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ADE

réunit une troupe de cavaliers, avec laquelle il vint enleva Adélaïde, et la conduisit dans sa forteresse. Canossa, dans le district de Reggio, près du fleuve Enza était bâtie sur un rocher isolé et taillé à pic : sa situation a rendait imprenable. Cependant les seigneurs italiens, irrités contre Bérenger, avaient invoqué contre lui les secours d’Othon de Saxe. Le monarque allemand entra en Italie peu de mois après la fuite d’Adélaïde ; il arriva jusqu’à Pavie sans éprouver de résistance, et Alberto Azzo lui conduisit, dans cette ville, Adélaïde, qu’Othon épousa aux fêtes de Noël de l’an 951. Ce mariage ne donnait pas si l’empereur de nouveaux droits sur le royaume d’Italie ; mais l’amour qu’avaient les Italiens pour leur belle et malheureuse princesse lui en facilita la conquête. Adélaïde, pendant le règne de son second mari, et celui de son fils Othon II, se rendit toujours plus chère à ses sujets par sa piété et ses vertus. Le clergé, reconnaissant de sa munificence, l’a canonisée. Le pape Silvestre II l’appelait l’effroi des royaumes et la mère des rois ; mais Othon II se plaignit quelquefois de son excessive libéralité. En 978, le fils et la mère se brouillèrent, et Adélaïde, éloignée de la cour, fixa sa résidence à Pavie. Elle fut, en 980, réconciliée à l’empereur par les soins de St. Mayeul, abbé de Cluny. Othon III, son petit-fils, écoutant trop la jalousie de Théophanie sa mère, l’éloigna de nouveau de la cour ; mais une mort subite ayant enlevé Théophanie, on obligea Adélaïde de se charger de la régence. Détachée en quelque sorte du monde, cette princesse ne regarda plus la puissance dont elle était revêtue que comme un fardeau. Cependant elle se livra, avec un soin infatigable à l’administration des affaires ; et, loin de se venger des auteurs de ses maux passés, elle chercha les occasions de leur faire du bien. Forcée quelquefois de montrer de la sévérité, elle la tempérait par la douceur. L’ordre et la régularité de sa maison offraient l’image d’un monastère. Adélaïde fit de pieux établissements en diverses provinces, et surtout dans la ville de Magdebourg, où elle résida longtemps. Elle ne négligea rien pour opérer la conversion des Rugiens et autres idolâtres du Nord. Dans la dernière année de sa vie, elle entreprit un voyage en Bourgogne, pour réconcilier le roi Rodolphe, son neveu, avec ses sujets ; elle mourut en route, à Seltz, en Alsace, le 16 décembre 999. Son nom ne se lit point dans le Martyrologe romain ; mais sa piété lui a valu une place dans plusieurs calendriers d’Allemagne, et l’on conserve une portion de ses reliques dans une belle châsse qui fait partie du trésor de Hanovre. St. Odilon, abbé de Cluny, a écrit sa vie, ainsi que, G° Aug. de Breitenbach (en allem.). S. S-i.


ADÉLAIDE, marquise de Suze, fut contemporaine de Mathilde, la grande comtesse de Toscane. Elle gouverna le Piémont avec sagesse et fermeté, et partagea avec Mathilde l’admiration de son siècle ; mais plus douce dans ses sentiments et plus modérée dans ses passions, elle s’offrit plusieurs fois comme médiatrice entre Grégoire VII et l’empereur Henri IV ; et elle s’efforça de terminer les guerres de l’Empire en l’Église, autant que Mathilde essayait de les ranimer. Fille et unique héritière d’Odelrie Manfred, marquis de Suze, elle fut mariée successivement à un duc de Souabe, à un marquis de Montferrat, et à un comte de Maurienne. Chacun de ces mariages, promptement dissous par la mort, augmenta sa puissance ; et le marquisat de Suze devint entre ses mains un des fiefs les plus importants de l’Italie. Sa fille Berthe, qu’elle avait eue d’Odon, comte de Maurienne, épousa l’empereur Henri IV. Aussi, lorsque Adélaïde mourut, en 1091, Conrad, fils de Henri, prétendit-il recueillir sa succession. Les fils de Frédéric, comte de Savoie, et frère du comte de Maurienne, réclamèrent de leur côté l’héritage d’Odon et d’Adélaide. Ils l’obtinrent par des guerres et des négociations dont on ignore le détail ; et c’est de cette époque que commença la puissance de la maison de Savoie en Piémont. Ainsi Adélaïde est considérée comme l’une de ses fondatrices. S. S-i.


ADELAIDE de France, épouse de Louis le Bègue, vécut peu de temps avec ce prince, qui, pour s’unir à elle, avait répudié Ausgarde, sa femme légitime, quoiqu’il en eut deux enfants. Il prétendait suivre en cela les volontés de Charles le Chauve, son père ; cependant le pape Jean VIII refusa de reconnaître la validité du divorce, et de couronner la nouvelle reine. Adelaide était enceinte lorsque Louis le Bègue mourut, le 10 avril 879, a l’âge de 35 ans ; le 17 septembre suivant elle accoucha d’un fils qui régna sous le nom de Charles le Simple. F-e.


ADELAIDE, ou ALIX DE SAVOIE, fille de Humbert, comte de Maurienne épousa, en 1114, Louis VI, dit le Gros, roi de France, avec lequel elle vécut dans une union parfaite pendant vingt-deux ans. Après la mort de ce monarque, dont elle ava feu six fils et une fille, elle épousa en secondes noces Matthieu de Montmorency, connétable, qui lui-même était veuf ; mariage moins disproportionné dans les mœurs de ce temps, qu’il ne le parait de nos jours ; aussi ne perdit-elle rien de la considération qu’elle s’était acquise par ses mœurs pures et son zèle pour la religion. Elle eut du connétable de Montmorency une fille qui fut mariée à Gaucher de Châtillon. Après avoir vécu quinze ans avec son second mari, Adélaïde obtint de lui la permission de se retirer a l’abbaye de Montmartre qu’elle avait fondée ; elle y mourut l’année suivante, 1154, étant presque sexagénaire. F-e.


ADELAIDE, nommée communément Aleid, ou Alyt van Pœlgeestr, à cause de la famille hollandaise de ce nom dont elle était issue, gagna par sa beauté le cœur du duc Albert de Bavière, et devint sa maîtresse. Née hautaine et ambitieuse, elle se méla des affaires d’État, et s’attira la haine d’un parti puissant. Guillaume, fils d’Albert, indigné de voir son père dans les chaînes d’une concubine qui dictait des lois aux nobles, et dépouillait de leurs dignités tous ceux qui ne lui étaient pas dévoués, entretenait dans le cœur de ceux-ci la haine qu’il avait lui-même conçue contre Adélaïde. Un complot fut formé contre la vie de cette femme, et les conspirateurs, ayant pénétré la nuit dans son appartement, l’assassinèrent à coup de poignard, l’an 1382. Le duc,