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ADAM DE FULDE, moine de Franconie, auteur d’un traité sur la musique dont on ne connaît qu’un seul manuscrit, qui se trouve dans la bibliothèque de Strasbourg, et que l’abbé Gerbert a inséré dans ses Scriptores eccletiast. de mu. suer., t. 2, p. 329. Ce traité a été achevé le 5 novembre 1490, car l’auteur a consigné cette date à la fin de son ouvrage. Il est divisé en quatre livres : le 1er, composé de sept chapitres, traite de l’invention des diverses parties de l’art ; le 2e, en dix-sept chapitres, traite de la main musicale, du chant, de la voix, des clefs, des nuances, du mode et du ton. Le 3e, qui est le plus important, est relatif à la musique mesurée ; et le 4e, aux proportions et aux consonnances. On ignore la date précise de la naissance d’Adam de Fulde, mais elle a du avoir lieu vers 1450 ; car il dit, chapitre 7 du 1er livre, qu’il fut presque le contemporain de Guillaume Dufay et de Busnois, qui vécurent dans la première moitié du 15e siècle : Et circa meam œtatem doctissimi Wilhelmus Dufay, ac Antonius de Bufna quorum, etc. Il prend le titre de musicien ducal, musicus ducalis, au commencement de sa dédicace. Glareau nous a conservé dans son Dodécacorde (p. 262) un cantique à quatre voix d’Adam de Fulde. C’est un morceau fort bien écrit et l’un des plus anciens monuments de compositions régulières à plusieurs parties. Dans l’Enchiridion des chants religieux et des psaumes, Magdebourg, 1673, on trouve aussi, p. 50, le chant : Ach hulp my Leidt und senlig klag, sous le nom d’Adam de Fulde. F-t-s.


ADAM D’ORLETON, né à Herefort, évêque de cette ville, puis de Vorchester, et enfin de Winchester, dans le 14e} siècle, joignit à des lumières et à des talents un esprit intrigant et facétieux, et n’a figuré dans l’histoire qu’en prenant une part trop active aux troubles qui ont agité le règne du faible Édouard II. Il ne mérite même une place dans ce dictionnaire que par une anecdote très-suspecte, quoique rapportée par quelques historiens, mais qui offre un trait assez singulier de l’esprit des temps auxquels elle appartient. On prétend qu’ayant été consulte par les factieux qui servaient les vues ambitieuses et cruelles d’Isabelle, femme du roi, pour savoir s’il convenait de tuer ce malheureux prince, l’évêque répondit, comme les oracles de l’antiquité, par une phrase à double sens : Edwardum occidere nolite timere bonum est. On voit qu’en plaçant une virgule après nolite, ou en la transportant après timere, cela pouvait signifier, ou : « Gardez-vous de tuer le roi, il est bon de craindre : » ou bien : « Ne craignez pas de tuer le roi, c’est une bonne action. » Il est difficile de croire qu’un homme d’esprit ait pu espérer, par un si misérable subterfuge, échapper à l’imputation d’avoir réellement conseillé le meurtre. Adam d’Orleton mourut en 1375, aveugle et dans un âge avancé. S-d.


ADAM (Melchior), né dans le 16e siècle, en Silésie, de parents peu fortunés, fit ses études dans le collège de Brieg, sous la protection des ducs de ce nom ; fut précepteur, puis recteur d’un collège à Heidelberg, et mourut en 1622. Ses ouvrages sont : 1o  Apographum monumentarum Heidelbergensium, Heidelberg, 1612, in-4o ; ce n’est pas, comme on l’a prétendu, une description des monuments d’Heidelberg, mais un recueil d’épitaphes, ainsi que l’annonce le titre, qui signifie : Copie écrite des monuments, etc. 2o  Parodiæ et Metaphrases horationæ, Francfort, 1616, in-S’. 3o  Vitæ germanorum Philosophorum, Heidelberg, 1615-20, 4 vol. in-8o, consacrés, le 1er aux philosophes, c’est-à-dire aux poëtes, humanistes et historiens, le 2o  aux théologiens, le 3o  aux jurisconsultes, le 4o  aux médecins. 4o  Decades duœ, continentes vitas Theologorum exterorum principum, Francfort, 1618, in-8o ; ces deux derniers ouvrages ont été réunis et réimprimes à Francfort, 1653, 5 vol. in-8o, et en 1706, 1 vol. in-fol., sous ce titre : Dignorum laude virorum, quox musa vetat mori, Immortalitas. » Je me sens, dit Bayle, très-redevable aux travaux de Melchior Adam. » Moréri l’a souvent mis à contribution. « Les luthériens, dit Baillet, reprochent à notre auteur d’avoir insulté quelquefois à la mémoire de ceux qui ont rendu les plus grands services à la nouvelle religion ; mais les calvinistes, dont il suivait les dogmes, ne lui font pas ce reproche ; au reste, il faut avouer que ces vies des hommes illustres (tous protestants, à l’exception d’une vingtaine allemands ou flamands) sont un ouvrage de grand travail ; l’auteur s’étant donne la peine de tirer ce qu’il dit de la vie et des écrits de ceux dont il parle, de leurs ouvrages mêmes ou des éloges qu’on a faits d’eux après leur mort. » Adam ne parle que de personnages du 16e siècle et du commencement du 17e siècle. Henning Witte a donné, à l’exemple de Melchior Adam, les vies des théologiens du 17e siècle, sous le titre de Diarium biographicum, etc. Melchior Adam a fait réimprimer à Heidelberg, en 1617, le dialogue d’Érasme : de optimo Genere dicendi, et en 1618, avec quelques notes de sa façon, l’Oratio pro M. Tullio Cicerone de Scaliger contre Érasme. L’Historia ecclesiastica Ecclasiæ hamburgensis et bremensis, que le Catalogue d’Oxford attribue à Melchior Adam, est d’Adam de Brême. (Voy. ce nom.) A. B-t.


ADAM (Jean), jésuite, natif du Limousin, prêcha le carême, en 1656, au Louvre, en présence du roi et de la reine, et mourut supérieur de la maison professe de Bordeaux, le 12 mai 1684. Il s’est acquis plus de réputation par son zèle contre les nouveaux disciples de St. Augustin, qu’il appelait le docteur bouillant et l’Africain échauffé, que par ses ouvrages, dont les principaux sont : 1o  des Sermons pour un Avent, Bordeaux, 1685, in-8o ; 2o  une Octave de controverse sur le saint Sacrement de l’autel, où les paroles de J.-C. sont prises en figures par les protestants, et en vérités par les catholiques, Bordeaux, 1675, in-8o ; 3o  Triomphe de la très-sainte Eucharistie, etc., contre le ministre Claude, Sedan, 1671, in-12 ; Bordeaux, 1672, in-8o. Le père Adam, en prêchant, en 1655, la passion à St-Germain-l’Auxerrois, fit un rapprochement des Parisiens avec les Juifs, et comparu la reine à la Vierge, et le cardinal Mazarin à St. Jean l’évangéliste. Ce sermon