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noyées dans une diffusion qui en rend la lecture très-pénible. Osorius et d’Olivet ont beaucoup profité de ce commentaire ; on en a détaché les analyses, qui sont plus estimées que le commentaire même, Pont-à-Mousson, in-4o, 1633. 2° Une édition de Virgile, avec des notes, in-8o. Rouen, 1633, 37, 48, 82 ; Pont-à-Mousson, 1633, et Toulouse, 1644 ; ouvrage plus estimé que le précédent, parce qu’il est plus précis, plus clair, et que l’auteur réussit assez à expliquer les endroits difficiles ; 3° des Questions théologiques, sous ce titre : Pharus Veteris Testamenti, Paris, in-fol., 1648 ; 4° un Commentaire sur la Paraphrase de St-Jean, en vers grecs, par Nonnus, que Simon met au-dessus de tous ses autres ouvrages ; 5° un traité latin de la Vérité et du Mensonge ; 6° un Abrégé des Rudiments de la langue hébraïque, en vers latins ; 7° l’Histoire (manuscrite) de l’Université de Pont-à-Mousson, en latin, où, dit Chevrier, entre une foule de traits intéressants, on trouve des petitesses capables de jeter du doute sur les faits les plus importants du reste de l’histoire. D. Calmet se proposait de la faire imprimer à la suite de sa Bibl. de Lorraine ; mais il en fut empêché par des personnes intéressées à ce que différentes particularités contenues dans cet ouvrage ne fussent pas rendues publiques. On trouve la liste de ses ouvrages dans Bayle, Sotvell (Bibliotheca Soc. J.), etc. N-l.


ABRANCHES (Alvarès d’), général portugais, l’un des chefs de la révolution qui fit passer la couronne à la maison de Bragance, en 1640, déploya l’étendard royal à Lisbonne, parcourut les rues de cette capitale en criant : « Vive don Juan IV, roi de Portugal ! » et ayant entraîné le peuple, assura le succès de la révolution. Nommé par le nouveau roi gouverneur de la province de Beira, il la mit en état de défense, rassembla des troupes, et conduisit une armée contre les Espagnols en 1643. Il obtint eux différents avantages, entra en Castille, prit et saccagea Zarca, Fontaine-Guinal, signala encores on zèle et sa valeur pendant plusieurs campagnes, et mourut estimé de ses compatriotes et de son souverain. B-p.


ABRANTES (don José de Sa Almeida e Manezes, marquis d’), issu d’une des familles les plus illustres du Portugal, naquit à Lisbonne, en 1782, et entra de bonne heure dans la carrière des armes. En 1807, lors du départ de la cour pour le Brésil, il resta en Portugal. Le prince régent, en quittant, son royaume, avait nommé pour le gouverner une régence dont le vieux marquis d’Abrantès, père de celui-ci, était président. Mais cette régence fut bientôt dissoute par Junot, lorsque ce général prit possession du pays au nom de l’empereur des Français. On ne peut plus douter aujourd’hui que, fier de la faveur de Napoléon et du titre de duc d’Abrantès que son maître lui avait conféré, Junot ne se soit aussi cru sérieusement destiné à porter une couronne et à fonder une dynastie. C’est évidemment dans cette vue qu’il flatta la nation portugaise, et que, par l’entremise du comte da Ega, ex-ambassadeur à Madrid, il fit prononcer la déchéance de la maison de Bragance dans une réunion à laquelle assistèrent les principaux hidalgos résidant à Lisbonne. Il fut même dressé, à cette occasion, un acte revêtu de nombreuses signatures, mais qui n’a jamais été publié. Junot décida ensuite les chefs de la noblesse à envoyer à Bayonne une députation pour complimenter Napoléon, obtenir de lui une réduction sur l’énorme contribution de cent millions imposée au Portugal par le décret de Milan, du 23 décembre 1807, et enfin lui demander un roi de son choix. Le jeune marquis d’Abrantés fut un des membres de cette députation ; et il adressa de Bayonne à Lisbonne, le 28 avril 1808, une lettre qui fait assez connaître les vues et l’esprit de la députation. Cette lettre étant arrivée à Lisbonne, Junot convoqua une réunion de nobles, de magistrats, présidée par le comte da Ega, qui rédigea une adresse à Napoléon, laquelle fut signée par tous les grands du royaume alors en Portugal, à l’exception du marquis das Minas, qui, seul de la noblesse, refusa sa signature. Voici un extrait de cette pièce : « Le représentant de V. M., le général en chef et toute son armée peuvent attester quel est l’esprit public de notre nation… Ils ont reconnu que nous professions tous envers V. M. les sentiments d’admiration, de respect et de reconnaissance que les intrigues, les insinuations des ennemis de notre tranquillité, et par-dessus tout le détestable exemple de nos voisins, n’ont fait que fortifier, en développant cet ancien, germe d’affection qui a toujours subsisté entre les deux nations française et portugaise. » De Bayonne, le marquis d’Abrantès se rendit à Paris, où il fut retenu comme otage, ainsi que son père ; et l’un et l’autre restèrent dans cette capitale jusqu’à la chute de Napoléon, en 1814. Pendant cette longue captivité, le jeune marquis suivit les cours d’agriculture de Thouin, et manifesta l’intention d’introduire de grandes améliorations dans l’exploitation de ses vastes domaines. De retour dans sa patrie, il parut s’occuper de ce soin, et fut nommé président d’une société d’agriculture. Promu au grade de colonel de cavalerie après l’arrivée de Jean VI, en 1821, il fit de vains efforts auprès de ce prince pour être élevé à la dignité de duc. Mécontent et fort opposé aux principes du gouvernement constitutionnel, il se lia intimement avec la reine Charlotte et l’infant don Miguel, dont il devint bientôt un des principaux confidents. Lorsque l’infante, dans les derniers jours de mai 1823, quitta Lisbonne pour aller se mettre à la tête des troupes qui devaient renverser la constitution, le marquis d’Abrantès fut un de ceux qui l’accompagnèrent ; et on le vit, lors de la rentrée de Jean VI dans la capitale (5 mai), ouvrir la marche à la tête d’une troupe de paysans de ses terres, armés de bâtons. À partir de cette époque, il voua une haine implacable au marquis de Loulé ; et l’on croit qu’il ne fut point étranger au complot qui amena la mort de cet ami du roi. Dés lors, le jeune d’Abrantés, que l’infant généralissime avait nommé son aide de camp, se montra un de ses plus zélés partisans, et prit une part très-active au mouvement du 30 avril 1824. Arrêté au moment où il cherchait à s’enfuir, le marquis d’Abrantés fut excepté du pardon accordé par le roi