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autres principaux ouvrages de cet homme universel sont : 1o Glossarium manuale ad scriptores mediœ et infimæ latinitatis, Halle, 1772-84, 6 vol ; in-8o. C’est un abrégé du Glossaire de Ducange et des additions de Charpentier. 2o Trois Grammaire. : allemandes ; la première est un Traité sur l’origine, les vicissitudes, la structure et toutes les parties de la langue, 2 vol. grand in-8o, Leipsick, 1782, rempli de recherches utiles, et qui a contribué à répandre des notions justes et profondes sur la nature, la syntaxe et les idiotismes de l’allemand. Cet ouvrage est comme le commentaire d’une Grammaire usuelle, en 1 vol. in-8o, Berlin, 1781, 1800, etc., adoptée dans les écoles, et d’un Abrégé destiné aux commençants, et souvent réimprimé. 3o Traité du style allemand, Berlin, 1785, 1788, 2 vol. ; la 3e édition est de 1790 : c’est un des meilleurs livres sur la philosophie de la rhétorique qui existent en aucune langue. 4o des Suppléments, 2 vol. in-4o, au Dictionnaïre des gens de lettres de Jœcher, 1784 et 1787 ; ils s’arrêtent malheureusement à la lettre J. 5o Histoire des folies humaines, ou Biographie des plus célèbres nécromanciens, alchimistes, exorcistes, devins, etc., 7 parties, Leipsick, de 1785 à 1789. 6" Tableau de toutes les sciences, des arts et métiers qui ont pour objet de satisfaire aux besoins ou d’augmenter les agréments de la vie, 4 parties, Leipsick, 1778, 1781, 1788. Cette petite encyclopédie est un modèle de précision et de clarté ; aucune des nombreuses divisions des connaissances humaines, ou des arts pratiques, n’y est traitée superficiellement. Cet ouvrage est celui qui a le plus contribué à faire considérer Adelung comme le premier lexicographe et le législateur de sa langue. 7o Essai d’une histoire de la civilisation du genre humain, Leipsick, 1782, 1788. 8o Histoire de la philosophie, 3 vol., ib. 1786, 1787, grand in-8o. Ces deux écrits exempts de rêves métaphysiques et de vaines subtilités, sont pleins d’aperçus fins et d’idées lumineuses, mais ils manquent de profondeur. 9o Un Traité fort étendu sur l’orthographe allemande, in-8o, 1787. Plusieurs grands écrivains de l’Allemagne (Wieland entre autres) ont eu le bon esprit d’adopter les principes d’Adelung, et de se soumettre à celles de ses décisions qui n’étaient pas évidemment erronées : cette déférence, également honorable pour ce célèbre grammairien et pour les hommes qui se rallièrent à lui, contribua beaucoup à remédier aux inconvénients du défaut d’une académie et d’un centre national pour les, travaux relatifs au perfectionnement de la langue. 10o La plus ancienne histoire des Teutons de leur langue et de leur littérature, jusqu’à l’époque de la grande émigration des peuples, Leipsick, 1806, grand in-8o. 11o Mithridate, ou Tableau universel des langues, avec le Pater en cinq cents langues ou idiomes, Berlin, 1806, in-8o. Le premier volume, qui contient les langues asiatiques, fut imprimé peu de temps avant sa mort ; le second, qui a paru en 1809, et qui traite des langues de l’Europe, fut achevé par un savant philologue, M. Jean-Séverin Vater, professeur à Kœnigsberg, La 1re partie appartient seule à Adelung ; elle comprend les langues cantabrique ou basque, celtique, germanique, et un commencement de recherches sur la langue qu’il appelle thracico-pelasgico-grseque et latine. M. Vater a complété le travail d’Adelung en faisant la revue des dialectes esclavons et des idiomes des Lettes, des Finlandois, des Lapons, des Hongrois, des Albanais et des Valaques. Le 5e et dernier volume, qui embrasse les langues d’Afrique et d’Amérique, est presque en entier son ouvrage, et il doit son principal mérite aux matériaux que MM. de Humboldt (mobile par fratrum) ont mis à la disposition de l’éditeur. Les deux derniers ouvrages d’Adelung, fruit des travaux de sa vieillesse, quoique très-recommandables par une vaste érudition et des discussions lumineuses, n’égalent pas les premiers. Cependant son Mithridate surpasse encore, celui que Conrad Gessner avait publié deux siècles auparavant sous le même titre. Adelung ayant, jusqu’à sa mort, consacré quatorze heures par jour à des travaux purement littéraires, il est fort simple que sa vie n’offre aucun événement remarquable. Il ne fut jamais marié ; sa femme, disait-on de lui, c’est sa table à écrire ; ses enfants, ce sont 70 volumes grands ou petits, tous sortis de sa plume. Il aimait la bonne chère, et sa seule dépense était de se procurer une grande variété de vins étrangers ; sa cave, qu’il avait coutume d’appeler bibliotheca selectissima, en renfermait de quarante espèces. Une constitution robuste lui permettait de travailler sans relâche ; et ce qui contribua sans doute à lui conserver sa santé, ce fut une gaieté franche qui le faisait rechercher de ses nombreux amis. Adelung a laissé un neveu, M. Fredéric Adelung, précepteur des grands-ducs de Russie, qui fut anobli par l’empereur Alexandre, et qui, nommé par ce prince directeur de l’institut oriental à St-Pétersbourg et conseiller d’État, a hérité du goût de son oncle pour les études philologiques. Il a déjà publié des Documents sur les anciennes poésies allemandes, qui ont passé de la bibliothèque palatine d’Heidelberg dans celle du Vatican ; une Description des portes de bronze de l’église Ste-Sophie à Novogorod ; les biographies d’Heberstein et Meyerberg, les plus anciens voyageurs en Russie ; et plusieurs dissertations sur la langue sanscrite. Il s’occupe depuis longtemps d’une Bibliotheca glottica. V-S et S-r.


ADEMAR ou AYMAR, moine de St-Cybar d’Angoulême, puis de St-Martial de Limoges, se rendit célèbre dans le 11e siècle par l’ardeur avec laquelle il soutint la querelle sur le prétendu apostolat de St. Martial, d’après de faux actes récemment fabriqués. Il mourut dans un voyage à la terre sainte, en 1030-I Sa Chronique de France, va depuis l’origine de la monarchie jusqu’en 1029. Quoiqu’il n’y soit point exact pour la chronologie, et que les événements y soient rapportés sans ordre, elle ne laisse pas d’être un monument utile pour notre histoire, principalement depuis le temps de Charles-Martel. Elle a été donnée au public par le P. Labbe, dans sa Nouvelle Bibliothèque des manuscrits, avec des retranchements et des corrections, et elle a passé depuis dans la plupart des compilations sur l’histoire de France.