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de l’université d’Upsal, où la médiocrité de sa fortune le mit dans la nécessité d’employer beaucoup de temps à donner des leçons particulières. Malgré cet obstacle, il ne tarda pas à devenir un des élèves les plus distingués de Linné. L’illustre professeur lui témoigna même une affection qui piqua singulièrement son zèle et son émulation. L’académie des sciences de Stockholm, frappée des talents d’Acharius dans le dessin et l’histoire naturelle, lui confia l’exécution des planches destinées à être gravées pour les ouvrages académiques. Ce fut au milieu des occupations liées à cet emploi, qu’il se mit en rapport avec Bergius, Martin et Wileke, et que, par la fréquentation de ces savants, il acquit des connaissances fort étendues en physique, en chimie, en minéralogie et en médecine. Ce fut aussi en suivant assidûment les hôpitaux, qu’il parvint à se créer ce tact et cette habileté pratiques qui, l’ont fait considérer comme un des meilleurs médecins de la Suède. Il obtint le grade de docteur à Lund, en 1782, après avoir soutenu avec éclat une thèse intitulé : Animadversiones physicæ et modicæ de tænia. Trois ans après, il fut nommé médecin à Leadscrona ; et, en 1789, il se rendit à Vadstena, dans l’Ostrogothie, avec le titre de médecin de la province, qu’il conserva jusqu’à sa mort. Les affections vénériennes exerçaient à cette époque de grands ravages dans la contrée. Acharius proposa de fonder à Vadstena un hôpital pour le traitement de ces maladies ; le gouvernement approuva l’idée de cet utile établissement, et lui en confia la surintendance. L’académie l’admit, en 1796, au nombre de ses membres, et, en 1801, il reçut le titre de professeur de botanique. Sans négliger les devoirs de sa profession, il se livra avec ardeur à sa passion pour l’histoire naturelle, et étudia surtout les plantes cryptogames, dont on s’était peu occupé ; l’application qu’il mit à ces travaux mina peu à peu sa santé, et une attaque d’apoplexie, dont il fut frappe à l’âge de 62 ans, l’enleva le 14 août 1819. ─ Pendant une trentaine d’années, Acharius s’est occupé avec une infatigable persévérance de l’étude des lichens, à laquelle il avait voué pour ainsi dire sa vie tout entière. Il a donné une face nouvelle à cette branche intéressante de la cryptogamie, et conserva pendant longtemps le titre de premier des lichénographes. La plupart des botanistes ont adopté jusqu’à ces derniers temps la méthode de distribution qu’il avait introduite. Cette classification parut pour la première fois ébauchée dans le Lichenographiœ suecicœ Prodromus, Lincoping, 1798, in-8o. Acharius l’a ensuite perfectionnée ou modifiée successivement dans son Methodus qua omnes detectos lichenes secundum organa carpomorpha, ad genera, species et varietates redegit, Stockholm, 1803, in-8o ; dans sa Lichenographia universalis Goettingue, 1804, in-4o ; et dans sa Synopsis methodica lichenum, Lund, 1814, in-4o. Entre ses mains, le genre lichen de Linné s’est partagé en quarante autres, qu’on a encore beaucoup subdivisés depuis ; et, par la considération minutieuse des différences les plus légères, le nombre des espèces a crû dans la même proportion, puisqu’il s’est élevé jusqu’à près de huit cents. Tout en rendant justice à l’exactitude qui distingue ses observations, ses descriptions et sa synonymie, il est permis de douter que des travaux dirigés d’après l’esprit qui présida aux siens contribuent en réalité aux progrès de la science. Quoique bien convaincu de la variabilité infinie des lichens, qu’avec raison lui-même appelait quelquefois des végétaux protéiformes, il n’a pas craint de fonder des espèces sur des différences la plupart accidentelles, ou produites par des circonstances spéciales de localité et d’exposition. Aussi beaucoup de celles qu’il a établies ne sont-elles que des formes diverses d’une seule et même espèce, que souvent on est obligé d’aller chercher dans des genres différents, où il les a disséminées. En opérant d’une manière si peu philosophique, en sacrifiant ainsi l’étude des types principaux à celle de considérations secondaires fort insignifiantes, on parvient aisément, sans avoir rien découvert de neuf et d’intéressant, à faire un monde entier de la moindre partie de l’histoire naturelle, et à rendre la science stérile et rebutante, loin d’ajouter à son étendue réelle. Il a fallu, dans ces derniers temps, refaire presque tous les travaux d’Acharius, tâche pénible qu’ont accomplie avec succès Fries, Eschweiler, Meyer, Fee, Wallrotlh, Zenker, Schultz, Reichenbach et quelques autres lichénographes. On a encore d’Acharius un grand nombre de Traités que l’académie des sciences de Stockholm a fait insérer dans ses Mémoires, notamment sur un ver nommé Acharius, qui se trouve dans les poissons ; sur le Bulbocera, nouveau genre d’insectes ; sur de nouvelles espèces de lichens suédois ; sur les changements à introduire dans la classification des lichens ; sur les lichens qui croissent en Suède ; sur le genre de lichens nommé Thelotrema. Son nom a été donné par Thunberg à un genre de plantes (Acharia) qui n’a pu encore être rapporté à aucune famille. On l’a aussi donné à quelques autres plaintes, telles que Conferva Acharii, Urccolaria Acharii, Rhisomorpha Acharii. J-d-n.


ACHARY, docteur musulman, chef de la secte des Achariens, naquit en l’an 260 ou de 270 de l’hégire (873-4, ou 883-4 de J.-C.), et mourut à Bagdad, en 224 (336-7). D’abord partisan de la secte de Chafey, il l’abandonna pour établir une nouvelle doctrine, dont les points fondamentaux sont la prédestination gratuite et absolue, et la prédestination physique, ce qui pourrait faire nommer ses partisans les thomistes du mahométisme. Ils soutiennent aussi que Dieu agit par des lois générales et non particulières et propres au bien de chaque individu ; qu’étant un agent général, il est l’auteur de toutes les actions des hommes ; mais qu’ils sont libres, et acquièrent un mérite ou un démérite, selon qu’ils se portent vers les choses qui leur sont commandées ou défendues. Comme la doctrine d’Achary était opposée à celle des Hanbalites et des Motazéliles, ses disciples redoutèrent tellement la fureur de ceux-ci, qu’ils l’enterrèerent secrètement, de peur qu’ils ne profanassent sa sépulture. J-n.


ACHAZ, roi de Juda, se rendit fameux par ses impiétés et sa barbarie. Il était âgé de 25 ans lorsqu’il succéda à son père Joathan. Au lieu d’imi-