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tain nombre de boiteux, entre autres, la duchesse de Montpensier, Bernard de Montgaillard, connu sous le nom de petit Feuillant, et le maître des comptes Acarie. L-m-x.


ACARQ, grammairien instruit, mais obscur et prétentieux, était né vers 1720, à Audruick dans l’Artois. Étant venu, comme tant d’autres jeunes gens, à Paris pour faire fortune, il y donna des leçons de grammaire, puis établit un pensionnat sous le patronage de Fréron, dont il paya la protection en se chargeant de rédiger la partie grammaticale de l’Année littéraire. En 1759, M. Pâris de Meyzieu le nomma professeur de langue française à l’École militaire. Le jour de son installation, il prononça sur l’importance de l’étude des langues un discours que Fréron publia dans son journal (Année, 1760, t. 3, p. 128), en proclament d’Açarq le premier des grammairiens. C’était le mettre au-dessus de d’Olivet, de Condillac, de Restaut, de Wailly, etc. Mais les éloges de Fréron ne purent empêcher la suppression de la chaire qu’il avait fait créer pour son protégé. Séduit par les louanges de ses partisans, d’Açarq crut pouvoir, à l’exemple de d’Olivet, se permettre des remarques grammaticales sur les ouvrages de nos grands poëtes ; mais il n’avait ni la finesse d’esprit ni la délicatesse de son modèle. Sa folle présomption fut justement punie par le ridicule dont la Harpe le couvrit dans le Mercure, et le Brun dans la Wasprie où il le compare à Richesource, misérable grammairien qui prenait la qualité de modérateur de l’Académie des orateurs, à Paris, dans le siècle de Louis XIV. Après avoir tenté de publier, sous le titre de Portefeuille hebdomadaire, un journal qu’il ne put soutenir faute d’abonnés, le malheureux d’Açarq rouvrit son pensionnat en 1776 ; mais ce fut avec aussi peu de succès que la première fois. Il prit alors le parti de retourner dans sa province, où il continua de donner des leçons de grammaire, et de composer des ouvrages pour lesquels il chercha vainement un imprimeur. Sa situation n’était pas devenue meilleure sous le rapport de la fortune, puisqu’il fut compris dans le nombre des gens de lettres auxquels la convention accorde des secours en 1795. Il mourut peu de temps après à Saint-Omer, tellement oublie qu’aucun journal ne parla de sa mort. D’Açarq était membre des Académies de la Rochelle, d’Arras, de la Crusca, et de la Société royale de Dunkerque. On a de lui ; 1° Grammaire française philosophique, ou Traité complet sur la physique, sur la métaphysique et sur la rhétorique du langage qui règne parmi nous dans la société, Genève et Paris. 1760, 2 vol. in-12. Le premier traite du nom ; et le second, du verbe. Ces deux volumes devaient être suivis de plusieurs autres qui n’ont point paru. L’ouvrage suffit pour prouver que l’auteur avait fait une étude approfondie de notre langue ; mais on lui reproche de manquer d’ordre, de méthode, et surtout de clarté. 2° La Balance philosophique, discours de réception à l’Académie de la Rochelle, Amsterdam, 1763, in-8o de 58 p. « Ce titre, dit l’auteur, est celui d’un a ouvrage que je médite. Je me borne aujourd’hui à un essai sur les idées, qui en fait la première partie. » Elle fut suivie de deux autres, en 1764, qui contiennent les jugements de l’auteur sur le mérite de nos grands écrivains. 3° Vies des hommes et des femmes célèbres d’Italie, traduit de l’italien de San-Severino, Paris, 1767, 2 vol. in-12. 4° Observations sur Boileau, sur Racine, sur Crébillon, sur Voltaire, et sur la langue française en général, la Haye, 1770, in-8o de 240 p. C’est une réimpression des deux dernières parties de la Balance philosophique avec des additions. Le premier ouvrage que d’Açarq soumet à sa censure, c’est l’Art poétique. Il ne se contente pas d’indiquer les incorrections qu’il a cru remarquer dans ce chef-d’œuvre, mais il va jusqu’à refaire les vers de Boileau qui lui semblent défectueux. Il examine ensuite trois tragédies de Racine : Bérénice, Athalie et Phèdre ; deux de Crébillon, Électre et Rhadamiste ; et deux de Voltaire, Zaïre et Mérope. En terminant, il déclare que Racine lui semble beau, Crébillon, fort, et Voltaire, joli[1]. Après avoir corrigé Boileau, il ne manquait plus à d’Açarq que de donner à ses lecteurs un échantillon de son talent pour la poésie. C’est ce qu’il a fait, en plaçant des pièces diverses à la fin du volume. Dans une épître adressée au dauphin (Louis XVI), dont il sollicite l’appui, d’Açarq dira ce prince :

Faites pour un moment du mien votre bonheur.

5° Le Portefeuille hebdomadaire, Paris, 1770-71, 3 ou 4 vol. in-8o. Ce journal est devenu si rare qu’on ne le trouve pas même à la bibliothèque du roi[2] ; 6° Plan d’éducation publique, ibid., 1776, in-8o. Ce plan d’éducation n’est autre chose que le Prospectus du pensionnat de d’Açarq, un peu développé. 7° Remarques sur la dixième édition de la grammaire française de Waitty, Saint-Omer, 1787, in-8o de 44 p. L’auteur annonce le projet de réimprimer sa Grammaire philosophique et ses Observations sur Boileau, etc., et d’y joindre « des Éléments de la langue française et de la langue latine, qui ne demandent qu’à sortir de notre portefeuille ; — un Traite de morale naturelle et universelle ; ─ un Essai de traduction en vers latins d’une mythologie française. Nous ferons, dit-il, imprimer tout à la fois ces quatre ouvrages, auxquels nous avons mis la dernière main depuis plusieurs années : nous attendons pour cet effet une circonstance favorable qui nous y détermine. » W-s.


ACCA (Saint), évêque de Hagustald, ou Hexam, dans le comte de Northumberland, succéda dans ce siége à Wilfrid, en l’an 709. Il était moine de l’ordre de Saint-Benoit, et Anglo-Saxon de naissance. Il accompagna Wilfrid dans un voyage à Rome, d’où il

  1. Voyez la critique que la Harpe a faite de cet ouvrage de d’Açarq, dans le recueil de ses Œuvres, edit. de 1778, t. 5, p. 178-85
  2. Suivant le France littéraire, il n’a paru que le premier cahier de ce journal ; mais l’Année littéraire, 1776, t. 6, p. 282, en annonce 3 vol. in-8, et l’abbé Rive, dans la Chronique littéraire, p. 1, dit que les Lettres philosophiques contre le système de la nature ont été imprimés dans le Portefeuille hebdomadaire t. 3 et 4, p. 1770-71.