Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 9.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

54 CLÉ l’acte le plus célèbre de son pontificat, b destruction des ie’suites. Il voulut cepeudaut éviter tout reproche de précipitation et toute apparence d’aiiimosité, en pesant, disait-il, cette resolution au poids du sanctuaire. « Je » suis le père des fidèles, ajoutnjt-il, » et particulièrement des i-eligieux : » pour supprimer un tel ordre , il faut » des motifs qui nie justifient aux » yeux de Dieu et de la postérité. » On le vit occupé des recherches les plus exactes d.^ns les écrits et dans les archives qui pouvaient lui procurer des lumières et des documents sur cette fameuse société. De violentes réclamations s’élevèrent , moins encore de la part des parties intéressées que de la part de leurs amis j mais les sarcasmes qui se multipliaient tous les jours , des prédictions sinistres répandues, dès l’année 1770, par une paysanne de Valcntano, nommée Bemardina Benzi, des menaces contenues dans des écrits publics et dans des lettres anonymes, ne purent ébranler Ganganelli : il avançait lentement vers son but ; ce qu’il avait entrepris des 1770 ne fut entièrement terminé que le 21 juillet 1775, par le bref d’extinction daté de ce jour. La sécularisation des personnes , le séquestre des biens s’exécutèrent a ec peu de violence de la part de l’autoiité, et avec moins de résistance encore de la part des sujets supprimés j cependant, on arrêta et l’on enferma an château St.-Angc le P.Ricci , général des jésuites , qui n’avait eu d’autre tort que de refuser son consentementàranéantisscracnt de son ordre. Clément XIV, plus flexible qu’aucun de ses prédécesseurs, donna en celte occasion, aux puissances laïques, une pi"euve de condesccndai ce qu’il jugea nécessaire sur un point qui intéressait plus l’ordre politique que la dis-CLÉ cipline de l’Eglise ; et cette considé-. ration servirait toujours d’excuse à sa mémoiie , si elle en avait besoin auprès de la postérité. En accomplissant ce grand ouvrage , le pape ne put s’empêcher de témoigner des alarmes pour sa personne ; cependant, sa santé se soutint pendant plus de huit mois dans cet état de vigueur que la nature lui avait donné , et qui était entretenu par une vie simple et frugale. Ce fut dans les commencements d’avril 1 774 qu’il sentit les premières atteintes d’un mal qu’il ne regarda alors que comme une indisposition passagèie. Il ne s’occupa pas depuis celte époque avec moins d’ardeur de ses travaux journaliers. Une humeur acre , qui l’incommodait fréquemment en été, se trouva presque supprimée celte année. On eut de la peine à eo rétablir le cours. On y parvint néanmoins vers le commencement d’août ; mais, le mois suivant, les accidents se renouvelèrent, et des accès de fièvre continue, qui ne purent céder à des saignées réitérées , amenèrent enfin le moment où il termina sa carrière , le 22 septembre. Son médecin déclara hautement,après l’ouverlurc du corps, que la maladie ne provenait que d’un excès de travail et d’un mauvais ré-, gime ; cependant, beaucoup de gens s’obstinèrent à voir dans celle mort tous les signes d’un attentat. On ne fit aucune instruction juridique. On imprima des pamphlets pour accreV diler l’empoisonnement supposé du pape , dont on ne manqua pas de charger les jésuites. Ganganelli eut des vertus éniinentes, de la sagesse dans la conduite, de l’étendue, de la vivacité et de la pénétration dans l’esprit. Élevé, comme Sixte V, de la dernière obscurité à l’éclat du, trône, il ne s’y montra pas comme lui superbe cl inflexible. Personne