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ACL

sociétés de médecine. On a de lui, entre autres écrits : 1° Imtitutiones historiæ medicinæ, Nuremberg, 1792. in-8o ; 2° Manuel de médecine militaire, 2 vol. in-8o, Leipsick, 1794-95 (en allemand) ; 3° Vie de J. Conr. Dippel, Leipsick, 1781, in-8o (en allemand) ; 4° les vies d’Hippocrate, de Galien, de Théophraste, de Dioscoride, d’Arétée et de Rufus d’Éphese, dans l’édition faite par Harles de la Bibliothèque grecque de Fabricius. Ces biographies passent pour des chefs d’œuvre. G-t.


ACLOQUE (André-Arnoult), brasseur du faubourg St-Antoine, à Paris, était né à Amiens, et avait servi dans sa jeunesse comme simple carabiniers ; il était doué d’une force corporelle extraordinaire et passait pour l’un des plus beaux hommes de l’armée. S’étant réuni à la commune, le 14 juillet 1789, il en fut élu représentant, et devint successivement président de son district et commandant de la garde nationale. Il se trouvait de garde aux Tuileries lorsque le peuple envahit ce palais dans la journée du 20 juin 1792. Dans cette position difficile et périlleuse, le commandant Acloque sut remplir son devoir avec courage et fidélité ; il ne quitta pas un instant le roi, qui, en ce moment critique, n’avait auprès de lui que madame Élisabeth et ce généreux citoyen. Tandis que Louis XVI, refoulé par le tumulte dans l’embrasure d’une fenêtre et coiffé du bonnet rouge, s’efforçait de calmer la multitude irritée, Acloque détourna plusieurs fois les piques dirigées contre la personne de ce prince qui se tenait appuyé sur lui. Bertrand de Molleville rapporte qu’il fut ensuite chargé par la cour de distribuer de l’argent au peuple de son faubourg : les pièces trouvées dans l’armoire de fer paraissent confirmer cette assertion. Après l’arrestation du roi, Acloque se retira à Sens, où il fut assez heureux pour échapper à la justice du tribunal révolutionnaire. Sa mort arriva longtemps avant la restauration. C. W-r.


ACLOQUE de Saint-André, fils du précédent, exploitait, a Paris, un commerce de moutarde et de vinaigre. Au mois de janvier 1814, Napoléon le nomma chef d’une légion de la garde nationale, a la place de M. de Gontaut-Biron, qui avait refusé ce poste. Lorsque l’empereur quitta Paris pour aller défendre à la tête de l’armée la patrie envahie par l’Europe coalisée, Acloque se réunit aux autres officiers de la garde nationale pour rédiger et signer une adresse où l’on remarque le passage suivant : « Partez, Sire, avec sécurité ; que nulle inquiétude sur le sort de ce que vous avez de plus cher ne trouble vos grandes pensées : allez, avec nos enfants et nos frères, repousser le féroce ennemi qui ravage nos provinces ; fiers du ce dépôt sacré que vous remettez a notre foi, nous défendrons votre capitale et votre trône contre tous les genres d’ennemis… » Deux mois plus tard, Acloque envoyait au sénat son adhésion à l’acte de déchéance qui excluait à perpétuité du trône de France Napoléon et toute sa famille ; le signataire s’exprimait ainsi : « Le sénat et le gouvernement provisoire viennent de couronner leur généreuse entreprise, en proclament ce prince, dont l’antique race fut, pendant huit cents ans, l’honneur de notre pays. Un peuple magnanime, que des malheurs inouïe n’ont pu abattre, va recouvrer ses droits, que le despotisme du tyran n’avait pu lui faire oublier. La garde nationale est appelée à donner à la France l’exemple du dévouement a son prince et à son pays. J’adhère donc avec empressement à l’acte constitutionnel qui rend le trône de France a Louis-Stanislas-Xavier et à son auguste famille. » Louis XVIII se montra reconnaissant envers Acloque : il le nomma chevalier de la Légion d’honneur (décembre 1814), et lui accorda, peu après (janvier 1815), des lettres de noblesse qui autorisaient à ajouter à son nom celui de la rue qu’il habitait. Malgré ces faveurs, le chevalier de St-André signa, le 6 juillet suivant, conjointement avec les chefs de la garde nationale, une pétition pour demander la conservation de la cocarde tricolore. Hâtons-nous d’ajouter que, le lendemain, il protesta contre le vœu qu’il avait exprime la veille, et qu’il fut nommé officier de la Légion d’honneur avant la fin de l’année. C. W-r.


ACOLUTH (André), savant orientaliste et professeur de théologie à Breslau, né à Bernstadt, le 6 mars 1654, mort le 4 novembre 1704. On dit qu’à l’âge de six ans il savait déjà s’exprimer en hébreu : Ses ouvrages le plus remarquables sont quelques surates (ou chapitres) d’un Coran polyglotte, qu’il avait le projet de donner en entier. Voici le titre de ce spécimen devenu très-rare : 1° Τετραπλᾶ Alcoranica, sici specimen Alcorani quadrilinguis, arabici, persici, turcici et latini, Berlin, 1701, in-fol., 57 p. ; 2° Olbadias armenus et latinus, cum annotatibus, Leipsick, 1680, in-4o. Pour faire imprimer cet ouvrage, dans lequel il a suivi de mauvais guides (Ambroise Theseus et François Rivoli), il fut obligé de faire fondre à ses frais des caractères arméniens. 3° Andreæ Acoluthi. Urauslaviensis de aquis amoris zelotypiæ, Leipsick, 1682, in-8o de plus de 500 p. L’érudition rabbinique y est prodiguée sans mesure, et l’on petit dire sans utilité. Acoluth fut en correspondance avec plusieurs de ses plus célèbres contemporains, tels que Longuerue, Spanheim, Leibnitz, qui n’approuvèrent pas ses idées sur l’identité de l’arménien avec l’ancienne langue de l’Égypte. S-r.

ACOMAT, nommé d’abord Étienne, fils de Cheyéchius on Chersech, prince de Montevera, dans l’Esclavonie, avait été fiancé à la fille du souverain de Servie, l’une des plus belles princesses de son temps. Il allait l’épouser lorsque son père la lui enleva et l’épousa lui-même. Le jeune prince, au désespoir, se retira chez les Turcs, embrassa le mahométisme, et quitta son nom d’Étienne pour prendre celui d’Acomat. Bajazet II, l’avant accueilli à sa cour, lui donna sa fille en mariage. Acomat accompagna le sultan dans son expédition contre les Vénitiens, et, toujours favorable aux chrétiens dans le cœur, il sauva une partie de la garnison vénitienne, après la prise de Modon, en Morée. Il délivra encore plusieurs esclaves chrétiens par son crédit et même par son argent. Ce fut lui qui détermina Bajazet à faire la paix avec les Vénitiens, et qui obtint du Sultan que Jean Lascaris, envoyé par Laurent de Médicis,