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aurait la liberté de fouiller dans toutes les bibliothèques de la Grèce, pour faire une recherche des ouvrages qui s’y trouvaient ensevelis depuis que-l’empire d’Orient avait subi le joug des Turcs. Acomat se distingua par sa fidélité envers Bajazet, dans la bataille que ce prince perdit, en 1511, contre son fils Sélim. On ignore l’époque de sa mort. B-p.


ACONCIO (Jacques), philosophe du 16e siècle, dont le véritable nom était Giacomo Contio, fut d’abord curé dans le diocèse de Trente, sa patrie. Plus tard, ses inclinations de libre penseur le portèrent à se réfugier en Suisse pour y faire profession de la nouvelle réforme de Calvin ; il passa ensuite à Strasbourg, et de là en Angleterre. Ce fut connue ingénieur, et non comme théologien, qu’il reçut une pension de la reine Élisabeth, à qui il fit hommage de son fameux Livre des Stratagémes de Satan, par une dédicace que Bayle appele une inscription canonisante, parce qu’elle commence ainsi : Divæ Elisabethæ, etc. L’objet de ce livre est de réduire à un très-petit nombre les dogmes essentiels du christianisme, et d’inspirer une tolérance générale pour ceux qui ne sont pas compris dans cette classe. Selon cet auteur, ces dogmes sont tous contenus dans le symbole des apôtres, à l’exclusion des diverses confessions de foi particulières, qu’il regarde comme autant de ruses inventées par Satan pour tromper les hommes dans la grande affaire de la religion, pour exciter la cupidité du clergé et entretenir la superstition des peuples. En appliquant à l’eucharistie sa méthode pour faire disparaître toute cause de schisme, l’auteur n’approuve ni les catholiques, qui excluent la simple figure, ni les calvinistes, qui rejettent la réalité. Il ne lui paraît pas plus difficile de croire que Jésus-Christ est présent en plusieurs lieux à la fois, que de croire qu’il est Dieu et homme tout ensemble, et, dans son opinion, ceux qui admettent la présence réelle et ceux qui ne l’admettent point pourraient fort bien vivre en paix et communier à la même table. Ce plan, dans lequel il fait entrer tous les autres sujets de controverses, proposés à une époque où le principe fondamental du protestantisme n’avait pas encore reçu tout le développement qu’on lui, a donné depuis, parut prématuré. On n’était pas alors disposé, dans la réforme, à goûter un système de nivellement capable d’inspirer de la prévention contre le nouvel Évangile. Le Livre des Stratagémes attira à son auteur des critiques amères, et lui fit de nombreux ennemis dans sa propre communion. On lui reprocha de s’éloigner de la doctrine de Calvin, d’ouvrir la porte à toutes sortes d’hérésies, et de conduire à l’indifférence en matière de religion. Il chercha à se justifier de l’accusation d’arianisme et de sabellianisme, par une lettre que Crenius a insérée dans ses Animadversiones philologicœ et historicœ. Aconcio mourut en Angleterre, vers l’année 1565. Ses ouvrages roulent sur un grand nombre de sujets, et annoncent un homme très-éclairé. Le plus remarquable est celui dont nous venons de parler, imprimé à Bâle, en 1565 ; sous ce titre : de Stratagematibus Satanæ in religionis negotio, per superstionem, errorem, hœresim, odium, calumniam, schisma, etc., lib. 8. Selden a appliqué à ce livre ce qui a été dit d’origine : Ubi bene, nihil melius ; ubimale, nemo pejus. Il a été souvent réimprimé depuis et traduit dans toutes les langues. La traduction française, qui parut même année à Bâle, in-4o, a eu plusieurs éditions. On peut considérer ce livre comme un avant-coureur des ouvrages du lord Herbert de Cherburi, et des autres philosophes anglais qui ont réduit à un petit nombre les articles fondamentaux de la religion, et soutenu que la plupart des cultes offrent tous ces dogmes essentiels. On a encore de lui : 1o de Methode, sive recta investigandarum tradendarumque artium ac scientiarum ratione libellus, Bàle, 1558, in-8o, ouvrage qui fut accueilli avec distinction, mais que celui de Descartes, sous le même titre et sur le même sujet, fit oublier. Il a été souvent réimprimé, et inséré dans la collection d’Utrecht, intitulée : de Studiis bene instituendis, 1658. 2o Ars muniendorum oppidorum, en italien et en latin, à Genève, 1585. Mazzuchelli (Script.) est le seul qui en fasse mention ; Chaufepié nie que cet ouvrage ait été imprimé. Aux connaissances variées que suppose la composition de ces différents ouvrages, Aconcio joignit une étude profonde de la jurisprudence. Le tome 6 des Observationes selectæ ad rem litterariam spectantes, contient des détails intéressants sur Aconcio et sur ses ouvrages. T-d.


ACORIS devint roi d’Égypte après Néphéréus, et se ligua, vers l’an 386 avant J.-C., avec Évagoras, roi de Chypre, les Arabes et les Tyriens, pour faire la guerre à Artaxercès Mnémon, roi de Perse. Évagoras ayant été vaincu, Acoris ne voulut plus lui fournir de secours, et resta tranquille pendant quelque temps. Il reprit les armes vers l’an 377 avant J.-C. et rassembla une armée considérable, composée en grande partie de Grecs qu’il avait pris à sa solde, et il fit venir Chabrias d’Athènes, pour les commander. Le roi de Perse, qui était alors en paix avec les Athéniens, s’étant plaint à eux de ce qu’ils permettaient qu’un de leurs généraux lui fit la guerre, ils appelèrent Chabrias, et Acoris se trouva sans général ; mais Artaxercès ayant rétabli la paix parmi les Grecs, avant de tourner ses armes contre l’Égypte, et s’étant ensuite livré à des préparatifs considérables pour cette expédition, Acoris mourut dans cet intervalle, l’an 374 avant J.-C. C-r.


ACOSTA (Joseph d’), né à Médina del Campo, vers l’an 1539, entra, avant l’âge de quatorze ans, dans la compagnie de Jésus, où il avait déjà quatre frères, Jérôme, Jacques, Christophe et Bernardin. Joseph fut le plus célèbre : après avoir professé la théologie à Ocana, il passa, en 1571, aux Indes occidentales, et fut le second provincial du Pérou. Il revint en Espagne en 1588, et y gagna les bonnes grâces de Philippe II, en l’entretenant de ce qui regardait le nouveau monde. Pour rendre compte de ses travaux dans ce pays, il alla ensuite à Rome, auprès de Claude Aquaviva, général de son ordre, qui le renvoya en Espagne, en 1589, avec la charge de visiteur de l’Aragon et de l’Andalousie. La division était parmi les jésuites espagnols ; quelques-uns