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plusieurs fois, par l’État de Massachusset, membre du congrès, il y soutint vivement le parti de l’indépendance. Il voulait qu’il n’y eût point de troupes réglées, et qu’à limitation des Romains, tous les Américains fussent soldats. Il n’aimait pas Washington ; la prudence et la circonspection du général ne pouvaient plaire a cet esprit ardent et inquiet. On pense même qu’il ne fut pas étranger au projet formé, en 1778, pour lui ôter le commandement de l’armée, et le donner au général Gates. Sans songer aux obstacles inséparables d’une grande entreprise, il aurait voulu qu’on exécutât ses plans avec la même rapidité qu’il les formait. Il fut un des auteurs de la constitution de l’État de Massachusset, et devint membre du sénat quand elle fut adoptée. Partisan outré de la démocratie, on lui reprochait de consulter plutôt sa bibliothèque que l’expérience, et de passer toujours par les Grecs et les Romains pour arriver aux Anglais et aux Américains. Cependant il parait qu’il était revenu depuis à des idées plus saines, car il employa dans la suite toute son influence à former une armée et à établir un gouvernement mixte. Son extérieur simple et mesquin semblait contraster avec les force et l’étendue de sa pensée. Il eut le bonheur de vivre assez longtemps pour voir les efforts qu’il avait faits pour l’indépendance de son pays couronnés du plus heureux succès. Il est mort pauvre, comme il avait vécu. On l’a surnommé le Caton de l’Amérique. Ses écrits ne consistent qu’en quelques brochures et différents articles politiques insérés dans les journaux. Sa correspondance avec le président John Adams a été imprimée en 1800. B-a.


ADAMS (John), président des États-Unis d’Amérique. L’histoire l’a placé au nombre des premiers hommes d’État de son pays. Issu de l’une des premières familles qui fondèrent, en 1630, la colonie de Massachusset-Bey, il naquit à Braintrée, dans cette colonie, le 19 octobre 1735, Avant la révolution qui éleva son pays au rang des États indépendants, il exerçait la profession d’homme de loi, dans laquelle il avait acquis une grande réputation. À l’époque des premiers troubles, il se signala comme le défenseur des droits de son pays, dans une belle dissertation sur les lois canoniques et féodales. Il soutint vivement le parti des colonies, et publia une Histoire de la querelle entre l’Amérique et la mère patrie, qui fut insérée dans la gazette de Boston, et produisit un grand effet sur l’esprit de ses concitoyens. Le bruit de ces écrits parvint jusqu’à Londres, où ils furent réunis en un corps d’ouvrage et imprimés en 1768. Le gouvernement anglais, juste appréciateur de ses talents, mais non pas de son caractère, essaya de le détacher de la cause nationale en lui offrant le poste lucratif d’avocat général près la cour de l’amirauté ; Adams refusa sans hésiter. Quoiqu’il fût l’un des principaux chefs de l’opposition qui se manifesta dans le Massachusset contre le gouvernement anglais, il combattit toujours les mesures violentes, et il défendit avec beaucoup d’éloquence, devant la cour criminelle de Boston, le capitaine Preston et ses soldats qui, dans l’émeute de cette ville du 5 mars 1770, II avaient tiré sur le peuple et tué plusieurs personnes. Preston fut acquitté, et le crédit d’Adams n’en souffrit qu’auprès de ceux qui ne voulaient pas voir que l’infraction des lois criminelles est le caractère à la fois le plus évident et le plus effrayant de l’anarchie et du despotisme populaire. Il fut élu au congrès en 1774, et réélu en 1775. Adams fut un des premiers à s’apercevoir qu’une réconciliation franche et durable avec la mère patrie était devenue impossible. Il lit partie du Congrès qui se réunit à Philadelphie en 1774, et prit part à la déclaration solennelle de droits et de principes qui appela le peuple à la résistance, et ferma au commerce anglais les ports de l’Amérique. Il se prononça fortement pour l’indépendance, et fut l’un des principaux promoteurs de la fameuse résolution du 4 juillet 1776, qui déclara les colonies d’Amérique États libres, souverain et indépendants. Lorsque les États-Unis, se trouvant pressés par les armes de l’Angleterre, tournèrent les yeux vers l’Europe, en 1777, John Adams fut envoyé avec Francklin, prés la cour de Versailles, pour négocier ce traité d’alliance et de commerce qui a si puissamment aidé à l’émancipation de l’Amérique. À son retour, les habitants de Massachusset invoquèrent ses lumières pour la formation d’un plan de gouvernement, et c’est à lui que cet État est principalement redevable de sa constitution. En 1780, il vint à la Haye, revêtu de tous les pouvoirs du congrès, et, peu de temps après, les États-Unis le nommèrent leur ministre plénipotentiaire près les états généraux des Provinces-Unies. Son habileté contribua beaucoup à entraîner la Hollande dans la guerre contre la Grande-Bretagne. Il négocia et conclut un traité d’amitié et de commerce avec les états généraux, et obtint des emprunts qui furent d’un grand secours aux Américains. Il vint ensuite à Paris (1782), où il fut un des négociateurs du traité de paix avec l’Angleterre, qui reconnut l’indépendance des États-Unis. C’est principalement à sa fermeté et à son adresse que les Américains doivent le droit qui leur a été accordé par ce traité de faire la pêche sur les bancs de Terre-Neuve. Après la paix, il conseilla des mesures de modération envers les loyalistes : ce qui lui attira l’inimitié des républicains, qui commencèrent dés lors à le regarder comme un partisan de l’Angleterre. En 1785, il fut envoyé a Londres pour négocier un traité de commerce qu’il ne put conclure. Cependant, les circonstances où les États-Unis se trouvaient, et surtout la forme du gouvernement, donnaient des inquiétudes aux hommes prévoyants. En effet, quelle sécurité, ou quel espoir de stabilité pouvait inspirer un gouvernement qui était autorisé à déclarer la guerre, et ne pouvait se procurer les moyens de la faire que parle consentement de treize États indépendants ? Quelle confiance devait inspirer un État qui pouvait contracter des dettes, et n’avait de droits, pour se créer des fonds afin de les payer, que par la volonté de treize souverainetés distinctes ? Tous les bons esprits désiraient un changement qui donnait plus de force au gouvernement central : John Adams, qui était encore en Europe, fut un des premiers à le proposer. Washington, Hamilton et d’autres hom-