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Corbie, en Saxe, dont son frère avait jeté les premiers fondements. Il mourut le 2 janvier 826, et eut pour successeur Wala, son frère. Paschase Radbert, son disciple, écrivit sa vie, ainsi que Gérard, abbé de Sauve-Majeure ; elle se trouve dans Bollandus, dans Mabillon et dans les Vies des Saints, par Baillet. Il ne reste que des fragments des écrits d’Adalhard. Mabillon, qui devait donner une édition de ses œuvres, s’est borné à faire une liste des sommaires, au nombre de cinquante-deux, des divers sujets qu’il avait traites dans ses discours à ses moines, et a fait imprimer depuis, dans son Museum italicum (t. 1er), un jugement rendu par Adalhard lorsqu’il était ministre ou régent du royaume d’Italie. Le plus important écrit d’Adalhard était un Traité touchant l’ordre ou l’état du palais et de toute la monarchie française. Il était divisé en deux parties, et n’est pas parvenu jusqu’à nous. Les Slatuta antiqua Abbatiœ Corbeiensis, par Adalhard, se trouvent dans le tome 4 du Spicillège de d’Acliery. A. B-t.


ADALBERON, archevêque de Reims, et chancelier du royaume, sous les règnes de Lothaire et de Louis V, fut un des plus savants prélats de France au 10e siècle. Devenu archevêque, en 969, il assembla plusieurs conciles pour rétablir la discipline ecclésiastique, et sut la faire observer par sa fermeté et son exemple. Il attira des savants à Reims, et donna aux écoles de cette ville une nouvelle splendeur. En 987, Adalberon sacra Hugues Capet, qui le continua dans la dignité de grand chancelier. Il mourut le 5 janvier 988. On trouve plusieurs de ses lettres parmi celles de Gerbert, et deux de ses discours dans la Chronique de Moissac. L’église de Reims lui était redevable de la plus grande partie de ses biens. T-d.


ADALBERON, surnommé Ascelin, évêque de Laon, naquit au milieu du 10e siècle, en Lorraine, fut élève de Gerbert dans l’école de Reims, et fit de tels progrès dans les lettres, qu’il passa dans la suite pour un des hommes les plus savants du royaume. Il sut gagner la faveur de Lothaire, qui le fit nommer, en 977, à l’évêché de Laon. Adalberon apporta à son église des sommes immenses qui lui appartenaient en propre. Il joua un rôle odieux dans la révolution qui fit passer la couronne des Carlovingiens aux Capètiens. Charles, duc de Lorraine, en défendant ses droits à la couronne, après la mort de Louis V, avait pris Laon et battu son compétiteur Hugues Capet, qui voulait reprendre cette ville ; Adalberon était dans les intérêts de Hugues, et ce prince fut introduit dans la place par l’évêque, qui eut la lâcheté de lui livrer le duc Charles, et Arnould, archevêque de Reims, auxquels il avait donné asile. Adalberon assista aux conciles de St-Basle et de Chelles ; il eut des démêlés très-vifs avec Gerbert, devenu son métropolitain, conserva sa faveur auprès des deux rois Hugues et Robert, qu’il avait si bien servis, gouverna l’église de Laon pendant 53 ans, et mourut le 19 juillet 1030, un an avant le roi Robert. Ses liaisons avec la veuve de Lothaire avaient nui à la réputation de l’un et de l’autre. Adalberon cultiva les lettres, et dédie au roi Robert un poëme satirique et allégorique, de 430 vers, sur les affaires du royaume, où il n’épargna ni ses ennemis ni les moines. Adrien de Valois le fit imprimer en 1663, à la suite du Panégyrique de l’empereur Bérenger, in-8o. On le trouve dans le 10e volume des Historiens de France. Quoique cet ouvrage soit d’un style obscur et de mauvais goût, il est utile à ceux qui étudient l’état des mœurs, de la société et du gouvernement à cette époque. On voyait à la bibliothèque de l’abbaye de Laubes un autre poëme de ce prélat, intitulé : de Sancta Trinitate, qui était aussi adressé au rai Robert. Adalberon a aussi composé un Traité de dialectique : ces deux ouvrages n’ont jamais été publiés. ─ Deux autres Adalberon furent évêques de Metz. T-d.


ADALBERT, ADELBERT, ou ALDEBERT, fameux imposteur du 8e siècle, qui se vantait d’avoir reçu, par le ministère d’un ange, des reliques admirables, au moyen desquelles il pouvait obtenir de Dieu tout ce qu’il lui demandait. Le peuple, les gens de la campagne surtout et les femmes se laissèrent séduire ; on le prit pour un thaumaturge ; il ne marchait plus que suivi d’une foule immense. Des évêques ignorants et gagnés à prix d’argent lui conférèrent l’épiscopat. Il distribuait ses cheveux et les rognures de ses ongles, comme un objet de dévotion. Persuadé qu’il était au-dessus des apôtres et des martyrs, il refusait de leur conférer des églises, honneur qu’il se réservait pour lui seul. On vit en peu de temps, sur le bord des fontaines et dans les bois, s’élever des croix et des oratoires qui faisaient déserter les églises. Il dispensait de la confession, sous prétexte que, pénétrant dans l’intérieur des consciences, il n’en avait pas besoin pour absoudre. Enfin, les évêques, fatigués de ses extravagances, le condamnèrent, lui et ses livres, au concile de Soissons, en 744. Adalbert se moqua de leur sentence. Il fallut que le pape Zacharie en assemblât un plus considérable à Rome, à la sollicitation de St. Boniface, où ce fanatique fut de nouveau condamné, ainsi qu’un autre extravagant hibernois qui faisait les mêmes folies en Allemagne. Carloman et Pepin l’avaient fait enfermer après le concile de Soissons. Il est vraisemblable qu’il finit ses jours en prison. Ses écrits, jugés dignes du feu dans le concile de Rome, n’étaient qu’un tissu d’impostures et d’absurdités. Ils consistaient dans l’histoire de sa propre vie, dont il ne reste plus que le commencement ; dans une prétendue lettre de Jésus-Christ, apportée du ciel par St. Michel, qu’on trouve, quoique un peu mutilée, dans l’Appendice des Capitulaires de l’édition de Baluze ; enfin, dans une formule de prières à l’usage de ses sectateurs. Il en a été conservé quelques fragments dans les Actes du concile romain et dans les lettres de St Boniface. T-d.


ADALBERT Ier, fils de Boniface II, comte de Lucques, marquis et duc de Toscane. Boniface avait été dépouillé de ses fiefs par l’empereur Lothaire Ier. Son fils Adalbert tint rétabli dans le duché de Toscane des l’année 847. Le règne de ce prince fut long et glorieux ; ce fut lui qui éleva les ducs de Toscane au premier rang parmi les feudataires italiens. Comme le pape Jean VIII, trop favorable à Charles le Chauve, songeait, en 878, à lui transmettre