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et réimprimé dans la même ville, et à Hanau, en 1709, et enfin à Amsterdam, en 1768. Dans l’édition donnée en 1584, on a fait des changements et retranchements par ordre de l’inquisition. Plusieurs parties de cet ouvrage, qu’Abrabanel écrivit à l’âge de vingt ans, ont été traduites en latin et publiées séparément. 2° Des Commentaires sur le Lévitique, le Deutéronome, les Prophètes, etc. 3° Huit Dissertations, qui ont été traduites de l’hébreu en latin, par Jean Buxtorf, et imprimées à Bâle, 1642, in-4o. On trouve dans le t. 2 du Trésor des antiquités sacrées de Blaise Hgolin, Venise, 1744, in-fol., des observations d’Abrabanel sur la structure du cadran solaire d’Achas, traduites de l’hébreu en latin, par J. Meyer. 4° Les Œuvres du Dieu (en hébreu), Venise, 1592, in-4o, ouvrage où l’auteur combat l’opinion d’Aristote sur la durée du monde. 5° Caput Fidei (en hébreu), Constantinople, 1506, in-4o, réimprimé à Venise en 1557, in-4o, Altenaviœ, 1750, in-4o. C’est un traité des articles de foi des juifs. Abrabanel était infatigable dans le travail ; il y passait les nuits entières, et pouvait jeûner fort longtemps. Il écrivait avec beaucoup de facilité ; et quoiqu’il traite avec le dernier emportement les chrétiens, qu’il regardait comme les auteurs de disgrâces, il vivait avec eux d’une manière civile et polie. « Abrabanel, dit Richard Simon, est celui de tous les rabbins dont on puisse le plus profiter pour l’intelligence de l’Écriture, bien qu’il soit trop étendu : sa méthode est cependant ennuyeuse, parce qu’il fait quantité de questions qu’il résout ensuite. D’ailleurs, il ne fait le plus souvent que raffiner sur les explications des autres rabbins, et il est, en plusieurs endroits ; trop subtil. » Il laissa trois fils, Juda, Joseph et Samuel. — Juda, qu’on nommait ordinairement maître Léon, exerça la médecine à Gênes, et publia en 1533 à Rome, des Dialogi d’Amore, sous le nom de Léon l’Hébreu. Dans l’une des traductions espagnoles, on appelle cet auteur mestre Léon Abarbanel. Denis Sauvage Duparc, et Pontus de Tyard, ont donné chacun une traduction française de cet ouvrage, qui au jugement de plusieurs écrivains, ne méritait pas cet honneur. B-p.


ABRADATE était roi de la Susiane, qui faisait alors partie de l’empire d’Assyrie ; s’étant brouillé avec son souverain, il l’abandonna pour passer du côté de Cyrus, à qui il rendit de grands services. Il fut tué dans un combat contre les Égyptiens. Son histoire et celle de Panthée, son épouse, sont le sujet d’un épisode touchant de la Cyropédie. C-r.


ABRAHAH, roi d’Yémen et d’Éthiopie bâtit à Ssanaa une église, pour y attirer les pelerins qui avaient coutume d’aller à la Mecque. Un homme de la nation des Kananiens vint, par mépris, déposer des ordures devant la porte de cet édifice. Abrahah jura de détruire la Kaabah, et marcha vers la Mecque, avec son armée montée sur des éléphants. Le sien, nommé Mahmoud, marchait en avant. Les écrivains arabes rapportent qu’au moment à l’on allait procéder à la démolition de la Kaabah, Dieu envoya contre cette armée des bandes nombreuses d’oiseaux gros comme des hirondelles, et venus du côté de la mer, qui lancèrent des pierres de terre cuite, qu’ils portaient à leur bec et dans chaque patte ; le Très-Haut anéantit chacun des soldats avec une pierre qui portait son nom ; elles étaient plus grosses qu’une lentille, et moindres qu’un pois ; elles brûlaient les casques, les hommes et les éléphants. Dieu lança un torrent qui emporta les cadavres dans la mer… Lorsque, Abrahah s’approchait de la Mecque, et qu’il voulait y entrer, l’éléphant qu’il montait se jetait à terre et s’endormait ; quand il essayait de marcher d’un autre côté, aussitôt l’éléphant se levait et y courait ; enfin, ce souverain retourna en Yémen, où il fut frappé de la main de Dieu ; ses membres se détachèrent. C’est dans ce triste état qu’il parvint jusqu’à Ssanaa, où il mourut. Le prophète a consigné cet événement, arrivé l’année même de sa naissance, dans la 105e surate du Coran, intitulée : Surate de l’éléphant, qui contient cinq miracles ou versets. Malgré le témoignage formel du livre saint, je partage le naïf embarras du B. P. Maracci : ce docte confesseur du pape Innocent II, qui vénérait trop les écrivains arabes pour rejeter une seule circonstance d’un fait défavorable même à la religion chrétienne (car Abrahah professait cette religion), ne doute pas que, dans cette circonstance comme dans beaucoup d’autres, les démons n’aient obtenu de Dieu même la permission d’outrager les temples et les simulacres sacrés : « Neque evro nocum et inauditum est… Sexcenta sunt hujus rei exempla, etc. » Refutationes in Alcoranum, p. 824, et Prodromus ad refutationes Alcorani, pars 2, cap. 4, p. 17. Au reste, l’expédition fabuleuse ou réelle d’Abrahah a donné lieu à une époque connue, parmi les chronologistes arabes, sous le nom de Tarykh-el-Fyl, époque de l’élephant. La 1re année de cette ère correspond à l’an 571 de l’ère vulgaire, à la 41e du règne de Khosrou-Nouchryrvan en Perse, à la 43e de l’empire des Éthiopiens en Arabie, à l’an 882 de l’ère d’Alexandre, et à l’an 1316 de celle de Bakht-Nassar ou Nabuchodonosor. Le prophète des musulmans naquit cette année-là. L-s.


ABRAHAM. Ce nom, auquel se rattachent l’histoire du peuple de Dieu, les promesses faites à ce peuple, et les merveilles opérées en sa faveur, tout, jusqu’aux grands mystères accomplis par le divin fondateur de la religion chrétienne, est celui du plus célèbre patriarche des Hébreux. Né à Ur, en Chaldée, environ 2,000 ans avant J.-C., Abraham descendait de Sem, fils aîné de Noé à la huitième génération. Il passa ses premières années dans la maison de son père Tharé, où il fut préservé de l’idolâtrie qui régnait dans sa famille. Docile à la voix de Dieu, qui, en lui faisant entrevoir ses hautes destinées, lui ordonna d’aller s’établir dans la terre de Chanaan, il partit avec son père, son épouse, son neveu, et fixa sa demeure à Haran, dans la Mésopotamie. Depuis la mort de Tharé, il ne cessa de mener une vie errante, autant pour se conformer aux ordres de Dieu que pour trouvé des pâturages commodes à ses nombreux troupeaux. On le vit successivement à Sichem, à Béthel, et dans le pays de Gérare, d’où