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ACO

livre pour soutenir son opinion. À force d’examiner l’Ancien Testament il crut y découvrir qu’il n’y était point question des peines et des récompenses de l’autre vie. Alors il embrassa la croyance des sadducéens, et publia un livre où il combattait de toutes ses forces l’immortalité de l’âme ; Les juifs le déférèrent aux tribunaux d’Amsterdam, comme attaquant toute espèce de religion, et la synagogue, toute pharisienne, l’excommunia. Les tribunaux le condamnèrent à une amende de 500 florins, et son ouvrage fut confisqué. Il fut mis en prison et relâché peu après. Son doute croissant toujours, il en vint à nier que la loi de Moïse fût une révélation de Dieu ; et alors, se trouvant tout à fait incrédule, il lui devint indifférent de professer extérieurement un culte quelconque ; il se réconcilia avec la synagogue. Peu après, il fut dénoncé pour avoir détourné deux chrétiens de se faire juifs, et aussi parce qu’il observait mal les pratiques de sa religion. La synagogue l’excommunia encore une fois, et il passa sept années en butte aux persécutions de sa famille et de tous les juifs de Hollande. Tant de tourments le déterminèrent à subir une expiation, la plus dure et la plus humiliante qui se puise imaginer. Sur la foi d’un de ses parents, il n’avait cru qu’à une peine légère : quelle fut sa surprise quand il se vit obligé de faire une confession publique, de recevoir trente-neuf coups de fouet de la main du rabbin, de se laisser fouler aux pieds par toute l’assemblée, suivant les rites judaïques ! Il a raconté cette avanie dans un petit ouvrage qu’il composa, à ce qu’il semble, au moment où il prit la résolution de s’ôter la vie. Voulant en même temps se venger du parent qui l’avait amené à la subir, il l’ajusta avec un pistolet. L’arme fit long feu ; Acosta avait réservé pour lui un second pistolet, et se tua sur-le-champ (1647). Cet homme fut un exemple remarquable d’une âme ardente et élevée, égarée par l’orgueil de la raison humaine. Pendant la plus grande partie de sa vie, il ressentit l’insatiable besoin d’une croyance religieuse, et ne s’aperçut pas que ce sentiment est une preuve qu’il y a un genre de vérité où ne peuvent atteindre les forces du raisonnement. On ne peut s’empêcher de plaindre sa vie malheureuse et agitée : il a du souffrir plus encore des incertitudes de son âme ; Pour protester contre la sentence d’excommunication, il avait publié son Examen tradisorum pharisacicarum collaturum cum logo scripts contra animæ immortalitem, Amsterdam, 1623, in-4o. Cet ouvrage fut attaqué par Samuel de Silva, médecin juif, dans un livre portugais, intitulé : Tradato de l’Immortalitade da aima, Amsterdam, in-8o. Acosta donna alors une traduction en ce même langue, de son ouvrage, com riposte o kum Samuel da Silva, seu false calumniador, 1624, in-8o. Son but était de prouver que la loi de Moïse se trouvant, sur plusieurs point essentiels, contraire à la loi naturelle, ne pouvait être considérée que comme une invention purement humaine. Son Exemplar vitæ humanæ, où il a fait l’histoire de ses aventures et des ses opinions, a été réfuté par Limborch, et imprimé à la fin de l’Amica Collatio, etc., de ce dernier. B-e.

ACQUAVIVA. (Voyez Aquaviva.)


ACREL (Olaus), chirurgien et médecin, né en Suède, près de Stockholm, au commencement du 18e siècle, étudia d’abord à Upsal, et se rendit ensuite à Stockholm pour s’y appliquer à la chirurgie, sous des maîtres habiles. En 1741, il entreprit un voyage en Allemagne et en France, séjourna quelque tempo à Gœttingue, à Strasbourg et à Paris, et servit pendant deux ans, dans les armées françaises, en qualité de chirurgien. En 1745, il retourna en Suède, et se fixa dans la capitale, où il fut pendant un demi-siècle l’oracle de la chirurgie et de la médecine. Il donna des idées nouvelles sur la manière d’établir des hôpitaux dans les camps et dans les armées, et publia en suédois plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : un traité sur les plaies récentes, Stockholm, 1745 ; des Observations de chirurgie, ibid., 1750 ; Dissertation sur l’opération de la cataracte, ibid., 1766 ; un Discours sur la réforme nécessaire dans les opérations chirurgicales, ibid., 1767. Les talents et le zèle d’Acrel lui firent obtenir des places importantes et des distinctions flatteuses. Il fut nomme directeur général de tous les hôpitaux du royaume. On lui accorda des titres de noblesse. Créé d’abord chevalier de Wasa, il devint commandeur de cet ordre. L’université d’Upsal lui envoya le diplôme de docteur en médecine, en 1764 ; il était membre de l’académie des sciences de Stockholm depuis 1746, et associé étranger de l’académie de chirurgie de Paris, depuis 1750. Parvenu à un âge très-avancé, il mourut en 1807. C-u.


ACRON, célèbre médecin d’Agrigente en Sicile, visait, selon Plutarque, lors de la grande peste qui désola Athènes au commencement de la guerre du Péloponèse, dans la 84e olympiade (444 ans avant J.-C.), suivant le même biographe, il fit, le premier, allumer des feux dans les rues pour purifier l’air et arrêter la contagion ; mais cette pratique, sur l’utilité de laquelle on élève maintenant des doutes, était déjà suivie par les prêtres d’Égypte, au rapport de Suidas. Pline regarde Acron comme le chef de la secte des empiriques : c’est une erreur dans laquelle il est tombé, parce qu’à cette époque où la philosophie grecque prenait un grand développement, Acron fit tous ses efforts pour empêcher qu’elle ne continuât à absorber une science dont il pensait avec raison que la méthode devait être différente. Cette secte des empiriques ne commença que deux cents ans plus tard, d’après Sérapion d’Alexandrie et Philinus de Cos. Acron, après avoir enseigné et pratiqué la médecine à Athènes, revint mourir dans sa patrie, et demanda aux Agrigentins un emplacement dans leur ville pour s’y bâtir un tombeau ; mais la jalousie d’Empédocle, qu’on a dit faussement avoir été son panégyriste, le lui fit refuser. A-n.


ACRON (Hélénius) est un ancien scoliaste sur lequel on n’a presque aucun renseignement. Fabricius (Bibl. lat., t. 1, ch. 13) et Sax (Onomastic., t.1) trouvent tant d’obscurité dans le peu que l’on sait de ce grammairien, qu’ils n’osent pas même essayer de déterminer l’époque où il a vécu. Cependant, si, comme le croient Saumaise et la Monnaie (Notes