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1808, l’empereur l’envoya en Piémont, à Gènes, a Milan, pour y proclamer le code Napoléon, réorganiser les tribunaux et surveiller l’administration de la justice. À son retour, Abrial fut récompensé du zèle avec lequel il avait rempli sa mission, par le titre de comte. Nommé, en 1812, président du collège électoral du Cantal, il signa l’adresse de ce collège à l’empereur. L’année suivante, il reçut la grand-croix de l’ordre de la Réunion. Quand la coalition européenne vint renverser le trône impérial, Abrial s’empressa de voter la création du gouvernement provisoire et la déchéance de Napoléon. Il fut compris sur la liste des pairs que créa Louis XVIII. À son retour de l’île d’Elbe, Napoléon n’admit point Abrial dans sa chambre des pairs, et cette exclusion fut heureuse pour l’ancien sénateur, car elle lui valut davantage d’être maintenu au nombre des pairs royaux. Après le retour des Bourbons, Abrial fit partie, à la chambre haute, de plusieurs commissions, et il en fut quelquefois le rapporteur, notamment au sujet de l’abolition du divorce. Son rapport sur cette importante question fut très-éloquent ; il s’éleva à des considérations d’une haute sagesse, et qui parurent alors tout à fait neuves, tant elles avaient été oubliées au milieu de la démoralisation générale. Abrial fit, en 1818, un nouveau rapport sur un projet qui réunissait, une seule et même loi, tout ce qui concerne la contrainte par corps pour causes civiles et pour dettes commerciales. Ce rapport, dans lequel on trouve des connaissances étendues et des vues droites, parut manquer de précision et de clarté. Du reste, dans tous ses discours à la chambre haute, Abrial ne professa que de saines doctrines. Vers la fin de 1819, il fut frappé d’une cécité presque absolue, ce qui ne l’empêcha pas d’assister encore aux séances de la Chambre des pairs. Il venait, en 1828, de recouvrer la vue, lorsque ; le 14 novembre, la mort le surprit et ne lui laissa revoir sa famille que pour l’embrasser et lui dire un éternel adieu. Abrial fut un savant jurisconsulte, et son esprit ne manquait ni de lucidité ni de profondeur. Il était froid, circonspect, grave, et se prêtait peu aux communications publiques. Enfin il est juste de dire qu’il ne prit point de part aux excès qui ont souillé tant d’existences contemporaines. Le comte Lemercier prononça son éloge à la chambre des pairs, le 2 mars 1829. M-d j.


ABRIAL (le comte), fils du précédent, né en 1785. D’abord auditeur au conseil d’État, il fut chargé en cette qualité de missions diverses dans les pays de Venise et de Dalmatie, et plus tard il alla remplir les fonctions de commissaire général de police à Lyon. Napoléon, en l’appelant ensuite à la préfecture du Finistère, lui donna une preuve particulière de confiance. « Vous auriez mérité, lui dit-il, une préfecture plus importante, mais je voulais avoir là un ami sûr, un homme de ma côte, et c’est pour cela que j’ai pensé à vous. » Le nouveau préfet justifia cette opinion de l’empereur, comme le témoigne l’allocution qu’il adressa, le 20 mars 1814, à la garde nationale de Quimper. Néanmoins, élevé à la préfecture du Gers en avril 1815, il y proclama, après le second retour des Bourbons, les actes du gouvernement royal, qui l’écarta, pour quelque temps seulement, de l’admmistration. Il était en effet, en 1828, maître des requêtes en service ordinaire, lorsqu’il devint pair de France par droit d’hérédité. Et cependant il vota après 1830, contre cette hérédité, couronnant ainsi, par un vote tout d’abnégation ou de conviction, une carrière publique honorablement remplie. Il mourut le 26 décembre 1840, à l’âge de 57 ans. V. R-d.


ABRIANI (Paul), de Vicence, entra des sa jeunesse dans l’ordre des carmes, prêcha en différentes villes, et professa à Gènes, Vérone, Padoue et Vicence. Il fut obligé, en 1634, de quitter l’habit religieux, et mourut à Venise, en 1699, âgé de 92 ans. Il a publié : 1o des discours académiques, qu’il intitula : I Funghi, parce qu’ils étaient nés, dit-il, comme des champignons dans le terrain inculte de son esprit. 2o Il Vaglio (le Crible), réponses apologétiques aux observations de Veglia sur le Goffredo du Tasse, Venise, 1662 et 1687. 3o Des poésies, sonnets, canzoni, etc., Venise, 1663 et 1664, in-12, 4o l’Arte poetica d’Horatio, tradotta in versi sciolti, Venise, 1663 et 1664, in-12. 5o Ode di Orazio tradotte, Venise, 1680, in-12 ; les odes et l’Art poétique ont été ensuite réimprimés ensemble plusieurs fois. 6o La Guerra civile, ovrero la Farsaglia di M. Annœo Lucano, tradotta in verso sciolto ; Venise, 1668, in-8o, etc. G-é.


ABRIL (Pierre-Simon), en latin Aprilius, l’un des plus habiles grammairiens de son temps, était né vers 1530, à Alcaraz, diocèse de Tolède. Il professa vingt-quatre ans les humanités et la philosophie à l’université de Saragosse, et s’acquit une réputation méritée. Grégor, Mayans (Specim. Biblioth.) le place, pour le talent d’enseigner les langues, à côté du célébre auteur de la Minerva (F. Sanchez), son guide et son ami. Loin d’empêcher ses élèves de s’aider dans leur travail par des traductions, il leur en mettait entre les mains, et se servait de ce moyen pour leur apprendre la formation et la synonymie des mots, en même temps qu’il les familiarisait avec les inversions et les règles de la syntaxe. Abril contribua beaucoup. à répandre dans l’Aragon le goût et la connaissance des langues anciennes. On a de lui : 1o Latini idiomatis docendiac discendi Methodus, Saragosse (Lyon), 1561, in-8o. 2o De Lingua latina vol de Arte grammatica ticalibri quatuor, 3e édition, Tudela, 1573, in-8o. Cette grammaire est remplie de préceptes excellents, et qui pourraient encore recevoir d’heureuses applications dans nos écoles. 3o Une Grammaire grecque, Saragosse, 1586 ; Madrid, 1587, in-8o. Mayans (ouv. cité) la nomme Libellus vere aureus. On trouve à la suite le Tableau de Cébès, grec, latin et espagnol. 4o Un traité de logique, Alcala, 1587, in-4o, supérieur, suivant le même critique, à tous les livres élémentaires adoptés depuis dans la plupart des universités. Abril a traduit en espagnol : le premier Discours de Cicéron contre Verrès, Saragosse, 1574, in-4o ; les Fables d’Ésope, ibid., 1573, in-8o, réimprimées en 1647 ; les Comédies de Térence, ibid., 1577, in-8o : il en existe plusieurs éditions ; la meilleure est celle de Valence, 1762, 2 vol. in-8o, avec une préface de Mayans ; les