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ABU

fut disciple de Jean Damascène avant l’an 756 ; et l’autre qui, en 870, assista au concile de Constantinople. G-y.


ABUL-CACIM (Tarif-Aben-Taric), auteur supposé d’une Histoire de la conquête d’Espagne par les Arabes. Au commencement du 17e siècle, Michel de Luna, interprète d’arabe au service de Philippe III, roi d’Espagne, publia ce livre, comme étant une traduction de l’Arabe Abul-Cacim, lequel, d’après l’ouvrage même, aurait été un des premiers Arabes venus en Espagne avec Ebn-Muza. Ce livre était composé avec tant d’art, que les littérateurs contemporains ne soupçonnèrent pas même l’imposture ; et il a joui d’un grand crédit parmi les historiens espagnols, qui, pendant longtemps, l’ont copié. Ce ne fut qu’à la fin du 17e siècle que D. Nicolas Antonio et quelques savants espagnols démontrèrent que ce livre était supposé ; mais il avait déjà infecté de fables sans fondement presque tous les ouvrages sur l’histoire d’Espagne, publics pendant, le 17e siècle. L’Histoire de la conquête d’Espagne a été traduite en français par Leroux, 1680, 2 vol. in-12 ; et par Lobineau, 1708, in-12. C-s-a.


ABUL-FARAGE (Grégoire), dont le véritable nom est Aboul-Faradj, nommé aussi Barhenbrœus, célèbre historien et médecin, de la secte des chrétiens jacobites, naquit à Malatia, dans l’Asie Mineure, en 1226. Son père, d’extraction juive, et médecin de profession, lui enseigna les premiers principes de la médecine. Abul-Farage s’appliqua successivement aux langues syriaque et arabe, à la philosophie et à la théologie. Il alla, en 1244, à Antioche, puis à Tripoli de Syrie, où il fut sacré évêque de Gouba, à l’âge de vingt ans. Il passa depuis à l’évêché d’Alep, et, à l’âge de quarante ans, il devint primat des jacobites d’Orient, dignité qu’il remplit jusqu’en 1286, époque où il mourut, à Méaghah, ville d’Azerbaïdjan. On a d’Abul-Farage une Chronique, ou Histoire universelle depuis la création du monde. Cet ouvrage, très-estimé, surtout pour ce qui concerne les Sarrasins. les Mogols et les conquêtes de Gengis-Kan, composé en syriaque et traduit en arabe par l’auteur lui-même, à la prière de ses amis. Pococke fpublia en 1650, sous le titre de Specimen historiæ Arabum, in-4o. et avec de savantes notes, une traduction latine, avec le texte arabe, de la partie de la neuvième dynastie qui a rapport aux mœurs des Arabes avant et après Mahomet. M. J. White a donné a Oxford, en 1806, une nouvelle édition du Specimen, dans laquelle se trouvent plusieurs morceaux inédits d’Aboul-Féda, en arabe, avec une traduction latine de M. Silvestre de Sacy. Pococke fit imprimer en 1663, à Oxford, une traduction latine de l’ouvrage entier d’Abul-Farage, avec la version arabe, sous le titre de : Historia compendiosa dynastiarum, historia universalem complectens, 2 vol. in-4o. Le second volume contient la traduction de Pococke, qui a continué le travail d’Abel-Farage. P.-J. Bruna et G.-G. Kirsh ont donné en syriaque, avec une version latine, ce-grand ouvrage, sous le titre de : Chronicon Syriacum, Leipsick, 1789, 2 vol. in-4o. A.-J. Arnolds a publié en 1805, in-4o, des corrections et additions pour cet ouvrage. Il en existe une version allemande par Baver, Leyde, 1783-85, 2 vol. in-8o. Abul-Farage a composé aussi beaucoup d’ouvrages de théologie et de philosophie en arabe et en syriaque, dont Bar-Sumo son frère, et plus amplement le docte Assemani (Bibl. orient., t. 2, p. 273), ont donné la nomenclature. Ils sont au nombre de trente-quatre. J-n.


ABUNDANCE (Jehan d’), nom sous lequel s’est déguisé un auteur français du 16e siècle, qui a pris aussi le masque de maistre Tyburce, demeurant en la ville de Papetourte, sous lequel il a publié plusieurs de ses productions. Ce poëte, qui prenait les titres de basochien et notaire royal de la ville du Pont-Saint-Esprit, mourut, suivant quelques biographes, en 1540 ou 1544, et, selon d’autres, en 1550. On a de lui ; 1o  Moralité, Mystère et figure de la Passion de N.-S. J.-C. ; nommée secundum legem debet mori, à unze personnaiges ; Lyon, Benoist Rigaud, sans date, in-8o. Cet ouvrage est si rare, que l’on croit unique l’exemplaire de la bibliothèque royale, qui vient de celle du duc de la Vallière. 2o  Le Joyueulx Mystère des trois Roys, à dix-sept personnaiges, Mss. in-8o, 3387, bibl. roy., fonds de la Vallière. 3o  Farce nouvelle très-bonne et très-joyeuse de la Cornelle, à cinq perrsonnaiges, Mss. in-8o, no 3388, bibl. roy., fonds de la Vallière. 4o  Le Gouvert d’humanité, moralité à personnaiges, imprimée à Lyon, ainsi que les suivantes. 5o  Le Monde qui tourne le dos à chascun, et Plusieurs qui n’a point de conscience, etc., 6o  Les Grands et merveilleux faits de Nemo, Lyon, in-16 et in-8o. C’est en français qu’une copie de l’Utisou Nemo, poëme élégiaque latin d’Ulrich de Hutten, qui est une paraphrase de l’Outis du 9e livre de l’Odyssée. À l’exemple des écrivains de son temps, Jéhan d’Abundance avait pris une devise qui était Finsans fin. Les titres et les dates des autres ouvrages de cet auteur se trouvent dans la Bibliothèque de du Verdier ; ils consistent en plusieurs petits poëmes, ballades, rondeaux, triolets, chansons, etc. R-t.


ABYDENUS ou ABYDINUS. Ce mot, qui peut signifier natif ou habitant d’Abyde, nous est donné par Eusèbe, St. Cyrille et le Syncelle, pour le nom propre d’un historien grec, auquel ces auteurs attribuent deux ouvrages, l’un intitulé Assyriaca, l’autre Chaldaïca. Il est possible que ces deux titres ne dénotent que des parties d’un seul et même ouvrage. Les fragments que citent Eusèbe, dans sa Préparation évangélique, St. Cyrille dans son écrit contre Julien, et le Syncelle dans sa Chronographie, Ont été recueillis et commentés par Scaliger dans son Thesaurus et dans son Emendatio temporum. Mais un littérateur napolitain du 16e siècle, Scipio Tettius, assure, dans son Catalogus libror. manuscr., cité dans le Supplément de la Bibliotheca nov. libror. manuscr. de Labbe, p. 107, que l’ouvrage entier d’Abydenus existait en manuscrit dans une bibliothèque d’Italie. Ce serait un objet bien digne des recherches des savants, puisque Abydenus paraît avoir pris pour base de son travail la grande Histoire babylonienne de Berose, dont il n’existe que des fragments, à