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ter la piété de son père, il suivit les traces des rois d’Israël, et sacrifia aux faux dieux dans les bois sacrés ; il offrit même ses enfants à Moloch, à l’exemple des princes idolâtres que le Seigneur avait mis en fuite devant les Israélites. Sous son règne, les mis de Syrie et d’Israël, les Iduméens et les Philistins, devenus les instruments de la vengeance céleste, ravagèrent la Judée, et emmenèrent en captivité un grand nombre d’habitants qu’Achaz ne sut ni défendre ni préserver. Obligé d’appeler le roi d’Assyrie a son secours, il se rendit tributaire de ce prince ; et pour acheter son alliance et se le rendre favorable, il épuisa ses trésors, dépouilla le temple de Jérusalem, substitua le culte des divinités étrangères à celui du vrai Dieu. Achaz mourut vers l’an 726 avant J.-C., après un règne de 16 ans, et fut privé de la sépulture des rois, à cause de son impiété. Sous le règne de ce mauvais prince, l’Écriture fait mention d’un gnomon ou cadran solaire, qui parait être, chez les israélites, le plus ancien monument de ce genre. C-T.


ACHÉ (le comte d’), vice-amiral des armées navales de France, né en 1716, servit avec distinction, mais sans commander des forces considérables, jusqu’en 1757. À cette époque, il fut chargé de l’escadre que le gouvernement envoya dans les mers de l’Inde ; Ses revers dans cette partie du monde lui ont donné une célébrité malheureuse. Presque tous les combats qu’il soutint eurent des résultats funestes ; il perdit en peu de mois tous les établissements que la France possédait sur les côtes du Malabar et de Coromandel, et laissa détruire presque entièrement le commerce de la compagnie des Indes, qui, depuis longtemps, rivalisait de richesses et d’ambition avec la compagnie anglaise. Le comte d’Aché n’en fut pas moins élevé, à son retour, aux premiers grades de la compagnie, et vieillit dans les honneurs militaires, sans relever sa réputation par aucune action d’éclat. Il mourut vers la fin du 18e siècle. E-d.


ACHÉ (Robert-François, vicomte d’), officier de la marine royale, était de la même famille que l’amiral de ce nom. Il émigra au commencement de la révolution, et revint, quelque temps après, se mettre à la tête des bandes de chouans qui désolaient nos départements de l’Ouest. Traduit devant le tribunal Spécial de Rouen comme ayant pris part à de nombreux actes de brigandage et aux attaques de diligences, il fut condamné à mort, en 1799. Il réussit à se soustraire à ce jugement et se réfugia de nouveau en Angleterre. Mais il n’avait pas renoncé au projet de rallumer la guerre civile ; rentré secrètement en France, il entreprit de soulever la Normandie. Un coup de main exécuté, dit-on, sans son aveu, donna l’éveil au gouvernement. Deux femmes, ses complices, furent arrêtées et condamnées ; de nombreux détachements battirent le pays ; d’Aché, vivement poursuivi, erra quelque temps dans les bois et chercha un asile dans la maison de campagne de madame de Vaubadon, sur l’amitié de laquelle il croyait pouvoir compter. Mais cette femme, après l’avoir accueilli avec toutes les marques d’un généreux empressement, et tout en l’assurant de sa sympathie et de son dévouement, le vendit à Fouché pour une somme de 60,000 francs. D’Aché fut attiré par elle hors de sa retraite et conduit dans une embuscade de gendarmes gardes-côtes ; il se défendit en désespéré et tomba percé de coups, le 9 septembre 1809. C. W-r.


ACHEN (Jean van), peintre, né à Cologne, en 1556, d’une famille aisée, témoigna dès sa plus tendre jeunesse du goût pour la peinture, et, à l’âge de onze ans, fit un portrait qui fut trouvé très-ressemblant. Ses parents le laissèrent se livrer à ses dispositions. Après avoir étudié sous un peintre médiocre, il entra dans l’école de Georges ou Jerrigh, habile peintre de portraits. Six années d’étude mûrirent les talents de van Achen. À vingt-deux ans, il fit le voyage d’Italie, et fut adressé, à Venise, à un peintre flamand, nommé Gaspard Reims. Cet homme n’eut pas plutôt su que van Achen était Allemand, que, prévenu contre son talent, il l’envoya chez un Italien qui accueillait les artistes nécessiteux, parce qu’il trafiquait de leurs tableaux. Van Achen y fit quelques copies ; mais ne pouvant oublier la réception que Reims lui avait faite, il peignit son propre portrait et le lui envoya. Celui-ci en fut si satisfait, qu’il adressa des excuses à van Achen, le logea chez lui, et conserva le portrait toute sa vie. De Venise, van Achen alla à Rome, ou il peignit à l’huile, sur une plaque de plomb, une Nativité, pour l’église des jésuites. Il se peignit ensuite de nouveau lui-même, ayant près de lui une joueuse de luth, et ce tableau passe pour le meilleur qu’il ait fait. À Florence, il peignit une femme poëte appelée Laura. Revenu à Venise, il y fit un assez grand nombre de tableaux, et fut mandé à Munich par l’électeur ; il y peignit un tableau d’autel destiné à la chapelle du tombeau de ce prince : le sujet était la Découverte de la vraie croix. Cet ouvrage satisfit tellement l’électeur, qu’il se fit peindre avec sa famille. L’empereur d’Allemagne ayant vu un portrait du célèbre sculpteur Jean de Bologne, peint par van Achen, désira que ce peintre vint à sa cour : après quatre années d’hésitation, van Achen se rendit aux désirs du monarque, et alla le trouver à Prague, ou il commença un tableau de Vénus et Adonis ; mais il ne le finit point et revint à Munich. Dans un second voyage à Prague, il orna les palais impériaux de ses ouvrages, et mourut dans cette ville, en 1621. D-t.


ACHENWALL, (Godefroy), célèbre publiciste, qu’on doit regarder comme le créateur de la science dite statistique, naquit à Elbing, ville de Prusse, le 20 octobre 1719. Il fit ses études académiques à Iéna, Halle et Leipsick. En 1716, il alla se fixer à Marbourg, où il enseigna l’histoire, le droit de la nature et des gens, et enfin cette nouvelle science dont il commençait à se former une idée nette et précise, mais où il semble n’avoir voulu comprendre, dans le principe, que la connaissance raisonnée des constitutions des divers États. En 1748, Achenwall se rendit à Goettingue, où, quelques années après, il devint professeur jusqu’à sa mort, arrivée le 1er mai 1772, il fit partie de cette célèbre université, à la gloire de laquelle il a beaucoup contribué. Achen-