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ACO

demandaient un général particulier pour l’Espagne : Acosta espérait cette charge, mais il se contenta de proposer un chapitre général. Aquaviva, en l’excluant de la charge de provincial, le nomma supérieur de Valladolid, et députa en Espagne Alphonse Sanchez, pour engager le roi à ne point assembler le chapitre ; mais Acosta s’étant fait nommer envoyé auprès du pape Clément VIII, qui ordonna la convocation du chapitre, Aquaviva envoya Acosta loger à la pénitencerie de St-Pierre, ordonna qu’on ouvrit ses lettres, et lui fit tout le mal qu’il put ; mais ayant eu l’avantage dans ce chapitre, il renvoya Acosta dans sa place de supérieur à Valladolid. Acosta, devenu par la suite recteur à Salamanque, mourut dans cette ville, le 15 février 1600. On a de lui : 1o Historia natural y moral de Las Indias ; Séville, 1590, in-4o ; idem, 1591, in-8o, édition revue et corrige ; Madrid, 1608 et 1610, ouvrage fort estimé, souvent cité par Robertson, et dont une traduction flamande, par Jean-Hugues de Linschot, fut donnée en allemand par Gobertus, dans la collection des Voyages de François de Bry : la traduction française, par Robert Regnault, a eu trois éditions, 1598, 1606 et 1616, in-8o. Le traducteur français dit que l’ouvrage original est rare, et que les Espagnols en firent bruler tous les exemplaires. Robert Regnault a probablement voulu, par ce conte, donner du mérite à ses traductions. 2o De Natura novi orbis libri duo ; Salamanque, 1589 et 1595, in-8o, Cologne, 1596, in-8o, traduit par l’auteur en espagnol, et inséré dans l’ouvrage précédent. 3o de Promulgatione Evangelii apud barbaros ; Salamanque, 1588, in-8o ; Cologne, 1596, in-8o. 4o de Christo revelato libri novem ; Rome, 1596, in-4o ; Lyon, 1591, in-8o. 5o Concionum tomi tres ; Salamanque, 1596, in-4o ; Venise, 1599 ; Cologne, 1600 et 1609, in-8o. Ces sermons sont en latin et d’un style simple[1]. A. B-t.


ACOSTA (Christophe), chirurgien portugais, naquit à Mozambique, vers la fin du 15e siècle. Ayant eu de bonne heure le goût des voyages, et étant allé en Asie pour y rechercher les drogues que l’on en tire pour l’usage de la médecine, il fut pris par des pirates, qui l’emmenèrent en esclavage, et lui firent éprouver les traitements les plus durs. Il trouva enfin le moyen de sortir de sa captivité, et continua ses voyages. Ce ne fut qu’après en avoir fait plusieurs, surtout aux Indes orientales, qu’il revint en Europe, et qu’il se fixa à Burgos, où il exerça la médecine et la chirurgie. Sur la fin de sa vie, il se retira dans un couvent de cette ville. Ayant eu connaissance de l’ouvrage de Garcias ab horto, sur les drogues, il en entreprit un sur le même sujet ; mais au fond ce ne fut qu’une simple copie ou une traduction espagnole, à laquelle il ajouta peu de chose. Elle parut à Burgos, en 1578, in-4o, sous le titre de : Tratado de las drogas y medicinas de

las Indias orientales, con sus plantas, et fut traduite en italien par Guilandini, Venise, 1585, in-4o. Clusius la traduisit en latin, l’abrégea, y ajouta quelques remarques, et la fit imprimer dans ses Exotiques, à Anvers, en 1582, in-8o, à la suite de Garcias. Acosta y avait joint des figures ; mais quoiqu’il assure qu’elles ont été faites sur le vivant, Clusius les trouva si mauvaises, qu’il en supprima la majeure partie. On l’imprima séparément à Anvers, en 1593. Antoine Colin, apothicaire de Lyon, traduisant en français l’ouvrage entier de Clusius, dans lequel sont réunis les traités de Garcias ab horto, de Monardes, traduisit aussi celui d’Acosta, en conservant les figures. Cette traduction parut à Lyon, en 1619, in-8o. Christophe Acosta, quoique souvent cité, a rendu peu de services à la médecine et à la botanique. Haller le regarde comme un chirurgien ignorant et peu lettré. Acosta publia la relation de ses voyages, et un livre à la louange des femmes, dédié à Catherine d’Autriche, Venise, 1592, in-4o. Il a composé en espagnol plusieurs autres écrits sur la vie solitaire et religieuse, sur l’amour divin et humain. — Gabriel Acosta, chanoine et professeur de théologie à Coimbre, mourut en 1616, après avoir composé des Commentaires sur le 49° chapitre de la Genèse, sur Ruth, les Lamentations de Jérémie, Jonas et Malachie, Lyon, 1641, in-fol. — Emmanuel Acosta, jésuite portugais, du 16e siècle, est auteur d’un ouvrage intéressant, traduit en latin par le P. Maffei, sous ce titre ; Rerum a societate Jesu in Oriente gestarum ad annum 1568, Commentarius, libri 4 ; Dilingen, 1571, in-8o. Cette édition contient encore deux lettres de l’auteur sur les missions du Japon, avec l’histoire de cinquante-deux missionnaires martyrisés dans ce pays. L’ouvrage a eu deux autres éditions, l’une imprimée à Cologne, l’autre à Anvers ; celle-ci en 1605, in-8o. Il a été traduit en espagnol par Jean Innignez de la Guerrica, 1575, in-4o. D-P-s.


ACOSTA. Voyez Lacoste,


ACOSTA (Uriel), gentilhomme portugais, d’origine juive, né à Oporto, vers la fin du 16e siècle, reçut une éducation soignée, et partagea, des ses plus jeunes années, l’ardeur de son temps pour la science. Il s’adonna particulièrement à l’étude de la théologie, et la première partie de sa jeunesse s’écoula dans une pratique sévère de tous les devoirs de dévotion. Peu à peu, il en vint à se faire des difficultés sur les principes de la religion, et son âme inquiète s’agitait sans cesse pour les résoudre. Au bout de quelques années, il retourna au judaïsme, espérant que cette religion satisferait mieux sa raison. Au péril de sa vie, il prêcha cette doctrine à toute sa famille, la persuada, et abandonnant une partie de sa fortune, un bénéfice assez considérable, et une position heureuse, il passa en Hollande, où il se fit juif, et changea le nom de Gabriel, qu’il avait reçu au baptême, en celui d’Uriel. Il ne tarda guère à trouver que les principes des rabbins étaient mal d’accord avec la loi de Moïse. La synagogue l’excommunia. Il supporta d’abord, sans trop s’étonner, cette punition, et se mit à faire un

  1. Le traité de procurmuda Indoma Salute, en 6 livres, a eu une seconde édition à Cologne, 1596, in-4o. Celui de Christo rerclato, dont les 4 livres de Temporibus norissimis font partie, étant devenu très-rare, quoique plusieurs fois imprimé, a été inséré, par le P. Tournemine, à la fin de son Menochius, ainsi que celui de vera Scriptures interpretend Ratione libri tres. On a dit que le P. Acosta avait mis en latin les actes du troisième concile de Lima. T-N.