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au commencement du 14e. C’est le premier auteur grec qui ait introduit dans la pratique l’usage des purgatifs doux, de la casse, du séné, de la manne ; c’est aussi le premier qui ait parlé des eaux distillées. Il est supérieur aux écrivains arabes, mais bien inférieur aux grands médecins de sa nation : Galien, Aëtius et Paul d’Égine, sont ceux qu’il a le plus particulièrement suivis. On a de lui : 1o une Thérapeutique en six livres, dont il n’y a aucune édition grecque, mais dont Henri Mathisius de Bruges a donne une traduction latine complète, sous ce titre : Methodi medendi libri sex, Venetiis, in-4o, 1551 ; Parisiis, 1566, in-8o. Cet ouvrage fut fait par Actuarius, pour un chambellan de la cour envoyé en ambassade dans le Nord. 2o Deux livres sur les Esprits animaux, dont Goupil donna une édition grecque à Paris, en 1557, in-8o, dont une version latine est jointe à la traduction de Mathisius, et, que Fischer a réimprimée en grec, à Leipsick, en 1775, in-8o, avec l’addition de doux livres d’Actuarius, sur le régime. 3o Sept livres sur les Urines, qui n’ont jamais été imprimés en grec. mais dont Ambroise Levon de Nole publia en 1519, in-4o, une version latine, que Goupil ensuite a revue, enrichie de notes, et réimprimée sous ce titre : de Urinis libri septem, Parisiis, 1518, in-8o ; Basilcœ, 1558, in-8o ; Utrajecti, 1670, in-8o. 4o Un Traité sur la composition des médicaments, avec des commentaires de Jean Ruellius, qui n’est qu’une impression séparée des 5e et 6e livres de la Thérapeutique d’Actaarius. Les œuvres médicales de J. Actuarius furent recueillies en 1520, Paris, in Biblioth. Aldina, in-8o ; puis en 1556, apud Born-Turrisanum, in Biblioth. Aldina, in-8o. Henri Estienne publia, en 1567, une édition in-fol. de tous ces ouvrages, traduits par différents auteur, dans l’édition Medicœ artis Principes. Ils ont aussi été imprimés réunis : Actuarii opéra, Parisiis, apud Morellum, in-8o ; Lugdum, apud Jo. Tornesium, 1556, in-12o, 3 vol. Tous les ouvrages de Jean, dit Actuarius, sont pleins de faits pratiques ; cependant l’auteur a montré la préférence qu’il donne à la médecine raisonnée. On trouve dans plusieurs bibliothèques des ouvrages d’Actarius qui n’ont pas été imprimés. C. et A-n.


ACUNA (don Antonio-Osioro d’), évêque de Zamora, sous les règnes de Ferdinand le Catholique et de Charles-Quint. Appelé par sa naissance aux plus hautes dignités, il fut envoyé par Ferdinand le Catholique en ambassade auprès des rois de France et de Navarre, puis nommé à l’évêché de Zamora, qu’il occupait en 1519, après l’avènement de Charles-Quint, époque célèbre dans la monarchie espagnole, et malheureusement trop favorable au développement des passions et du caractère fougueux de ce prélat. Des inimitiés personnelles entre le comte d’Alba de Lisle et lui divisaient en deux partis la ville de Zamora. L’absence de Charles-Quint ayant laissé le champ libre à l’insurrection des communautés, connues sous de nom de sainte ligue, les peuples de la Castille se livrèrent d’abord à une anarchie tumultueuse, que la faiblesse du cardinal Adrien, vies-roi de la Péninsule, ne lui permettait pas de réprimer. Cette anarchie avait pris en fort peu de temps une force imposante, et pour ainsi dire constitutionnelle, puisqu’une assemblée dos députés, ou procureurs de la nation, traitait avec les ministres de l’empereur, qui la reconnaissaient. Elle aurait infailliblement changé la face de l’Espagne, si les principaux chefs de la sainte ligue avaient eu l’audace et la fermeté de l’évêque de Zamora. Obligé de s’éloigner de son siége, à cause des tracasseries de son rival (le conte d’Alba de Lisle), Acuna s’était rendu à Tordesillas au moment où les députés de la sainte ligue s’y réunissaient ; il se jeta aussitôt dans leur parti, et fut accueilli avec empressement. Ou lui donna des soldats et des canons, avec lesquels il marcha droit à son rival, qui ne l’attendait point, et il se joignit aux forces du cardinal gouverneur. Dès cet instant, Antonio Acuna devint l’un des principaux chefs de la ligue populaire. Il leva un régiment de prêtres, qu’il conduisit lui-même au combat. Il était alors dans sa soixantième année, et tous les auteurs espagnols s’accordent à dire qu’il avait le feu d’un jeune homme et l’adresse du militaire le plus exercé dans le maniement des armes. Dès qu’il s’agissait de fondre sur les ennemis, ce prélat sexagénaire piquait le premier son cheval, en criant : A qui mis clerigos ! « À moi, mes prêtres ! » Au premier recensement des troupes de la ligue dans le bourg de Tordesillas, il parut à la tête de 5,000 hommes, parmi lesquels on remarquait soixante-dix lances qui étaient à son service particulier, et 1,000 hommes d’infanterie, dont 800 étaient des prêtres de son diocèse, sans compter un grand nombre d’habitants de Zamora qu’il emmenait également à sa suite. Les forces de la ligue devenaient chaque jour plus redoutables. Le cardinal Adrien et les grands restés fidèles à l’empereur employaient les moyens de douceur et de persuasion pour réduire ou diviser les chefs de la ligue ; mais rien ne put adoucir l’esprit du prélat, et le président de la chancellerie de Valladolid étant venu en députation auprès de lui (il était campé avec 5,000 hommes dans un village de Castille, appelé Villabraxima), pour lui exposer les facheux résultats de sa conduite, et l’ordre du souverain de déposer les armes, non-seulement il répondit avec audace, mais il plaça une embuscade sur le chemin du président pour l’enlever à son retour de Rioseco, lui et toute sa suite : celui-ci en fut averti, et eut beaucoup de peine à l’éviter. Acuna avait pris pour sa devise « qu’on ne saurait revenir sur ses pas, une fois qu’on s’est avancé autant qu’il l’avait fait vis-à-vis de son souverain ; » et il le disait hautement. Les ligueurs s’étaient rendus maîtres de Tordesillas, de la sœur de Charles-Quint, ainsi que de la reine Jeanne la Folle, sa mère, et enfin du cardinal de Tortose, son lieutenant général en Espagne. L’état habituel d’imbécillité de la reine mère n’empêchait pas qu’on n’en tirait un grand parti dans l’esprit des peuples. Le comte de Haro, qui connaissait l’importance de retirer Jeanne des mains de la ligue, vint attaquer les troupes qui la gardaient ; après un combat opiniâtre, ce seigneur s’empara de la ville, et porta un coup mortel aux ennemis de son maître. Le régiment des prêtres soutint seul le choc des troupes