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à Leyde, en 1809, avec des additions. (Voy. Cattier.)[1] A. L. M.


ABREU (Alexis), savant médecin d’Alcacovas, en Portugal, vivait vers la fin du 16e siècle et au commencement du 17e. Fixé d’abord dans le royaume d’Angola, en Afrique, il s’y acquit pendant neuf ans une grande réputation, et fut comblé de biens par le vice-roi, qu’il servit comme médecin et comme homme de guerre. Ramené à Lisbonne par l’amour de la patrie, il fut nommé médecin du roi, et publia, en 1622, un Traité de Seplem Infirmitatibus, ou des Maladies les plus communes aux gens de cour. C. et A.


ABREU (Jean-Manuel de), géomètre portugais, élève et compagnon d’infortune du célèbre Joseph Anastasio da Cunha, naquit en 1754. Après avoir terminé ses études, il suivit la carrière militaire, entra dans le régiment d’artillerie de Porto, et fit de rapides progrès dans les mathématiques. Poursuivi pour ses opinions religieuses sous le règne de Marie Ire, il figura dans l’auto-da-fé de Lisbonne avec son ami Cunha, et fut condamné à une réclusion temporaire. Ayant recouvré la liberté, il quitta le service, se consacra à l’étude, et fut nommé membre de l’académie des sciences, et professeur de mathématiques a l’académie royale de marine et au collège des nobles. Devenu infirme, il obtint sa retraite et vint en France, où il publia, à Bordeaux, la traduction des Principes mathématiques de da Cunhu, précédés d’une notice sur cet homme de génie, 1800, 1 vol. in-8o, réimprimé à Paris en 1816. La Revue d’Édimbourg ayant donné un article critique sur l’ouvrage de da Cunha, d’Abreu publia une réfutation de cet article dans les n•s 30, 31 et 32 de l’Investigator Portuguez en Inglaterra, écrit mensuel en langue portugaise, qui paraissait alors à Londres. Revenu dans sa patrie, il mourut aux iles Açores, en 1815. On regrette qu’il n’ait pas fait imprimer les œuvres posthumes, scientifiques et littéraires de J. Anastasio da Cunha. Il a encore publié, pendant son séjour en France : Supplément à la traduction de la géométrie d’Euclide de Peyrard, publiée en 1804, et à la géométrie de Legendre, suivi d’un Essai sur la vraie théorie des parallèles, in-8o, 1808. C-o.


ABREU (don Joseph-Antonio), publiciste espagnol du 18e siècle, auquel on doit la Collection de tous les Traités des souverains d’Espagne avec tous les États de l’Europe, etc., en 12 vol. in-fol. Il finit cet immense ouvrage en 1751, et mourut en 1775. — Don Félix-Joseph Annan a publié en espagnol Traité juridico-politique sur les prises maritimes, etc., trad. par Poncet de la Grave ; Paris, 1758, 2 vol. in-12, seconde édition, augmentée de notes conformes à la législation actuelle, par Bonnemant ; Paris, 1802, 2 vol. in-12. B-g.


ABRIAL (André-Joseph, comte), pair de France, né la 19 mars 1750, à Annonay, vint achever ses études à Paris, au collège Louis le Grand. Peu de temps après, il fut reçu avocat au parlement, où il obtint des succès. Il s’éloigna du barreau lors de la révolution parlementaire opérée par le chancelier Maupeou, et se rendit au Sénégal, où il fut chargé de la gestion d’un de nos comptoirs. À la suite d’une maladie grave, il revint en Europe et reprit l’exercice de sa profession d’avocat. Lors de l’établissement des nouveaux tribunaux, en 1791, il entra en qualité de commissaire du roi au tribunal du sixième arrondissement de Paris, et dans la même année, il obtint le même emploi près le tribunal de cassation, où il succéda au célèbre Hérault de Séchelles. Il conserva cet emploi jusqu’en 1799, et sut par sa prudence se dérober aux orages de la révolution. On dit que Duport du Tertre, en quittant le ministère de la justice, lui en offrit le portefeuille, et qu’il le refusa ; fut-ce par modestie ou par peur ? le doute est bien permis, quand on sait le peu de courage qu’a montré Abrial. En 1800, il fut envoyé à Naples pour y organiser le gouvernement républicain. Il se lia alors, par un sentiment qui ne s’est éteint qu’avec lui, avec le maréchal Macdonald. « Il trouva, dit le comte Lemercier, dans la loyauté et le concours de ce grand capitaine, un tel appui pour opérer le bien, qu’a sa rentrée à Naples, le roi des Deux-Siciles rendit lui-même justice à l’administration du comte Abrial et maintint quelques-unes des améliorations qu’il avait introduites. » Au retour de cette mission, qu’il avait remplie avec sa prudence accoutumée, il rentra pour quelque temps au tribunal de cassation. Après la révolution du 18 brumaire, Bonaparte le nomma au ministère de la justice, en lui disant : « Je ne vous connais pas ; mais on m’a dit que vous êtes le plus honnête homme de la magistrature ; ainsi vous devez en avoir la première place. » Le nouveau ministre trouva l’administration de la justice dans une déplorable confusion, travailla diligemment à y rétablir l’ordre, et s’occupa sans relâche de la réorganisation des corps judiciaires. Il répondit à toutes les consultations des tribunaux qui, par l’absence de codes, flottaient perpétuellement dans de funestes incertitudes. Il sut habilement discerner entre les anciennes et les nouvelles lois, et donner à toute la justice de France une marche uniforme et sûre. Il prit une part active à la discussion des codes qui seront le monument le plus durable de la gloire de Napoléon comme de ceux qui y ont concouru. On doit dire à la louange d’Abrial qu’il contribua beaucoup aux radiations de la liste des émigrés, qui furent alors obtenues. En 1802, époque ou il quitta le ministère, il fut créé sénateur. Quelque temps après, il fut appelé à la sénatorerie de Grenoble, puis revêtu du titre de grand officier de la Légion d’honneur. Il appartint au conseil particulier du sénat, et à cette commission dérisoire, nommée pour protéger la liberté individuelle. Il fit constamment partie de cette majorité du sénat, qui, pendant quinze ans, ne sut pas refuser une loi d’oppression ou de fiscalité. En 1807, il fit un voyage dans le Dauphiné, ou il visita les fouilles du mons Seleucus et l’obélisque du mont Genèvre. En

  1. Rahakenius (Epist. p. 19) appelle Abresch proletarius scriptor. Parlant ailleurs (p. 33) du projet formé par Abresch de donner une édition de Nonius Marcellus, il dit : Abreschius à græcis scriptoribus obscurandis se ad latinae conscrit. Toup (Emend. 3, p. 160) s’exprime aussi avec mépris sur le compte d’Abresch., le principal mérite de ce savant est une grande lecture. (Voy. Brunck sur les sept Chefs devant Thèbes.) B-ES