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recevoir le baptême. (Voy. Olga.) Mécontente de l’accueil qu’elle avait reçu à la cour de l’empereur Constantin Porphyrogénète, aussitôt après son retour à Kiow, elle envoya des ambassadeurs à l’empereur Othon Ier, et lui demanda un évêque et des prêtres. L’empereur jeta les yeux sur Adalbert pour remplir cette mission importante. Ce religieux fut ordonné évêque, et Othon fournit généreusement aux frais du voyage. La nation russe étant encore plongée dans la barbarie, Adalbert fut attaqué en chemin ; et quelques personnes de sa suite furent mises a mort avant qu’il arrivait à Kiow. Lui-même ne se sauva qu’avec peine. Il fut reçu avec honte par Othon qui, en 966, lui donna l’abbaye de Weissenbourg en Alsace. Ce prince, désirant répandre parmi les nations slaves les lumières de l’Évangile et de la civilisation, prit la résolution d’ériger une métropole à Magdebourg. Adalbert, choisi pour en être le titulaire, fut envoyé à Rome afin d’obtenir l’approbation du souverain pontife. Le pape Jean XIII l’accueillit avec joie et lui donna le pallium (968). Il accorda au nouveau siége archiépiscopal plusieurs privilèges, entre autres celui de tenir le premier rang parmi les siéges de la Germanie septentrionale, et d’aller de pair avec ceux de Cologne, de Mayence et de Trèves. Adalbert, établi métropolitain des nations slaves, fut chargé de fonder parmi elles des évêchés à Zeitz (transféré depuis à Nauembourg), a Meissen, à Mersbourg, à Brandebourg, a Havelberg et à Posen. Le pape lui adjoignit deux légats qui devaient l’aider ; dans cette œuvre importante. Adalbert, consacré a Magdebourg, ordonna les six évêques suffragants de sa métropole. Il gouverna son église jusqu’à sa mort, en 981. Ce prélat avait formé plusieurs disciples, entre autres St. Admibert, évêque de Prague. G-y.


ADALOALD, roi lombard, fils d’Agilulfe et de Théodelinde, naquit en 602, et fut proclamé roi, conjointement avec son père, dès l’an 604, par les chefs de la nation lombarde, assemblés dans le cirque de Milan. Il fut en même temps fiancé à la fille de Théodebert II, roi d’Austrasie, dont Agilulfe voulait s’assurer l’alliance. Son père mourut vers l’année 615, et sa mère fut chargée de sa tutelle. Théodelinde était catholique, tandis que la nation lombarde, presque entière, était attachée à l’arianisme. Cependant la piété de la reine, qui rétablit les églises, les couvents et les hôpitaux détruits pendant les guerres précédentes, fit beaucoup de prosélytes à la religion de la cour. À sa mort (vers l’an 625), des disputes de religion entre les ariens et les catholiques troublèrent le règne d’Adaloald. Il voulut sévir contre les grands qu’il trouva rebelles à sa volonté, et en envoya douze au supplice. La nation attribua cette violence à une folie subite dont il avait été atteint, et le déposa, malgré les représentations du pape Honorius Ier et de l’exarque de Ravenne. Il mourut peu après, et son beau-frère Arivald, duc de Turin, qui était arien, lui fut donné pour successeur. S. S-i.


ADALRIC, ATHIC ou ETHICON, que l’on croit fils de Leuthaire, due l’Alémanie, obtint, vers l’an 662, de Childéric II, roi de-France, le duché d’Alsace et le territoire de Munster. Il avait épousé Berchsinde on Berwindemnte de St. Léger, évêque d’Autun, de laquelle il eut six enfants. Une de ces filles, nommée Odile, naquit aveugle. Soit par superstition, Soit par cruauté, Adalric ordonna de la faire mourir ; mais Berwinde parvint à lui sauver la vie, et la fit élever secrètement dans une communauté religieuse. Odile recouvra la vue, et n’en fut pas moins un objet d’aversion pour son père, au point que Hugues, un des fils d’Adalric, ayant tenté de le fléchir en faveur de sa sœur, fut tellement maltraité par lui, qu’il mourut, dit-on, de ses blessures. Adalric revint cependant a des sentiments plus humains et plus paternels envers sa fille. Il lui concéda le château de Hohembourg, où Odile établit un monastère dont elle fut la première abbesse, et qu’elle illustra par sa science et par des vertus qui lui ont mérité dans l’Église un culte public. Sur la fin de sa vie, Adalric se retira dans l’abbaye de Hobembourg avec Berwinde, s’y livra aux exercices de la pénitence, et y mourut le 20 février 690. Adelbert ou Albert, son fils aîné, lui succéda. Les libéralités d’Adalric envers les monastères lui ont attiré de grands éloges de la part des chroniqueurs de cette époque, dont plusieurs ont poussé la flatterie jusqu’à lui donner le nom de saint. C’est d’Adalric que tirent leur origine les maisons de Habsbourg, d’Autriche, de Lorraine et de Bade, qui ont fourni tant de princes et d’empereurs à l’Allemagne, et qui ont formé des alliances avec presque toutes les familles souveraines de l’Europe. (Voy. Rodolphe Ier.) P-rt.


ADAM ; le père du genre humain. Dieu le tira du néant le 6e jour de la création, grava sa propre image sur son front et dans son âme, l’établit roi de toute la nature, en soumettant à son empire tous les êtres auxquels il venait de donner l’existence, et lui associa une compagne, formée de sa propre chair, afin que, par leur union, ils pussent se perpétuer dans la postérité qui naitrait d’eux. Le jardin d’Eden, ou ils furent placés, leur offrait des arbres de toute espèce, dont le spectacle était ravissant, et dont les fruits délicieux devaient servir a leur nourriture. Dieu ne leur avait interdit que le seul arbre de la science du bien et du mal, planté au milieu de ce jardin. Adam, séduit par Ève, transgressa cette défense. À l’instant, les yeux des deux époux s’ouvrirent ; toute la nature changea de face ; leur nudité, qui ne les avait point encore frappés, mit le trouble dans leurs sens, et les couvrit de confusion ; ils voulurent la cacher sous une ceinture faite de feuilles de figuier. En vain Adam chercha a se soustraire à la présence de Dieu ; en vain il voulut rejeter sa faute sur la compagne qu’il en avait reçue, comme pour la rendre en quelque sorte responsable de sa prévarication : Dieu prononça irrévocablement un arrêt de malédiction sur toute la nature. Adam, déchu de l’état d’innocence ou il avait été créé, se vit condamné a toutes les misères de la vie et a la mort. Il fut chassé honteusement, et pour toujours, du jardin de délices qui devait être le séjour de son bonheur. Réduit à se couvrir de vêtements faits avec la peau des animaux, ce ne fut qu’à la sueur de son front que la