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ADE

mènes célestes remarquables : il en paraissait une feuille tous les mois (en allemand). G-t.


ADELER (Cort Siversen), grand amiral de Danemark, naquit en 1622, à Brevig, en Norwége, où son père était directeur d’une saline royale. La passion du jeune Adeler pour la navigation le conduisit de bonne heure en Hollande, où il fit ses premières armes sous l’amiral Tromp. S’étant rendu ensuite à Venise, il entra au service de cette république, sous le nom de Curtius Siversen, et parvint, de grade en grade, au commandement d’une flotte. Venise fut redevable à son habileté et à sa bravoure des succès qu’elle obtint contre les Turcs dans le 17e siècle. Pendant quinze années, il remplit du bruit de ses exploits l’Archipel et la mer Adriatique. Il signale particulièrement sa valeur le 16 mai 1654, à l’entrée de l’Hellespont : une flotte turque de soixante-dix-sept vaisseaux ayant attaqué les vénitiens, qui n’avaient que vingt-deux voiles, Adeler, avec un seul vaisseau, brûla ou coula à fond quinze galères turques ; 5,000 musulmans périrent dans les flots ; la nuit sépara les combattants. Le lendemain, Adeler rencontra la capitane turque, montée par Ibrahim-Pacha, qui aussitôt donna ordre d’attaquer à l’abordage le vaisseau d’Adeler : il s’ensuivît un combat terrible ; le pacha et le capitaine norwégien se rencontrèrent le sabre à la main ; Ibrahim périt, et Adeler lui enleva sa riche armure, qui est encore conservée comme trophée dans le muséum de Copenhague. La république reconnaissante l’éleva au rang de chevalier de St-Marc, le fit lieutenant-amiral, et lui assura une pension de 1,400 ducats, réversible à ses héritiers jusqu’à la 3e génération. Adeler vit ses services recherchés par l’Espagne, la Hollande et d’autres puissances ; mais ses exploits n’avaient point échappé à l’attention de ses compatriotes du Nord ; Frédéric III le rappela en Danemark, en 1663, et lui confia le commandement de ses forces navales. Adeler revint en Danemark par Amsterdam, où il se maria à une femme d’un rang distingué. La flotte danoise était dans un état déplorable, ou pour mieux dire, elle n’existait plus. Adeler, aussi habile constructeur, aussi sage administrateur que guerrier intrépide, créa des vaisseaux, des matelots et des officiers ; en moins de douze ans, le Danemark eut une marine respectable. Adeler fût anobli, et nommé général-amiral en 1675, au commencement de la guerre contre la Suède ; mais la mort le surprit la même année, au sein des honneurs, dans la 53e année de son âge, au moment où il se préparait à mettre a la voile contre les Suédois. Il a laissé des descendants dignes de lui, qui ont en vain demandé aux ingrats Vénitiens le payement de la rente qui leur était due, et dont heureusement la famille Adeler n’a aucun besoin. M. B-n.


ADELGISE, roi lombard, fut associé au trône en 759, par Desiderio ou Didier, son père (voy. Dessiderio), et marié en 770, à Gisèle, sœur de Charlemagne, en même temps que ce monarque et Carloman son frère devaient épouser deux sœurs d’Adelgise. Le pape Étienne III ; qui, à plusieurs reprises, avait armé les Francs contre les Lombards, employa vainement son crédit pour empêcher ce triple mariage, qui semblait devoir donner une garantie inébranlable à la monarchie italienne. « C’est le comble de la honte et de la folie, écrivait-il a Charlemagne, que d’allier la noble nation des Francs, la plus éminente de toutes, et la glorieuse race de vos rois, avec la perfide, la dégoûtante nation lombarde ; nation par qui la lèpre nous a été apportée ; nation détestable et abominable, et qui ne peut pas même être comptée parmi les nations. » Charlemagne épousa cependant Desiderata ou Désirée, fille du roi lombard ; mais il la répudia l’année suivante, et le lien qui semblait devoir unir les deux familles fut cause de leur inimitié. En 773, Charlemagne envahit la Lombardie ; Adelgise l’attendait pour le combattre dans les défilés du Piémont ; mais son armée, saisie d’une terreur panique, se dissipa tout entière sans combat. Desiderio s’efforça de défendre Pavie. Adelgise s’enferma dans Vérone, et, lorsque son père eut été fait prisonnier, il passa en Grèce pour demander des secours aux empereurs Constantin Copronyme et Léon IV. Il fut traité avec distinction a Constantinople, et revêtu de la dignité de patrice ; mais, pendant treize ans, on le nourrit de vaines promesses, sans lui donner aucun secours. Enfin Constantin VII, fils de Léon, l’envoya, en 787, en Sicile, avec une armée destinée a porter la guerre dans le midi de l’Italie. Le roi lombard comptait sur l’appui d’Arigise, son beau-frère, qui, était alors duc de Bénévent ; mais ce duc mourut à cette époque même, et son fils Grimoald, élevé a la cour de Charlemagne, était attaché au parti français. Adelgise, ayant débarqué en Calabre (788), fut vaincu dans une grande bataille ou l’on assure qu’il resta parmi les morts. D’autres pensent qu’il retourna en Grèce, où il mourut peu de temps après. S. S-i.


ADELGISE, prince de Bénévent, succéda, en 854, à Radelgaire son frère. Il fut appelé, pendant tout son règne, à combattre les Sarrasins, qui dévastaient l’Italie méridionale. Défait par eux vers l’année 856, dans le voisinage de Bari, d’où il avait voulu les chasser, il vit, pendant six ans, ses États désolés par ce peuple barbare, et fut contraint, en 862, d’acheter la paix moyennant un tribut. Cette humiliation n’assura pas sa tranquillité, car les Sarrasins, ne subsistant en Italie que par la guerre et le brigandage, se détachaient de celui de leurs chefs qui avait fait la paix pour suivre le premier qui offrait de les conduire à de nouveaux combats. Adelgise recourut alors à l’empereur Louis II, et celui-ci conduisit une armée contre les Sarrasins de l’Italie méridionale. Les empereurs grecs, Constantin et Basile, et le roi de Lorraine, Lothaire, frère de Louis, lui envoyèrent des secours. Enfin Bari se rendit aux chrétiens, au mois de février 871, et le sultan sarrasin qui commandait dans cette ville demeura prisonnier d’Adelgise. Mais le long séjour de l’empereur et de ses troupes dans le duché de Bénévent avait plus à charge à cette province que les dévastations des Sarrasins. Les habitants, étaient poursuivis jusque dans l’intérieur de leurs maisons par l’orgueil, l’avarice ou l’intempérance