, et aussi l’Histoire littéraire de la France, t. 7, 8 et 10. H-D-Z.


ADER (Guillaume), médecin de Toulouse, au 17e siècle, est auteur d’un ouvrage intitulé : Enarationes de Ægrotis in Evangelia ; opus in miraculorum Christi Domini amplitudinem Ecclesiæ christianæ eliminatum, Tolosæ, in-4o. Dans ce traité, l’auteur cherche à prouver que toutes les guerisons opérées par Jésus-Christ ne pouvaient l’être par les secours de l’art, et sont réellement miraculeuses, M&ad avait traité en partie cette question dans son commentaire de Morbis biblica. Vigneul-Marville dit qu’Ader n’avait composé ce livre que pour en faire oublier un autre, où il avait d’abord soutenu le contraire. Ader a écrit un ouvrage latin sur la peste, de Pestis cognitione, prœvisione et remedis, Tolosæ, 1628, in-8o. On a encore de lui : 1° lou Catounet Gascoun, 1612, in-8o ; 2° lou Gentilhomme Gascoun, 1610, in-8o. C’est un poëme macaronique en patois gascon, à la louange de Henri IV. C. et A-n.


ADGILLUS Ier, fut le premier prince chrétien qui gouverna la Frise. Mis à la tête de ce duché ou royaume par Clotaire, roi des Francs, qui s’en était rendu maître, il fit beaucoup pour le bonheur de ses sujets. Sous son règne, la religion chrétienne s’étendit de plus en plus, et c’est aussi à Adgillus que la Frise doit en partie son existence actuelle, car il fut le premier qui songea à mettre ce pays à l’abri des flots de la mer par des digues, il fit élever des tertres ou terpes, pour servir d’asile aux habitants et à leurs troupeaux lors des grandes inondations. Plusieurs de ces constructions existent encore. ADGILUS II, qui lui succéda en 710, suivit un plan de conduite tout opposé, se déclarant ouvertement contre le christianisme, et ramenant le peuple son ancienne idolâtrie. D-g.


ADHAD-EDDAULAH, empereur de Perse, 4e prince de la dynastie des Bouides, et fils de Rokn-Eddaulah ; naquit à Ispahan, l’an 325 de l’hégire (936 de J.-C.), succéda, en 949, à son oncle Imad-Eddaulah, et, partageant l’empire des Bouides avec son père, ne régna d’abord que sur le Farès et le Kirman. Mansour Ier, le Samanide, inquiet et jaloux de l’accroissement de puissance des Bouides, leur déclara la guerre. Adhad-Eddaulah marcha sur le Khoraçan, tandis que son père, résistait à l’arrmée ennemie, et, après avoir ravagé cette province, il revint tomber à l’improviste sur les derrières de l’armée des Samanides : mais une négociation suspendit les hostilités, et la paix fut cimentée par le mariage de Mansour avec la fille d’Adhad-Eddaulah. Son cousin Azz-Eddaulah, qui régnait à Bagdad, s’étant attiré le mépris des Turcs de son armée par sa conduite déréglée, ceux-ci se révoltèrent : trop faible pour les réduire, il appela à son secours Adhad-Eddaulah, qui les chassa et reprit Bagdad ; mais le pouvoir d’Azz-Eddaulah avait cessè le jour ou Adhad-Eddaulah était venu dans sa capitale. Ce prince ambitieux employa toutes les ruses de la politique pour déterminer un cousin à abdiquer, et l’ayant mandé auprès de lui, il le constitua son prisonnier ; mais forcé d’obéir à son père, alors chef de la maison des Bouides, qui le menaçait de marcher contre lui avec une armée, s’il ne rendait pas la liberté et les sceptre à Azz-Eddaulah, il obéit et retourna dans le Farès. À la mort de son père, arrivés en 976, il eut en partage le Farès, le Kerman et l’Ahwaz, jusqu’au territoire de Bagdad, et ses frères s’engagèrent à le reconnaître pour chef de leur maison. Adhad-Eddaulah, en rendant le sceptre à Azz-Eddaulah, avaient obéi aux circonstances, mais il enviait trop la possession de l’Irac. Rokn-Eddaulah avait à peine fermé les yeux que son fils se dirigea vers Bagdad. Azz-Eddaulah, trop faible pour s’opposer à cette invasion, abandonna sa capitale, et se retira vers la Syrie ; mais ayant obtenu des secours d’Abou-Taghlab, qui régnait à Moussoul, il marcha contre Adhad-Eddaulah. La bataille eut lieu près de Tekryt, le 30 mai 978 ; elle fut opiniâtre, et se termina par l’entière déroute de l’armée de Taghlab et d’Azz-Eddaulah. Ce dernier tomba au pouvoir du vainqueur, qui le fit périr sur-le-champ. Cette victoire valut à Adhad-Eddaulah la conquête du Dyar-Bekr et du Dyar-Modhar ; et dès lors sa puissance surpassa celle de ses prédécesseurs. Les savants fréquentaient sa cour, et les poëtes chantaient à l’envi ses louanges ; mais une affreuse maladie vint interrompre ses prospérités. Il ressentit des atteintes d’épilepsie qui le privèrent de la mémoire, et menacèrent bientôt ses jours. Cependant la fortune sembla vouloir le consoler par de nouvelles faveurs : l’empereur grec et le prince de l’Yémen lui envoyèrent des ambassadeurs et recherchèrent son amitié ; le calife Thayi lui accorda la main de sa fille ; les Kurdes réprimés redoutèrent sa puissance, et ses généraux, vainqueurs de Cabou et de Fakr-Eddaulah son frère, réunirent à son empire le Djordjan et le Tabaristan. Mais sa maladie prenant tous les jours un caractère plus alarmant, il s’écria douloureusement ! « À quoi m’auront servi mes richesses et ma puissance, puisqu’elles m’abandonnent aujourd’hui ? » Adhad-Eddaulah mourut le 24 février 983 (372 de l’hégire), à l’âge de 48 ans. Il avait ajouté aux contrées possédées par ses prédécesseurs, le Dyar-Bekr et le Dyar-Modhar. Il fut le premier dont on prononça le nom immédiatement après celui du calife dans les prières publiques. Si la morale condamne sa conduite à l’égard d’Azz-Eddaulah, la politique, si impérieuse chez les princes, le justifie en quelque sorte. C’était de Bagdad, de cette Rome du monde musulman, que le calife ou pontife donnait ses décrets d’investiture, en faveur des princes barbares qui s’arrachaient les débris du royaume de Perse et de l’empire de Mahomet. Il importait donc à Adhad-Eddaulah de s’emparer de cette ville, dont la possession devait consacrer son autorité aux yeux des peuples. L’usage qu’il fit de sa puissance sembla faire oublier les moyens qu’il avait employés pour l’obtenir. Sous son règne, les infirmes et orphelins trouvèrent dans ses bienfaits une existence et des secours assurés. « Le fleuve de sa générosité, dit un poëte persan, fertilisa les campagnes