Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
ACU

impériales. Les historiens racontent qu’un de ces prêtres tua lui seul onze soldats du comte de Haro. Le mauvais succès de l’affaire de Tordesillas fut imputé à la faute ou à la trahison des généraux de la ligue ; don Pedro Gimn, fils du comte d’Urena, général en chef, fut obligé de céder le commandement ; mais Acuna ne perdit point son influence, et devint chaque jour plus redoutable, par les brigandages qu’il exerçait à la tête des siens, et par des entreprises dignes d’un guerrier consomme. Il ne négligeait aucun moyen de nuire à ses ennemis : ses lettres, ses émissaires parcouraient l’Espagne, et fomentaient partout le soulèvement ; mais ne perdant pas de vue l’objet particulier de son ambition, il trouva le moyen de pénétrer dans la ville de Tolède, assiégée par les royalistes, et défendue par dona Maria Pacheco, épouse de Jean de Padilla. Devancé dans cette ville par sa grande renommée, il fut proclamé archevêque de Tolède par le peuple, conduit à l’église, et revêtu de ses habits pontificaux. Son amour-propre satisfait, il songea à se procurer de l’argent, et disposa des ornements et des richesses de l’église pour subvenir à la solde de ses troupes, qu’il alla bientôt rejoindre, et qu’il conduisit au siége d’Avila. Il est à remarquer qu’un autre prêtre, don Antonio de Tolède, prieur de l’ordre de Malte, ennemi particulier d’Acuna, commandait également une division de royalistes, et que ces ministres de paix se faisaient l’un à l’autre une guerre plus cruelle que celle des militaires des deux partis opposés. Enfin, Jeana de Padilla, général en chef de la sainte ligue ligue ayant été battu à Villalar, le 24 avril 1521, et fait prisonnier avec ses principaux officiers, cet événement étouffa la ligue, et tous les chefs de cette révolution populaire portèrent leur tête sur l’échafaud. L’évêque de Zamora chercha à se sauver en France, et pénétra, à la faveur d’un déguisement, jusqu’aux frontières de la Navarre, ou il fut reconnu et arrêté. Charles-Quint le fit transférer au château de Simancas. C’est dans cette prison, où il était gardé avec assez d’égards, qu’il fendit la tête à l’alcayde, ou gardien de la forteresse, avec un morceau de brique qu’il avait substitué à son bréviaire, place ordinairement dans une bourse de cuir. Le fils de l’alcayde, étant accouru au bruit, rencontra l’évêque qui s’échappait, et parvint à l’arrêter. Ce crime fut le dernier d’Acuna. Après l’avoir tenu en prison deux ans dans le château de Simancas, Charles-Quint fit usage d’un bref qu’il avait obtenu du pape, par lequel le prélat, dépouillé de son caractère épiscopal, fut soumis à la justice ordinaire. L’impitoyable alcayde Ronquillo, le même dont la rigueur avait exaspéré les esprits au commencement de l’insurrection, reçut l’ordre d’aller mettre à exécution le jugement déjà rendu contre don Antonio, et il fut décapité dans la prison même. Son corps fut suspendu et exposé à l’un des créneaux de la forteresse. Telle fut la fin de cet homme, remarquable par l’activité et la férocité qu’il déploya dans un âge et dans une profession qui auraient du ralentir la fougue de son caractère. Il s’était fait remarquer par la pureté de ses mœurs, jusqu’à l’époque des révolutions de son pays, et il avait été utile à son prince, par des mission importantes. Les autres chefs de la rébellion, tels que Jean de Padilla, Jean Bravo, François de Maldonado et Pierre Pimentel furent exécutés, immédiatement après leur capture, sans aucune formalité de justice, et vu la notoriété du fait. (Voy. Padilla.) J-B. E-d.


ACUNA (Ferdinand d’), né à Madrid, au commencement du 16e siècle, fut un des personnages les plus remarquables de son temps, par la valeur qu’il déploya dans l’armée de Charles-Quint, et par le succès qu’obtinrent ses essais poétiques. Il traduisit d’abord en vers espagnols l’ouvrage d’Olivier de la Marche, intitulé le Chevalier délibéré, et y ajouta un livre entier de sa composition. Cette traduction (Anvers, 1553, in-8o, fig., rare) plut beaucoup à l’empereur. Acuna composa ensuite, dans le mètre italien, des sonnets, des stances et des églogues, dont les pensées sont naturelles et l’expression élégante. L’églogue de Silvain, entre autres, renferme de belles pensées, et présente un tableau riant de la vie champêtre. Acuna réussit également en traduisant Ovide, et surtout la dispute d’Ajax et d’Ulysse, au sujet des armes d’Achille, quoique ce morceau soit en vers de onze syllabes, mètre que les Espagnols regardaient comme le plus difficile dans leurs poésies. Acuna commença aussi à traduire le poëme de Roland amoureux, du Boyardo ; les quatre chants qu’il ajouta à cette traduction parurent dignes de l’original. Il mourut en 1580, à Grenade, où il s’était rendu pour soutenir un procès au sujet du comte de Buendia, dont la possession lui était contestée. Sa traduction du Chevalier délibéré fut réimprimée à Salamanque, en 1573, comme je l’ai dit plus haut, sous ce titre : el Cavallero determinado, avec des changements et des additions qui n’ont point nui à l’original. On a recueilli après sa mort ses poésies diverses, Varias poesias, Salumanca, 1591, in-4o, qui eurent l’approbation de ses contemporains, surtout du célèbre Garcilasso de la Vega, son ami. D-g.


ACUNA (don Pedro d’), chevalier de Malte, gouverneur des iles Philippines sous Philippe II, se montra d’abord favorable aux Chinois, qui, se voyant, en qrand nombre à Manille, se révoltèrent en 1602. Don Pedro les tailla en pièces et rétablit la tranquillité. En 1605, ayant reçu l’ordre de poursuivre avec vigueur la guerre contre les Hollandais, il mit en mer avec une flotte de trente-cinq voiles et 3,000 hommes de débarquement. Il se rendit maître de l’île de Ternate, et, avec les secours du roi de Tidor, fit la conquête de toutes les Moluques, amenant prisonniers le roi de Ternate, son fils et les principaux seigneurs de sa cour, il entra avec eux en triomphe, le 10 juin 1606, dans la capitale de son gouvernement ; mais il ne jouit pas longtemps de ses succès : des envieux l’empoisonnerent, et il mourut le 3 juillet 1606. Il a publie une relation espagnole du soulèvement des (Illinois à Manille. B-p.


ACUNA (Christophe d’), missionnaire espagnol, né à Burgos en 1597, entra dans l’ordre des jésuites à l’âge de quinze ans. Il passa ensuite en Amérique, où il travailla pendant plusieurs années à la conversion des Indiens du Chili et du Pérou. Nom-