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proscrits qui avaient échappé à la fureur d’Iwan. Il fut secondé dans ses intentions généreuses par la princesse Anastasie, qui épousa le czar en 1547. Depuis ce moment, il se fit à la cour et dans le gouvernement un changement auquel on ne s’attendait point ; et c’est alors que fut proclamé en Russie, par l’influence du ministre, une sorte de code qui fut approuvé par des états généraux réunis au Kremlin. Le clergé, qui assistait à cette assemblée, fut prié de revoir les lois ecclésiastiques, et de les réunir dans un code. Ce fut aussi par les soins d’Adascheff qu’un Saxon ; nommé Schlit, alla chercher en Allemagne des artistes et des savants, et qu’avec la permission de l’empereur Charles-Quint il en rassembla plus de cent, qui arrivèrent à Moscou, vers 1552. Adascheff accompagna son maître dans l’expédition de Casan, et négocia les conditions de la trêve qui termina cette guerre. Dans le même temps, il avait formé des liaisons avec l’Angleterre ; et Richard Chancellor (voy. ce nom) vint de Londres, en 1553, pour établir des relations de commerce avec l’empire russe. Il imposa aussi à la Livonie des conditions avantageuses au commerce russe. « Vous payerez le tribut pour Dorpat, dit-il aux ambassadeurs du grand maître ; vous y rétablirez, ainsi qu’à Revel et à Riga, les églises grecques ; vous ne contracterez point d’alliance avec le roi de Pologne, et l’importation en Russie par vos ports sera libre. » Les ambassadeurs firent des observations. « Cela sera ainsi, dit fièrement Adascheff, sinon guerre. » Les états de Livonie ayant refusé de souscrire à ces conditions, Iwan fit marcher 40,000 hommes (1557), qui envahirent toute cette contrée, et la réunirent à l’empire russe, malgré les déclamations de la Suède et du Danemark. Tout cela fut préparé et négocié par Adascheff, l’un des politiques les plus habiles de cette époque. Ses succès irritèrent l’envie ; et de perfides insinuations lui firent perdre son crédit auprès d’Iwan. S’étant aperçu de ce changement, et craignant les violences de ce prince sanguinaire, il demanda et obtint le gouvernement de Livonie ; mais la haine de ses ennemis le poursuivit dans cette retraite ; et le soupçonneux czar fit emprisonner dans la forteresse de Fellin l’homme qui lui avait rendu tant de services ; il le fit ensuite transférer à Dorpat, où l’infortune ministre mourut, dit-on, de la fièvre, mais plus probablement par le poison. ─ Son frère, Daniel Adascheff, militaire distingué, fut chargé par Iwan IV d’une expédition contre les Tartares de la Tauride, qu’il battit complètement. Il envahit toute cette contrée, et revint à Moscou charge de butin, et amenant à sa suite un grand nombre de prisonniers. G-y.


ADDINGTON (Antoine), médecin anglais, fit ses études à Oxford, au collège de la Trinité, où il prit le grade de maître ès arts, en 1740, et celui de D. M. en 1744. Il fut admis dans le collège des médecins de Londres, en 1756, puis s’établit à Reading, ou il fut très-recherché, surtout pour le traite ent des aliénations, et fit une fortune considérable. Son intimité avec lord Chatam était si grande, que le parti du lord Bute le choisit pour négocier secrètement la rentrée de ce ministre ; qui venait de se retirer après la paix de 1762. Addington a rendu compte de cette négociation dans une brochure. Il mourut en 1790. Ses ouvrages sont : 1° Essai sur le scorbut, suivi d’une méthode pour conserver l’eau douce à la mer, 1753, in-8o ; 2° Essai sur la mortalité des bestiaux, in-8o. Addington était le père de Henri Addington, depuis ministre et vicomte Sidmouth. Il ne faut pas le confondre avec le docteur Étienne Addington, prêtre non conformiste, qui a publié une grammaire grecque et une vie de St. Paul, in-8o. B-r. j.


ADDISON (Lancelot), né en 1632, à Mauldismaburne, dans le Westmoreland, fut élevé à l’université d’Oxford, et se destina a l’état ecclésiastique. Il se signala par un zèle extraordinaire pour Charles Ier, dès le commencement des troubles dont ce prince fut la victime. Dans une thèse publique, que le jeune théologien soutint en 1658, il fit une satire si violente contre le parti républicain, que cette faction alors dominante l’obligea de faire une rétractation publique, et de demander pardon à genoux. La honte et le dégoût l’engagèrent à quitter l’université. À la restauration, il n’obtint, pour récompense de son zèle, que la place de chapelain de la garnison de Dunkerque, d’où il passa à Tanger avec les mêmes fonctions. Ce ne fut qu’en 1683 qu’on le nomma doyen de Lichtlield. Il fut un des membres de la convocation ecclésiastique qui se tint en 1689, et il y exprima si ouvertement son attachement aux principes torys qu’il s’ôta toute espérance d’avancement sous le gouvernement qui venait de se former. Il mourut en 1703. On a de lui plusieurs ouvrages estimables, dont les principaux sont : 1° la Barbarie occidentale, ou Courte Relation des révolutions opérées dans les royaumes de Fez et de Maroc, imprimée en 1674 ; 2° l’État présent des Juifs, particulièrement de ceux des États barbarasques, Londres, 1675, in-8o ; 2° Modeste Apologie pour le clergé. Ce qui honore le plus la mémoire de cet ecclésiastique, c’est d’avoir donné naissance au célèbre Addison, qui fera le sujet de l’article suivant. S-d.


ADDISON (Joseph), né le 1er mai 1672, à Miston dans le Wiltshire, bourg où son père était recteur (curé), fit ses premières études dans le lieu de sa naissance, et les acheva à Lichtfield, où son père avait été nommé doyen. Ses dispositions précoces annonçaient les talents qui l’ont distingué dans la suite. À quinze ans, il fut envoyé à l’université d’Oxford, ou il s’appliqua plus particulièrement a la poésie latine. Il y composé plusieurs poëmes qui excitèrent l’admiration de ses maîtres, et furent publiés dans un recueil intitulé : Musarum anglicatum analecta. Il avait vingt-deux ans lorsqu’il commença à écrire dans sa langue, en prose et en vers. Son premier essai fut une traduction en vers de la plus grande partie du 4e livre des Géorgiques de Virgile. Il s’était destiné, jusque là, à la carrière ecclésiastique ; mais sa réputation naissante lui ayant procuré la connaissance du célèbre lord Somers et de milord Montagne, alors chancelier de l’échiquier, et depuis lord Halifax, il trouva en eux des protecteurs dis-