Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
ACC

Constantinople. Les empereurs titulaires, réfugiés à Naples, avaient conservé la souveraineté de quelques provinces en Grèce, et ils les accordaient en fiefs d’autant plus volontiers, que le gouvernement de ces pays, toujours exposés aux invasions des barbares, était une charge plutôt qu’un bénéfice. Rénier Acciaiuoli acquit, en 1364, les baronnies de Vostitza et Nivelet, en Achaïe ; quelque temps après, il acquit aussi la seigneurie de Corinthe ; enfin il conquit sur les Catalans le duché d’Athènes, auquel la seigneurie de Thèbes était attachée. Argos, Mycènes et Sparte dépendaient aussi de lui, et la Grèce presque entière était soumise à un citoyen florentin, fils d’un marchand ; mais cette principauté, qui s’étendait sur les ruines de plusieurs puissantes républiques, était pauvre, déserte et corrompue. La haine des Grecs pour les Latins privait le gouvernement de toute ressource intérieure, et cependant les vices des sujets s’étaient communiques à leurs maîtres ; en sorte que l’histoire des maisons souveraines de la Grèce au moyen âge ne se compose que de forfaits. Rénier n’eut pas de fils légitime ; il maria sa fille aînée à Théodore Paléologue, fils de l’empereur grec, et il lui donna Corinthe pour dot. Il laissa Antoine, son bâtard, seigneur de Thèbes ; Athènes passa au roi de Naples ; mais Antoine, ayant contracté alliance avec le sultan Amurath et avec les Vénitiens, recouvra Athènes, où il régna paisiblement. Il amassa de grandes richesses, et il orna sa capitale d’édifices somptueux. N’ayant pas d’enfants, il fit venir de Florence auprès de lui deux de ses neveux, Rénier II et Antoine II, qui régnèrent après lui, mais qui se disputèrent son héritage les armes à la main. Antoine mourut le premier, en 1453, et Rénier, qu’il avait oblige à s’enfuir à Florence, revint gouverner Athènes après lui. Cependant ces ducs tombaient de plus en plus dans la dépendance du sultan des Turcs, qui prenait occasion de chaque guerre civile dans leur famille pour appesantir son joug. Enfin Mahomet II se fit céder Athènes au mois de juin 1436, par François, fils d’Antoine II, qu’il avait longtemps protégé ; et, après l’avoir relégué à Thèbes, il l’y fit bientôt étrangler. S. S-i.


ACCIAJUOLI (Donnat), d’une noble et ancienne maison de Florence, ou il naquit en 1428., Sa mère était de la famille Strozzi. Acciajuoli eut pour premiers maîtres Jacques Ammanati, qui fut ensuite cardinal de Pavie, et Léonard d’Arezzo. Il étudia la langue grecque sous Argyropile, et devint l’un des plus habiles hellénistes de son temps. Il fut un des célèbres littérateurs qui assistaient aux conversations littéraires où présidait Laurent de Médicis, dans le bois des Camaldules. Orateur, philosophe et mathématicien, Acciajuoli aurait encore laissé un nom plus grand dans les lettres, si sa faible santé, et la part très-active qu’il prit aux affaires de sa patrie, ne l’avaient détourné de ses travaux. Il remplit un grand nombre d’emplois publics, de commissariats, d’ambassades, dont il s’acquitta toujours avec distinction. En 1473, il fut gonfalonier de la république, et mourut, en 1478, à Milan, où il était allé demander des secours pour les Florentins, contre le pape et le roi de Naples. Son corps fut transporté à Florence, où ses funérailles furent faites aux frais du trésor public. Le célèbre Ange Politien fit son épitaphe, et Christophe Landino, son oraison funèbre. L’extrême désintéressement d’Acciajuoli fit qu’il laissa ses enfants sans fortune ; les Florentins, reconnaissants, marièrent et dotèrent ses deux filles, et donnèrent à ses trois fils pour tuteurs trois riches citoyens, et Laurent de Médicis lui-même. Son portrait est un de ceux qui décorent les voûtes de la galerie de Florence. Ses ouvrages sont : 1° Expositio super libros Ethicorum Aristotelis, in novam traductionem Argyropiliy Florence, 1478, in-fol. 2° In Aristotelis libros 8 politicorum commentariï, Venise, 1566, in-8o. 3° dans les recueils des Vies de Plutarque, traduites en latin par plusieurs auteurs, celles d’Alcibiade et de Démétrius sont de Donat Acciajuoli. On lui attribue aussi les, vies d’Annibal et de Scipion, qui sont dans les mêmes recueils ; mais comme croit que Plutarque n’a point écrit ces deux vies, on pense qu’Acciajuoli n’en est pas le traducteur, mais l’auteur. À la fin de ces Vies de Plutarque, en latin, se trouve la vie de Charlemagne, qui est aussi de lui. 4° l’Histoire latine de Florence, de Leonard d’Arezzo, traduite en langue vulgaire, Venise, 1473, in-fol., et réimprimée plusieurs fois. Il avait fait plusieurs autres ouvrages en prose et en vers, qui n’ont point été imprimés. G-é.


ACCIAJUOLI (Zanobio), dominicain, né à Florence en 1431, d’une famille noble et féconde en grands hommes. Banni dans son enfance avec ses parents, il fut rappelé à l’âge de seize ans par Laurent le Magnifique, et on lui confia, peu de temps après, l’éducation de Pierre-François de Médicis, dont il était proche parent. Zanobio Acciajuoli mourut à Rome, le 27 juillet 1519. Savant dans les lettres grecques et latines, il était ami d’Ange Politien et, de Marsile Fiein. Léon X le nomma, en 1518, bibliothécaire du Vatican, et le chargea de transporter, de cette bibliothèque au château Saint-Ange, les plus anciens manuscrits, dont il rédigea une table qui a été publiée par Montfaucon (Bibliot. Bibliothecarum, vol. 1, p. 262). On a de Zanobin Acciajuoli des traductions latines d’Eusèbe de Césarée, d’Olympiodore, de Théodoret. On dit qu’il avait aussi traduit la plus grande partie des œuvres de Justin, martyr. Un discours latin à la louange de la ville de Naples, un autre, à la louange de Rome, on aussi été imprimés. Giraldi, dans son premier dialogue de Poetis nostrorum temporum, le met au nombre des bons poëtes. Plusieurs autres auteurs parlent de ses vers latins avec éloge ; il y en a peu d’imprimés. Ce fut lui qui mit au jour, en 1495, les Epigrammes grecques de Politien, qui l’en avait charge en mourant. G-é.


ACCIAJUOLI SALVETTI (Madeleine), de Florence, morte en 1610, a laissé deux volumes in-4o de Rime toscane, Florence 1590, qui eurent beaucoup de célébrité. Après sa mort, on imprima trois chants d’un poëme qu’elle avait laissé imparfait, et qui a pour titre : Davide perseguitato, ovvero fuggitivo (David persécuté ou fugitif), Florence, 1611, in-14, rare. C’est à cette dame que le chevalier Cornelio Lanci dédie sa comédie de la Niccolasas. G-é.