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mon parjure, et qu’un mauvais génie pèse sur mes écrits, de sorte que ce qu’il peut y avoir de bon, ou au moins de tolérable, paraisse à la multitude aveugle extrêmement mauvais, et même trivial et méprisable aux gens instruits. Puisse la faible réputation que je possède aujourd’hui être abandonnée aux vents, et regardée comme ce qu’il y a de plus vulgaire et de plus faible. » (le serment, inséré dans la Testudo d’Accorso, a été cité souvent. En 1533, Accorso publia, à Augsbourg, une nouvelle édition d’Ammien Marcellin, in-fol., plus complète que les précédentes ; il l’augmenta de cinq livres qui n’avaient pas été connus jusqu’alors., et corrigés dans les autres plus de 5,000 fautes ; c’est ce qu’il affirme dans le titre. Il a aussi publié, dans la même année et dans la même ville, les Lettres de Cassiodore, et son Traité de l’Ame. Accorso est le premier à qui l’on doive le recueil complet des Lettres de cet auteur, et il assure, à la fin de la table, qu’il a corrigé 363 fautes dans le Traité de l’Ame. Il nous apprend encore, dans sa Diatribe sur Ausone, qu’il a aussi travaillé sur Claudien, et qu’à l’aide des manuscrits qu’il a trouvés dans ses voyages, il en a corrigé près de 700 passages. Malheureusement son travail n’a pas été publié. Pour se distraire de ces travaux sérieux ; Accorso consacrait ses loisirs à la musique, à l’optique et à la poésie. Ses envieux lui reprochèrent de s’occuper de choses qu’ils regardent comme indignes d’un philosophe, ainsi qu’il le dit lui-même dans la dédicace de sa fable intitulé Testudo, où il s’adresse à deux princes de la maison de Brandebourg. On a un échantillon de son talent pour la poésie, dans son Protrepticon ad Corycium, poëme qui renferme 87 vers, et qui se trouve dans un ouvrage intitulé Coryciana, imprimé à Rome, en 1521, in-4o. Ce Corycius était, selon la Monnoie, un Allemand nommé Goritz. Ce volume contient des poésies de plusieurs autres napolitains, tels que Giovanno Francesco Arisio, Antonio Tilesio, etc. Il y avait, du temps d’Accorso, plusieurs écrivains latins qui se plaisaient à se servir des termes les plus surannés. Il s’en moqua d’une manière fort plaisante, dans un dialogue dont le titre commence ainsi : Osco, Volsco, romanaque eloquentia interlocutoribus, Dialogus ludis romanus accius. Bayle a donné ce titre en entier. Cet ouvrage, écrit avec beaucoup de sel et de gaieté, a paru en 1531, in-8o, sans indication du lieu d’impression. La Monnoie a présumé, avec raison, qu’il avait déjà été imprimé, puisqu’il est cité par Tori dans son Champ fleuri, qui a paru en 1529. Cet ouvrage ne porte pas le nom de son auteur, mais il se fait connaître dans la préface, qui est adressée à Pietra Santa. On trouve à la fin un autre petit ouvrage intitulé : Volusii Metiani J. C. antiqui Distributio. Item Vocabulo ac Nota partium in rebus pecuniariis, ponders, numero et mensura. Le dialogue a été réimprimé à Rome, en 1574, in-4o, avec le nom de l’auteur, sous ce titre : Osci et Voltci Dialoguus tudis romanis actus, a Mariangelo Accursio. Une autre édition in-4o est sans nom d’auteur, ni date, ni lieu d’impression. La bibliothèque royale de Paris possède deux éditiions du même ouvrage, qui ont paru l’une et l’autre à Cologne, en 1598. On voit par la dédicace de la fable intitulée Testudo, dont nous avons déjà parlé, qu’Accorso s’occupait aussi d’une Histoire de la maison de Brandebourg, qu’il rédigeait sur des mémoires qu’on lui avait fournis ; mais cet ouvrage s’est perdu avec plusieurs autres de ses écrits, après la mort de son fils Casimir. Nicolo Toppi, Biblioteca napolet., attribué à Accorso un ouvrage sur l’invention de l’imprimerie, intitulé : de typographicæ artis Inventore, ac de Libro primum omniumm impresso, mais sans en faire connaître ni la date, ni le lieu de l’impression. C’est une erreur qui vient de ce qu’il a pris pour un ouvrage la courte notice qu’Accorso écrivit de sa main dans un Donat imprimé en 1450, dont Angelo Rocca fait mention dans sa Bibliotheca vaticana. A. L. M.


ACCURSE (François), jurisconsulte, fut le premier qui réunit en un corps d’ouvrage toutes les discussions et décisions éparses des jurisconsultes ses prédécesseurs, sur le droit romain. Il figure au premier rang parmi les promoteurs de la renaissance du droit ; ses ouvrages, loués et critiqués avec une égale justice, font époque dans l’histoire de la jurisprudence. Accurse naquit à Florence, en 1151, d’autres disent en 1182. Disciple d’Azon, il devint bientôt plus célèbre que son maître. On prétend cependant qu’il avait près de quarante ans lorsqu’il commença à étudier le droit. D’abord professeur à Bologne, il abandonna peu de temps après sa chaire et ses écoliers, pour prévenir Odefroy, qui avait été comme lui disciple d’Azon, et qui travaillait à l’Explication et Concordance des lois, ouvrage qu’Accurse avait conçu depuis longtemps. Il réussit en effet à devancer son rival, et acheva en sept ans son immense collection, qui porte indistinctement le nom de Grande Glose, ou Glose continue d’Accurse. On peut regarder Accurse comme le premier des glossateurs, et en même temps comme le dernier, puisque personne après lui ne se permit de faire des gloses, si ce n’est un de ses fils, dont les ouvrages ne sont pas estimés (voy. Cervoy Accurse) : mais il n’était point versé dans les belles-lettres. Aussi les jurisconsultes littérateurs des 14e et 16e siècles ont-ils poussé la prévention jusqu’à mépriser l’érudition d’Accurse, ob imperitiam historiarum. C’est à l’école d’Accurse qu’on doit, dit-on, ce proverbe devenu familier : « C’est du grec, on ne peut le lire, » grœcum est, non potest legi. En effet, c’était assez la coutume des glossateurs à cette époque. Lorsqu’ils trouvaient un mot grec qu’ils n’entendaient pas, ils cessaient d’interpréter, ou donnaient pour raison que c’était du grec qu’on ne pouvait pas lire, et après avoir, suivant l’expression de Bayle, ainsi sauté cette fosse, ils reprenaient l’explication du latin. Les écrivains des 12e et 13e siècles, ne sachant au contraire quels trophées élever à la gloire d’Accurse, lui ont donné le nom d’Idole des jurisconsultes. Leur admiration pour ses ouvrages était si grande, qu’ils avaient fait passer en principe que l’autorité des Gloses devait être généralement reconnue, et qu’il fallait toujours se rallier sous cet étendard perpétuel de la vérité, tanquam carrocio veritatis perpetuo ad-