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Lettres familières de Cicéron, Valence, 1578, in-4o ; Madrid, 1589 ; Barcelone, 1615[1] ; des Lettres choisies de Cicéron, Saragosse, 1585, in-8 ; la République d’Aristote, ibid., 1584, in-4o. Parmi ces traductions ; celles qu’Abril destinait à ses élèves sont purement littérales ; les autres se distinguent non moins par leur élégance que par leur fidélité. Il a laissé en manuscrit des traductions de la Morale d’Aristote, des Histoires de Tacite, de quelques Dialogues de Platon, du Plutus d’Aristophane, de la Médée d’Euripide, etc. Les ouvrages d’Abril sont presque inconnus en France. Il n’en est aucun de cité dans le Catalogue imprimé de la bibliothèque du roi. On trouve une notice aimez étendue sur Abril dans l’Ensayo da una bibl. de traductores, par Pellicer, 145-54. W-s.


ABSALON, fils de David et de Maacha, était l’homme le plus accompli de tout Israël pour la beauté de la taille et les grâces de la figure. Sa chevelure pesait 200 sicles, c’est-à-dire 31 onces, suivant Pelletier. Deux années entières ne furent pas capables d’éteindre dans son cœur les projets de vengeance formés contre son frère Amnon, pour l’outrage fait à Thamar, leur sœur. Il invita ce prince à un festin, à l’époque de l’année où l’on tondait les moutons ; et le fit massacrer sous ses yeux. Comme il craignait le ressentiment de David, dont Amnon était tendrement aimé, il prit le parti de se réfugier chez le roi de Gessur. Joab obtint son rappel au bout de deux ans, mais il ne put paraitre à la cour et rentrer dans les bonnes grâces de son père que trois ans après son retour. Ce fut alors, qu’animé par des vues d’ambition, il commença à se montrer en public avec un brillant appareil pour en imposer à la multitude. On le voyait tous les matins à la porte du palais, parmi ceux que leurs affaires y appelaient, donnant aux uns les plus belles espérances sur le succès de leurs requêtes, consolant les autres sur la lenteur qu’on mettait à leur accorder leur demande, et affectant de répéter souvent, que, s’il était chargé de rendre la justice, il s’en acquitterait à la satisfaction générale. Absalon tint pendant quatre ans cette conduite astucieuse ; et lorsqu’il crut avoir suffisamment disposé les esprits en sa faveur, il se rendit à Hébron, sous prétexte d’accomplir un vœu, après avoir envoyé des hommes affidés dans toutes les tribus, pour annoncer au son de la trompette qu’Absalon régnait à Hébron. Il vit aussitôt la plus grande partie d’Israël se ranger sous ses étendards : Jérusalem lui ouvrit ses portes ; et, pour annoncer à tout le monde que sa rupture avec le roi était sans espoir de réconciliation, il jouit publiquement des femmes de son père, suivant en cela le conseil d’Achitophel. Ce perfide ministre voulait qu’on marchait promptement, avec l’élite des troupes, à la poursuite du roi fugitif ; cet avis, s’il eût été suivi, aurait infailliblement entraîné la ruine de David ; mais le fidèle Chusai, partisan secret de ce prince, s’y opposa. David profita du délai que lui donna le défaut de concert qui régnait dans le parti de son fils, pour

rassembler autour de lui ceux qui lui étaient restés fidèles. Les deux armées en vinrent aux mains dans la forêt d’Ephraïm ; celle des rebelles, commandée par Amasa, fut défaite. Absalon prit la fuite ; mais ses cheveux s’étant embarrassés dans les branches d’un arbre, son cheval se déroba sous lui, et il demeura suspendu. C’est dans cet état que Joab le perça de trois dards, au mépris de l’ordre formel donné par le roi, avant le combat, d’épargner son fils, dont la mort fut pour lui le sujet d’une douleur longue et amère. Cet événement arriva l’an 1023 avant J.-C. T-d.


ABSALON, archevêque de Lund, de Suède, primat des royaumes de Danemark, de Suède et de Norvège, ministre et général sous les rois Waldemar Ier et Canut VI, naquit en 1128, à Finnesleo, village dans l’ile de Sélande. Son véritable nom fut Axel, qu’il latinisa d’après l’usage de son siècle. Issu d’une grande et puissante famille alliée à la maison régnante, il fut élevé avec le jeune prince Waldemar, et fit ensuite ses études à l’université de Paris. En 1158, le chapitre de Roskilde (Rotschild) l’élut évêque. L’année précédente, Waldemar Ier était monté sur le trône ; il fit de l’évêque Absalon son conseiller intime, et lui dut, en grande partie, les victoires par lesquelles le Danemark, longtemps déchiré par des guerres intestines, avili par des princes faibles, acquit de nouveau cette considération qu’il avait perdue depuis la mort de Canut le Grand. Les Wendes, nation très-différente des Vandales, avec lesquels les annalistes du moyen âge les confondent, étaient les ennemis les plus redoutables des Danois. La ville d’Arkona, dans l’ile de Rugen, était un réceptacle de pirates ; c’est là que s’élevait le grand temple de Svantevit, principale divinité des Wendes. Devant sa statue colossale, ces pirates déposaient le butin ramassé sur les côtes danoises ; une compagnie sacrée de trois cents guerriers était attachée au temple et chargée de l’enrichir. Absalon, après avoir battu les flottes des Wendes, mit le siége devant Arkona, qui se rendit après une longue défense ; le vainqueur abattit le temple de Svantevit, et fit mettre en pièces cette idole ; mais il épargna la nation vaincue, à condition qu’elle embrasserait la religion chrétienne et reconnaîtrait la domination danoise. Absalon tourna ensuite ses armes contre la république de Julin ou de Jomsborg, la Sparte du Nord, fondée par des émigrés danois. Il soumit cet état qui s’était rendu redoutable par ses pirateries ; mais cet événement est encore environné d’obscurités. Il en est de même de la fondation, ou de la restauration de Dantzick, que plusieurs historiens attribuent à Absalon. Pendant que ces victoires faisaient respecter au dehors le nom du monarque danois, l’orgueilleux archevêque de Lund, Eskild, bravait son autorité dans l’intérieur du royaume. Après beaucoup d’intrigues et d’actes de rébellion, Eskild, se voyant prés de succomber sous le génie d’Absalon, prit tout-à-coup la résolution d’abdiquer avec dignité un poste où il ne pouvait plus se soutenir avec gloire. Devant une grande assemblée du peuple, et en présence du roi, il dépose sur l’autel sa crosse et son anneau, il pro-

  1. Cette traduction des Lettres familières de Cicéron a été réimprimée assez récemment. Valence, 1797, 4 vol. in-8.