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ACC

ACCIAJUOLI (Philippe), poëte dramatique et compositeur, né à Rome en 1657, entra de bonne heure dans l’ordre des chevaliers de Malte. Les caravanes qu’il dut faire avant d’être décoré de la croix de l’ordre lui inspirèrent tant de goût pour les voyages, qu’il visite non-seulement toute l’Europe et les côtes d’Afrique et d’Asie, mais même l’Amérique, d’où il revint dans sa patrie par l’Angleterre et la France. Le repos dont il jouit alors lui permit de se livrer aux dispositions qu’il avait toujours eues pour le théâtre, et principalement pour l’opéra. Il écrivit plusieurs pièces dont il composa lui-même la musique ; la facilité prodigieuse dont il était doué lui suggéra aussi la pensée d’être en même temps le décorateur et le machiniste de ses opéras, et, pour ces accessoires, il devint bientôt l’un des plus habiles de son temps. L’académie des Arcadi illustri l’admit au nombre de ses membres, et il y figura sous le nom d’Irenio Amasiano. Il mourut à Rome, le 3 février 1700. Les opéras dont Acciajuoli a, fait les paroles et la musique sont : 1° il Girello, dramma burlesco per musica, Modène, 1675, et Venise, 1682 ; 2° la Damira placata, Venise, 1680 ; 3° l’Ulisse in Feacia, Venise, 1681 ; 4° Chi e causa del suo mal, pianga se stesso, poesia d’Ovidio e musica d’Orfeeo. F-t-s.


ACCIEN, émir ou prince d’Antioche, dont les véritables noms sont Baghy-Syan, était petit-fils d’Alp-Arçelan (voy. ce nom), qui, après avoir vaincu Romain-Diogène, empereur d’Orient, et soumis une partie de l’Asie Mineure, avait donné à Mohammed, son fils, père d’Accien. la souveraineté d’Antioche. Accien succéda à son père, et régnait dans cette ville lorsque les croisés vinrent l’assiéger, en 1097. Méprisant leur ennemi, ils conduisirent d’abord ce siége avec négligence, ce qui fournit à Accien l’occasion d’obtenir quelques avantages ; mais, devenus plus prudents, les croisés formèrent leurs attaques avec plus de méthode, et donnèrent un assaut général que le bon état des fortifications et le courage des assiégés firent échouer. Ils changèrent alors le siége en blocus ; mais la rigueur de l’hiver, les courses des garnisons voisines, et l’impossibilité de recevoir des secours par mer, les réduisirent à une détresse telle, qu’ils étaient sur le point de perdre le fruit de leurs longs travaux, lorsqu’une victoire remportée par Bohémond et le comte de Toulouse sur un corps de cavalerie qui voulait se jeter dans la place leur rendit le courage, qu’acheva de ranimer l’arrivée de deux flottes venant d’Italie, chargées de vivres. Cependant Accien se défendait toujours, et l’approche de Korboughah, émir de Mossoul, avec une armée nombreuse, allait faire lever le siége, lorsque la ville fut livrée aux croisés par trahison, en 1098. (Voy. Bohémond.) Quand les chrétiens en furent maîtres, Accien, soit qu’il eût perdu le courage et l’esprit, soit qu’il désespérât de se défendre, sortit d’Antioche, et erra jusqu’au lendemain matin ; alors, réfléchissant sur le sort de sa famille restée dans la ville, et sur l’horreur de sa position, il s’abandonna à sa douleur, et se couvrit la tête avec sa robe, résolu d’attendre la mort. Ses esclaves le firent enfin consentir à monter sur son cheval ; mais il était tellement troublé et affaibli, qu’il ne put s’y tenir. Pressés par la crainte des ennemis, ses esclaves l’abandonnèrent. Bientôt après, un bûcheron arménien l’ayant reconnu, lui coupa la tête, et l’apporta aux chefs des croisés. J-n.


ACCIO-ZUCCO, surnommé Da Summacampagna, poëte italien du 15e siècle, né à Vérone, florissait vers l’an 1470. Maffei a dit de lui, dans sa Verona illustrata, qu’il avait traduit en autant de, sonnets italiens les Fables d’Ésope ; que chaque fable est précédée d’une épigramme latine, et suivie d’un second sonnet qui renferme la moralité. L’ouvrage fut imprimé pour la première fois à Vérone, en 1479, in-4o, sous ce titre : Accii Zucchi Summœ Cumpaneæ, Veronensis, vivi cruditissimi, in Æsopi fabulas Interpretatio par rhythmos, in libellum Zacharinum inscriptum, etc. C’est par erreur que quelques biographes donnent à cette édition la date de 1478. Le Quadrio en cite trois autres éditions du même siècle, 1491, 1495 et 1497. G-é.


ACCIUS NEVIUS, ou ACTIUS NAVIUS, l’un des augures romains du temps de Tarquin l’Ancien. Ce prince, étant en guerre avec les Sabins, voulut lever quelques nouveaux corps de cavalerie ; mais Accius, secondé de ses collègues, s’y opposa. Dans la vue de décréditer leur art, Tarquin les fit paraitre devant lui en public, et demanda à Accius si ce qu’il pensait alors pouvait s’exécuter. Accius, ayant consulte ses oiseaux, déclara que la chose était possible. « Je songeais, reprit alors le roi, à couper ce caillou avec ce rasoir. ─ Essayez, lui répondit Accius, et si vous n’y réussissez pas, faites-moi punir connue vous le jugerez à propos. » Le roi, selon Denys d’Halycarnasse, coupa le caillou avec tant de facilité, qu’il se blessa même légèrement à la main dont il le tenait. Ici, comme en plusieurs autres circonstances relatives aux premiers temps de Rome, les historiens diffèrent ; car Tite-Live prétend que le caillou fut coupé par l’augure lui-même. Quoi qu’il en soit, le peuple fut transporte d’admiration ; Tarquin renonça à son projet, et dès lors on n’entreprit plus rien sans consulter les augures. Accius Nevius disparut peu après cet évènement, et les fils d’Ancus Martius accusèrent Tarquin de sa mort. Le peuple les livra au roi, qui, par clémence, par politique, ou peut-être d’après les témoignages de sa conscience, ne les punit point. Au reste, Tarquin fit dresser à Accius Nevius une statue d’airain, qu’on voyait encore à Rome du temps d’Auguste. Le rasoir et le caillou, preuves matérielles du prodige, furent enterrés près de là, sous un autel, devant lequel ceux qui servaient de témoins dans les causes civiles prêtèrent serment dans la suite. Quoique tous les écrivains de Rome aient parle du caillou et du rasoir d’Accius Nevius, et que quelques Pères de l’Église, en admettant la vérité de cette aventure merveilleuse, l’attribuent à la magie, l’opinion de Cicéron est la seule qu’on puisse adopter. « Regardez, dit-il, avec mépris le rasoir et le caillou du fameux Accius : tout ami de la sagesse n’a aucun respect pour les fables. » D-t.


ACCIUS, ou ACTIUS (Lucius), poëte tragique