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furieux, se mit en campagne contre les meurtriers, qui étaient la plupart des nobles hollandais ; mais ils S’étaient déjà retirés dans leurs châteaux forts. Ils furent cités à comparaître à la cour du duc ; et, sur leur refus d’obéir, on confisqua leurs biens. Le fils d’Albert essaya en vain d’obtenir leur pardon. Son attachement à leur cause le fit soupçonner d’avoir pris part à l’assassinat de la maîtresse de son père, et il fut obligé de s’enfuir. D-g.


ADELAIDE (Madame) de France, fille aînée de Louis XV, et tante de Louis XVI, naquit à Versailles, le 3 mai 1732, et passa les premières années de sa vie au milieu de la brillante cour de Versailles, ne se faisant guère remarquer que par la plus touchante amitié pour sa sœur cadette la princesse Victoire. (Voy. ce nom). Lorsque leur père fut mort, ces deux sœurs habitèrent le château de Bellevue, et elles y vécurent presque toujours dans la retraite jusqu’à l’époque de la révolution. En 1791, elles demandèrent au roi la permission de sortir du royaume, à cause des troubles dont il était agité, et elles quittèrent Paris le 19 février 1791. Ces deux princesses furent arrêtées d’abord à Moret, puis à Arnay-le-Duc. Il fallut des ordres précis du roi et de l’assemblée nationale pour qu’on leur permit de continuer leur route. Elles se retirèrent à Rome, dans le palais du cardinal de Bernis, et y résidèrent jusqu’à l’approche des armées françaises, en 1799. Alors elles se rendirent à Naples, puis à Trieste, ou Madame Adélaïde mourut, le 18 février 1800. Sa sœur Victoire était morte six mois auparavant. La même tombe les réunit dans la cathédrale de cette ville. Lorsque Louis XVIII fut remonte sur le trône, en 1815, il envoya une frégate pour y recueillir les dépouilles mortelles des princesses ses tantes ; et ces dépouilles, revenues en France, furent déposées solennellement dans le caveau royal de St-Denis, en janvier 1817. On a publié, en 1803, les Mémoires historiques de Mesdames Adélaïde et Victoire de France, par Ch. Montigny, 2 vol. in-12. L’époque de cette publication prouve assez qu’elle ne pouvait être ni exacte ni complète. On trouvera sur ces deux princesses, principalement sur leur émigration, des renseignements plus vrais et plus complets dans la Relation du voyage de Mesdames, publiée par M. de Chastelhux, en 1816. M-d j.


ADELARD, ou plutôt ATHELHARD, savant moine bénédictin de Bath, en Angleterre vivait sous le règne de Henri Ier, et fut, pour cette époque, un homme très-instruit. Afin d’augmeter ses connaissances, il voyage non-seulement dans les principaux pays de l’Europe, mai en Égypte et en Arabie. Ayant appris l’arabe, il traduisit, de cette langue en latin, les Éléments d’Euclide, avant qu’on en eût découvert un seul exemplaire grec. Il traduisit encore un ouvrage arabe sur les sept Planètes. Il écrivit un Traité sur les sept arts libéraux, désignés alors sous le titre de Cercle de l’Instruction, qui comprenais le tricium, ou la grammaire, la rhétorique et la dialectique, le quadrivium ou la musique, l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie. Son principal ouvrage est intitulé : Per difficiles quœstiones naturales (circa 1472), in-4o. On lui en attribue plusieurs autres sur la physique et la médecine. Enfin, on doit considérer cet ecclésiastique comme l’un des hommes les plus savants de son siècle, et comme celui qui contribua le plus efficacement à introduire dans le nord de l’Europe l’étude du grec et des langues orientales. Les collèges de Corpus-Christi et de la Trinité, à Oxford, possèdent quelques-uns de ses manuscrits. D-t.


ADELARDS (Guillaume Marcheselli des), chef de la faction des Guelfes, à Ferrare, y partageait l’autorité, d’abord avec Guy de Saxe, surnommé Solinguerra Ier, puis avec Torello son fils, pendant la guerre de Frédéric Barberousse contre la première ligue lombarde. Les habitants d’Ancône, assiégés, en 1174, par l’archevêque Christian, lieutenant de Frédéric, implorèrent le secours de Guillaume des Adélards, et d’Aldrude, comtesse de Bertinoro. Guillaume engagea tout son patrimoine pour se procurer de l’argent et lever des soldats. Aldrude, demeuré veuve à la fleur de son âge, avait assemblé à Bertinoro une cour brillante, où se réunissaient tous les chevaliers distingués par leur bravoure et leur galanterie. Elle leur proposa la délivrance d’Ancône comme une croisade d’amour. Guillaume et Aldrude forcèrent en effet l’archevêque à lever le siége, au moment où les habitants d’Ancône étaient réduits par la famine aux plus horribles extrémités. Guillaume des Adélards vit mourir successivement son frère et tous les héritiers mâles de sa famille. Afin que ses malheurs tournassent au moins à l’avantage de sa patrie, il voulut que sa nièce Marchesella, son unique héritière, épousât Arriverio, fils aîné de Torello, et il la confia des l’âge de sept ans à ce dernier, pour l’élever dans son palais, espérant ainsi réunir les deux partis par alliance des deux familles qui les avaient formés ; mais, à la mort de Guillaume, vers 1184, quelques nobles de Ferrare, du parti des Adélards, mécontents de Torello, appelèrent à leur tête le marquis d’Est (voy. ce nom) ; et, secondés par Traversari, puissant seigneur de Ravenne, ils enlevèrent la nuit, à main armée, la jeune Marchesella, et, lui firent épouser le marquis Obizzo Ier, chef de leur faction. S. S-i.


ADELBERT archevêque de Brème et de Hambourg, reçut cette dignité des des mains de l’empereur Henri III et du pape Benoit IX. Il était d’une naissance illustre, d’une stature imposante, ambitieux, magnifique, éloquent, habile à faire servir sa magnificence et ses talents au profit des desseins que l’époque à laquelle il vivait semblait faite pour inspirer et faire réussir. Le pouvoir temporel du clergé devenait redoutable ; le désir de l’étendre s’emparait de la plupart des ecclésiastiques. Adelbert en fit le but de sa vie. Toujours occupé de son ambition personnelle, il gagna la faveur de l’empereur Henri III, qui le consulta sur toutes les affaires de l’Empire. L’archevêque lui suggérait les déterminations les plus favorables au clergé, et s’assurait ainsi les moyens de suffire aux dépenses qu’entrainait la pompe qu’il avait introduite dans le culte divin. Il fit démolir les murailles de Brème, pour en